
L’application, après toute une démarche, d’une amende de 150 D à l’encontre des taximen récalcitrants ne semble pas dissuasive. Aussi, faut-il leur exiger davantage de rigueur, étant donné qu’ils commettent de nombreux abus sur les routes : circulation prolongée en mode «hors-service», statut «libre» sans s’arrêter à l’appel, le client est totalement désemparé.
L’appel semble, cette fois-ci, n’être pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Lotfi Riahi, président de l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur (Otic), avait appelé à interdire temporairement l’usage des applications de taxis en Tunisie.
En effet, comme première mesure, l’Etat tunisien, conscient du pourrissement de la relation entre le taxi et son client, a pris la peine de durcir les conditions de travail de ces taximen fauteurs de troubles. Une mesure ancienne, mais fermement rappelée : tout chauffeur de taxi récalcitrant qui ne veut pas transporter un client sera passible d’une amende de 150 D. Beaucoup de griefs leur sont reprochés, notamment des comportements répréhensibles envers la clientèle, comme ce fut, récemment, le cas d’un chauffeur de taxi, du côté de Gammarth, qui n’a pas hésité à molester de jeunes filles insistantes, sans les transporter au final.
Des tarifs vertigineux
Mais ce n’est pas tout, puisqu’il va falloir remédier à de nombreux autres abus quotidiens. Notamment ceux provenant des applications de mobilité de taxis de plus en plus décriées. Un taximan appelant à une réforme du secteur a proposé de scinder l’activité des taxis en deux groupes, ceux qui sont pour le travail sans application et d’autres favorables au recours à la technologie. En attendant, les tarifs s’envolent, sans crier gare ! S’agissant des rapports taxi-client, le président de l’Otic ne fait pas dans la demi-mesure : «On doit entrevoir les moyens de mettre fin à l’anarchie. Actuellement, on doit agir contre l’utilisation des applications de mobilité pour pouvoir prendre un ensemble de mesures dans l’intérêt des deux parties, soit le client et le taxi». Ceci étant, à l’en croire, parce que le taxi est devenu excessivement cher. «Il y a deux types de clientèle, l’une qui peut recourir aux applications et l’autre qui ne peut pas recourir à ce service payant, en restant à attendre vainement un taxi. Il faut prendre des décisions dans l’intérêt commun de tout le monde», tranche-t-il.
L’on se demande s’il était envisageable et judicieux de mettre en place deux groupes de taxi sur le circuit, avec et sans recours exclusif à l’application de mobilité en optant pour les taxis-compteurs. «Il est dérisoire que l’on se rabatte, faute de mieux, sur un système des applications Internet qui s’avère beaucoup plus cher que le prix de la course habituelle. D’autant plus qu’il n’est pas légalement acceptable qu’un taximan refuse d’obtempérer à l’appel du client. Il faut clairement mettre fin ou suspendre ces applications jusqu’à ce qu’on trouve une solution consensuelle», réplique M. Riahi. Il a estimé que le succès de l’application de mobilité est dû à la facilité en termes de mobilité pour le consommateur et le gain de temps pour le taxi, mais pas pour créer un climat de surenchères des tarifs de transport, où les prix dépassent tout entendement.
Dénoncer les abus
L’amende pécuniaire ou le PV collé au taximan récalcitrant ne sont pas une nouveauté, mais ils reviennent au goût du jour avec les abus qui n’en finissent plus. Il y a un centre où l’on peut déposer une plainte au quartier d’El Menzah VI (Ariana). Et il ne faudrait surtout pas hésiter à dénoncer de tels comportements abusifs. Il s’agit, là, d’une question de changer la donne et remettre de l’ordre dans le secteur.
Ce climat de services demeure délétère, dans la mesure où l’on n’a plus facilement accès à des moyens du transport en commun fiables et adéquats. La coupe étant, alors, pleine, vu que le salaire moyen du Tunisien est de plus en plus modeste. «En payant 30D un taxi, sa journée de travail part en fumée», souligne M. Riahi, estimant que cela va même affecter les étudiants qui doivent faire de longs trajets parfois pour une seule heure de cours. Le branle-bas de combat continue désespérément. Mettre fin à cette hémorragie est le grand souci. Parce que les choses ne font qu’empirer avec des surenchères interminables, dans la mesure où le Tunisien ne trouve pas son compte dans le transport aussi bien public que privé.