Accueil Culture William Marx à l’Alliance française de Tunis : «Vivre dans la bibliothèque du monde»

William Marx à l’Alliance française de Tunis : «Vivre dans la bibliothèque du monde»

Lauréat de l’Académie française et professeur au prestigieux Collège de France, William Marx a enseigné la littérature aux États-Unis, au Japon et dans plusieurs universités françaises, notamment à la Sorbonne. Il est célèbre pour ses conférences autour du thème «Vivre dans la bibliothèque du monde».

L’Alliance française de Tunis a, reçu, le 13 novembre, l’écrivain et historien de la littérature français William Marx. Cette rencontre ouverte au public rentre dans le cadre du forum culturel bimensuel « La Fabrique des Arts », en présence d’universitaires et de passionnés de  la littérature qui interagissent directement avec l’invité.

Lauréat de l’Académie française et professeur au prestigieux Collège de France, William Marx a enseigné la littérature aux États-Unis, au Japon et dans plusieurs universités françaises, notamment à la Sorbonne. Il est célèbre pour ses conférences autour du thème « Vivre dans la bibliothèque du monde».

Pour simplifier le concept, cette notion s’oppose à la «littérature mondiale née à l’aube de la capitalisation moderne». L’écrivain défend une façon d’envisager les textes sur un pied d’égalité, indépendamment des effets du marché et de la commercialisation. Les meilleurs livres ne sont forcément pas les plus célèbres ni encore les bestsellers. «Ce n’est pas ce qui est présenté au premier plan et le plus lu qui est le meilleur», indique-t-il. «Il faut, au contraire, faire l’effort d’aller vers les autres, vers l’étranger, vers le lointain, vers ce qui est différent de nous».

Ainsi, William Marx a continué en expliquant qu’il faut avoir la curiosité de découvrir les textes qui sont dans toutes les bibliothèques du monde, écrits par des auteurs dont on n’a jamais entendu parler. Cette littérature, qui nous donne d’autres yeux de gens à des dizaines de milliers de kilomètres ou qui ont existé il y a des siècles, nous aide à constituer notre «bibliothèque mentale». «Le monde n’a jamais été aussi à notre disposition», selon l’écrivain français, en parlant des moteurs de recherche et des bibliothèques numériques gratuites. «Il faut sortir de ce que nous connaissons pour évoluer, faire l’effort d’aller vers les gens qui ne pensent pas comme nous au lieu de se fier aux articles de commerce», poursuit-il en faisant allusion aux ouvrages qui se vendent en grand nombre sans aucune garantie de qualité. Ce qu’il propose par contre, c’est lire les journaux pour découvrir d’autres centres d’intérêt auxquels on n’a pas pensé auparavant. Les journaux en langues étrangères particulièrement nous donnent accès aux points de vue de différents pays sur les événements. En contrepartie, «les réseaux sociaux, par leurs algorithmes, renvoient les gens à leurs propres obsessions». En comptant sur ces applications, on n’est jamais face à l’altérité. Or, selon William Marx, «Le monde est déstabilisant avec de plus en plus de gens qui ne pensent pas comme nous», continue-t-il. «Il faut se confronter à cette différence à travers la littérature».

Les œuvres artistiques et littéraires représentent les cultures dont elles émanent, aussi lointaines qu’elles soient. Mais, en dehors de l’intérêt anthropologique, elles ont également une sorte d’autonomie qui leur permet de se détacher de l’écrivain pour nous parler aujourd’hui. L’exemple que William Marx a donné est Don Quichotte de Miguel de Cervantes. En effet, cette idée d’enchanter le monde par sa propre imagination fait sens avec les casques de réalité virtuelle d’aujourd’hui qui nous transportent dans un autre monde par notre propre esprit. Il y a donc des écrits  de la condition humaine où se révèle l’emblème même de l’énergie créatrice et qui transmettent des idées différentes à chaque époque. La traduction fait passer l’essentiel des potentialités de ces textes qui valent pour tous les temps.

Ce qu’il faut donc retenir, c’est surtout cette idée de se détacher de la notion de littérature mondiale qui tend à niveler les œuvres au service d’une approche consumériste et commerciale. De plus, on a intérêt à délaisser les réseaux sociaux au profit des journaux et des vrais textes porteurs d’idées hétérogènes. Le livre est plus qu’un bien de consommation. Il doit agir en profondeur et nous aider à découvrir notre propre singularité ainsi que d’autres conceptions du monde et à supprimer les jugements. C’est l’objectif essentiel de «vivre dans la bibliothèque du monde», afin de devenir plus grand que soi et changer sa vie le temps de comprendre l’œuvre.

Charger plus d'articles
Charger plus par Amal BOU OUNI
Charger plus dans Culture

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *