Accueil A la une Entrée en vigueur du Macf en 2026: Quel compromis avec l’UE pour adoucir ses conséquences ? 

Entrée en vigueur du Macf en 2026: Quel compromis avec l’UE pour adoucir ses conséquences ? 

N’y allant pas par quatre chemins, le ministre du Commerce et du Développement des exportations, Samir Abid, n’a pas hésité à faire part des appréhensions de la Tunisie, quant au Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, imposé par l’Union européenne. Devant entrer en vigueur en 2026, cette nouvelle réglementation pourrait, selon le ministre, avoir des répercussions sur la compétitivité de l’économie nationale. Il appelle de ses vœux une approche européenne plus souple et surtout participative dans l’application de cette réglementation de façon à prendre en considération la fragilité du tissu industriel tunisien.


C’est lors d’un atelier de formation sur le calcul de l’empreinte carbone, organisé conjointement par le ministère du Commerce et la Banque Européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), que le ministre Samir Abid a évoqué les répercussions économiques possibles du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (Macf), instauré par l’Union européenne sur les entreprises installées en Tunisie.  En effet, en vertu de ce mécanisme, les exportations tunisiennes dans les secteurs du ciment, des engrais chimiques, du fer et de l’aluminium vont être soumises à des taxes supplémentaires si leurs empreintes carbone dépassent celles des produits similaires fabriqués dans l’espace européen. 

Des difficultés pouvant impacter l’économie

D’après Abid, cette nouvelle réglementation ne va pas être sans conséquences sur le tissu industriel tunisien, puisque l’Union européenne, accaparant plus de 70% des exportations tunisiennes, est le premier partenaire économique et commercial du pays. 

Evoquant les relations économiques qui lient la Tunisie et l’Europe, le ministre a affirmé que ce partenariat a contribué à la diversification de l’économie tunisienne et a permis de renforcer la compétitivité des industries locales et de créer de nombreux postes d’emplois. Cependant, les objectifs atteints dans le cadre de ce partenariat n’ont pas permis de surmonter les défis auxquels il est exposé, affirme-t-il. «Le monde est en train de connaître, depuis des années, des changements radicaux qui ont impacté le mouvement du commerce et de l’investissement. 

Face aux écarts des critères économiques et sociaux entre la Tunisie et l’Union européenne, notre pays a besoin de renforcer ses politiques, notamment dans les secteurs de l’infrastructure, la transition numérique et la transition énergétique afin de consolider sa compétitivité et de réaliser son intégration économique», a-t-il martelé. Abid a, dans ce contexte, ajouté que pour ces raisons-là, la Tunisie œuvre à renforcer ses relations avec son partenaire européen et à ouvrir de nouvelles opportunités de coopération particulièrement dans les domaines de l’économie verte, la transition énergétique et du développement durable. «Si le Macf constitue un instrument économique puissant de lutte contre le changement économique visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à encourager les entreprises à recourir aux énergies propres, et ce, à travers l’instauration de taxes appliquées sur chaque tonne de CO2 émis, son application va provoquer des difficultés pouvant impacter l’économie d’une manière générale. Car l’instauration de taxes supplémentaires va alourdir les coûts de production d’autant plus que ces dernières ont été imposées unilatéralement en dehors d’accords multilatéraux», a affirmé Abid.  Selon le ministre, l’application de ce mécanisme aux exportations tunisiennes nécessite une meilleure concertation entre les deux parties et d’une manière générale entre les Etats, car le changement climatique est une problématique qui touche toute la planète. Les pays en voie de développement peuvent voir dans ce mécanisme un obstacle à leur développement économique, notamment en raison de leur incapacité de réaliser — contrairement aux pays développés — une transition accélérée et rapide vers les énergies propres. 

Des partenariats avec les pays émergents et africains

«En dépit de tous ces défis, la Tunisie œuvre à renforcer le poids des énergies renouvelables dans l’économie nationale. En contrepartie, les entreprises tunisiennes sont appelées à faire preuve d’innovation et à travailler sur le transfert du savoir et des technologies dans un souci d’adaptation aux nouvelles exigences du marché européen et international», a ajouté le responsable.  

D’après ses dires, la Tunisie qui veille à renforcer ses liens économiques avec l’Union européenne vise à adopter une nouvelle orientation stratégique traduisant sa volonté de mettre sur pied des partenariats économiques et commerciaux avec les pays émergents et africains. Des partenariats qui ouvrent, selon ses propos, de nouvelles perspectives contribuant au décollage économique du pays. «Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières peut être un instrument efficace de lutte contre le changement climatique mais son application nécessite une approche novatrice qui permet de surmonter les difficultés qui en découlent», a-t-il conclu.  De son côté, Zakaria Louati, directeur du programme d’appui aux PME à la Berd, a souligné, que l’appui de la banque à la transition verte de l’économie tunisienne prend plusieurs formes. Tout d’abord, au niveau réglementaire, la Berd continue d’accompagner les réformes législatives relatives à la transition énergétique et dont les résultats commencent à se faire sentir avec l’accélération des investissements dans ce secteur.

Ensuite, sur le plan financier, la banque met à disposition des PME des lignes de financement pour les accompagner dans la mise en place de politiques écologiques. Enfin, Louati a affirmé que la banque continue de fournir l’appui technique nécessaire aux PME pour les aider à réussir leur transition, soulignant que cet atelier de formation sur le calcul de l’empreinte carbone figure parmi les actions de la banque dans ce domaine. Il a indiqué que, depuis son implantation en Tunisie en 2012, plus de 1.900 PME ont pu bénéficier du soutien technique de la Berd, et ce, dans le cadre de plusieurs programmes d’appui à la transition énergétique des entreprises. 

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