Des millions de dinars et autres montants en devises ont été versés à des joueurs et à des entraîneurs sur fond de corruption, copinage et abus de confiance. On ne peut plus continuer avec ce folklore «juridique» qui tue les clubs.
Tous nos clubs (tous, sans exception) sont concernés par des litiges locaux et internationaux devant la Fifa et le TAS, entre autres, pour salaires et primes impayés à des joueurs et à des entraîneurs tunisiens et étrangers. Ce nombre colossal d’affaires a atteint un niveau incroyable, ces cinq dernières années, avec une énorme masse financière dilapidée sur des petits joueurs et des entraîneurs ratés qui, en vertu de contrats blindés, ont pu gagner beaucoup d’argent, plus qu’ils ne le valent ou qu’il ne le méritent. Des centaines de milliers et des millions en devises sont expatriés pour payer les impayés de nos «grands» clubs, au moment où l’économie tunisienne a besoin de ses devises pour d’autres affectations. Et à la base de toutes ces crises ravageuses qui ont secoué maints clubs et risquent d’anéantir le football tunisien, ces fameux contrats signés. Ce ne sont pas de simples contrats à vrai dire, ce sont des contrats minés, de véritables documents en apparence légaux, mais quand on les examine, ils sont limite illégaux, immoraux. Aucune protection pour le club, et plein d’avantages pour l’entraîneur, pour le joueur et bien sûr pour l’agent ou l’intermédiaire, celui qui tire les ficelles. La plupart des contrats déposés à la FTF ne reflètent pas la situation et la valeur réelle de ces joueurs ou entraîneurs, et, le plus important (le plus grave), ne vont pas en harmonie avec les critères d’équilibre financier, tels que le budget du club, ses dettes… Le contrat déposé fait foi, étant donné que ses clauses ont été négociées et parafées en plein consentement, mais ceci ne veut pas dire que c’est complètement légal, sachant que les détails que l’on met dans ces clauses-pièges servent toujours le joueur et son agent (l’entraîneur et son agent) et non le club. Et finalement, un agent intelligent, et bien introduit dans un club, va-t-il refuser un contrat juteux et qui défavorise le club? Il est là pour défendre les intérêts de son joueur ou de son entraîneur, et il fait tout pour maximiser les avantages négociés, et n’a rien à cirer de ce que le club court comme risques. Qui rédige ces contrats?
Qui les négocie ? Qui en assume les conséquences ? C’est bien sûr le club et celui qui le représente. Et c’est là le cœur du problème. Faute de cadre juridique qui réglemente les clauses et les avantages (intervalles de salaires, primes et bonus plafonnés…), et surtout avec ce laxisme de la FTF qui n’ose pas appliquer la loi sur les clubs aux déficits élevés et qui ne respectent pas les règles de la transparence et de rigueur énoncées (sur le papier hélas), le naufrage de ces clubs va continuer. La manière dont ces contrats sont rédigés et ce qui se fait pour en arriver là (pots-de-vin versés aux dirigeants, réseaux organisés par des agents puissants et où il y a des dirigeants-amis, des émissions et des chroniqueurs qui font monter la cote d’un joueur selon les intérêts de ces agents), c’est quelque chose de dramatique. Et tout est masqué et soigné par des astuces juridiques bien ficelées.
Jelaïel, Benzarti, Nafti et Yaâkoubi…
Un des cas qui résument ce «cirque» sur notre football, ce qui s’est passé en sélection. En quelques mois, des contrats imposés par Wassef Jelaïel, ex-président de la FTF (dont le mandat a expiré), qui, pour assouvir ses prétentions «électoralistes» et son ego, engage la FTF, déjà sous-tutelle de la Fifa et incapable de tenir des élections, dans des contrats dont rien n’a filtré. Il choisit Faouzi Benzarti et Mehdi Nafti et un staff qui, a priori, a des contrats en bonne et due forme. Et il le fait en pensant que ça va lui permettra d’avoir la confiance de la Fifa et puis des clubs. Sauf qu’entretemps, Faouzi Benzarti, aussi obstiné et imbu de sa personne, refuse de collaborer avec Mehdi Nafti! Et ce dernier monte au créneau et, via son avocat qui a blindé le contrat de son client, va au TAS et réclame la totalité des avantages mentionnés dans le contrat. Et puis, Benzarti ramène Kaïs Yaâkoubi et l’impose en le présentant à la conférence de presse (sachant qu’ils ont tous les deux le même agent, membre de la famille de Benzarti!).
Maintenant, Benzarti s’en est allé et heureusement que Kamel Idir a pu limiter les dégâts en obtenant une séparation à l’amiable. Et pour Yaâkoubi et les autres membres du staff qui vont, bien sûr, s’attacher à leurs contrats?
Il y a encore 4 mois au moins avant l’arrivée d’un nouveau bureau fédéral. Qu’est-ce qui va se passer? Ces gens vont être encore payés alors qu’ils ne vont pas rester vraisemblablement après les élections? Qui va assumer tous ces dégâts et ces charges colossales pour une fédération tourmentée et manquant de moyens? Une chose est sûre, ces contrats, tels qu’ils se font en ce moment, sont une bombe à retardement.