Metlaoui, cité ouvrière au cœur du bassin minier tunisien, abrite un joyau ferroviaire en sommeil : le Lézard rouge. Ce train touristique, véritable ambassadeur d’une époque révolue, est aujourd’hui à l’arrêt, privé de ses voyageurs et des paysages grandioses qu’il leur offrait. Il a contribué à faire découvrir le Far West tunisien aux visiteurs locaux et étrangers, mais a subi plusieurs mésaventures.
Que le Québécois François Péloquin, le producteur de la célèbre émission, nous excuse pour lui avoir emprunté le titre (un train pas comme les autres), le Lézard rouge est un train touristique, qui serpente les gorges de Shelja sur un parcours de 43 km, pour apprécier la beauté d’un canyon digne d’un «Far West», qui a ensorcelé les producteurs des films western, pour ne citer que Sergio Leone.
Un patrimoine à préserver
Le Lézard rouge a vu le jour en 1910, dans les ateliers Rouvain, par la société Dyle & Bacalan. Il faut remonter à 1922 pour voir ce train adapté au réseau tunisien. Longtemps utilisé par le Bey de Tunisie pour ses randonnées dans la banlieue de la capitale, il est devenu une icône d’un tourisme unique dans le genre et qui laisse pantois les visiteurs. Il fut remis en service en 1984 sur le tronçon Métlaoui- Redeyef, au grand bonheur des touristes venus de tous bords.
Le Lézard rouge a vu le jour en 1910, dans les ateliers Rouvain, par la société Dyle & Bacalan. Il faut remonter à 1922 pour voir ce train adapté au réseau tunisien. Longtemps utilisé par le Bey de Tunisie pour ses randonnées dans la banlieue de la capitale, il est devenu une icône d’un tourisme unique dans le genre et qui laisse pantois les visiteurs.
Délaissé et ignoré par les décideurs, le Lézard rouge a perdu de sa splendeur, et les pluies torrentielles déversées en 2017 ont eu l’effet d’un coup de massue à l’activité touristique dans la région, en immobilisant la machine à la gare de Métlaoui, à un moment où la ville œuvrait pour décrocher le label de municipalité touristique. Maintenant que le trafic ferroviaire est rétabli sur ce tronçon, pour le transport du phosphate et récemment les voyageurs, qu’en est-il de l’activité exploratrice et touristique du Lézard rouge ?
Ce joyau est condamné à une léthargie qui perdure depuis 8 ans. Chokri Brahmi, membre actif de la société civile, apporte son témoignage : «Ce Lézard rouge a perdu de sa verve depuis des années, à cause de la nonchalance des responsables, qui l’ont contraint à une retraite forcée et prolongée. Ces dernières années, la société civile s’est démenée dans tous les sens pour réactiver ce train et lui rendre âme, mais en vain». Et de poursuivre sur sa lancée, «l’association de sauvegarde du patrimoine minier et les scouts tunisiens se sont mêlés à la bataille. Une campagne de sensibilisation fut lancée en juillet 2019 (Save my train), pour collecter des signatures, visant 5.000 signataires virtuels pour les présenter au ministère du Tourisme, dans le but de restaurer ce joyau et l’inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco». Certes, ces initiatives ont, semble-t-il, bousculé cette situation d’inertie avec l’intervention des autorités locales, qui ont mis les pieds dans le plat, avec la complicité de la Sncft pour transférer le train aux ateliers centraux de la société à Djebel Jloud et procéder aux réparations et restaurations nécessaires.
Un appel à la mobilisation
Mais l’attente est longue, et rien n’augure un retour à la normale. Selon une source fiable, les pièces de rechange, spécifiques et rares, sont extrêmement coûteuses, rendant difficile la remise en service de ce train, du moins pour le moment, même si des appels d’offres ont été lancés pour l’acquisition de ces pièces. Face à cet imbroglio, il est urgent de se mobiliser pour sauver le Lézard rouge. C’est un enjeu économique et social majeur. En effet, le tourisme ferroviaire peut générer des revenus importants pour la région, créer des emplois et dynamiser un tourisme de montagne qui possède déjà les bases. De plus, la restauration de ce patrimoine ferroviaire contribuera à renforcer l’identité de cette région minière et valoriser son histoire, pour voyager dans le temps et l’espace sur les traces de Philippe Thomas, parti en 1886 à la découverte des gisements de phosphate.