La saison agricole actuelle s’annonce désastreuse pour les producteurs et commerçants de dattes de Tamaghza, dans le gouvernorat de Tozeur.
Près de 90 % des dattes issues des oasis de la région ont été déclarées endommagées, selon des témoignages recueillis auprès des acteurs locaux.
En cause : des pluies torrentielles enregistrées en octobre dernier, couplées à l’impossibilité pour les agriculteurs de protéger leurs récoltes.
Hassan Lamouchi, président de l’Union locale de l’agriculture et de la pêche de Tamaghza, a expliqué que les fortes précipitations ont saturé les régimes de dattes, transformant une grande partie de la production en produits impropres à la consommation humaine. “De nombreuses dattes pourries se sont détachées des régimes, dégageant des odeurs nauséabondes. Dans certains cas, même les animaux ne peuvent les consommer”, a-t-il déploré.
Certains agriculteurs ont dû se résoudre à détruire leurs récoltes pour éviter des nuisances.
Les commerçants, qui achètent généralement les récoltes directement sur les palmiers dès le début du mois d’octobre, figurent également parmi les principales victimes de cette crise. Environ 80 % de la production avait déjà été acquise avant les pluies, plongeant ces acheteurs dans des difficultés financières. “Ils ne peuvent plus honorer les paiements dus aux agriculteurs”, a précisé Hassan Lamouchi.
De son côté, Karim Ben Chebâane, représentant de l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche, a confirmé que seuls 10 % de la récolte sont encore commercialisables. Il a appelé les autorités compétentes à indemniser les agriculteurs et les commerçants touchés, tout en soulignant l’urgence d’une stratégie pour protéger le système des oasis des aléas climatiques.
Pour Monji Al-Azhari, commerçant et collecteur de dattes, cette crise souligne la nécessité de changer les pratiques. “Acheter les récoltes avant leur maturation complète, comme cela se fait en août, septembre et octobre, expose les producteurs et collecteurs à de gros risques. Il faut réfléchir à de nouvelles pratiques pour protéger la production”, a-t-il recommandé.
À court terme, il propose une distribution urgente de moustiquaires pour protéger les régimes de dattes des prochaines intempéries.
Les acteurs locaux s’accordent sur un constat : la filière des dattes de Tamaghza est menacée par les changements climatiques. Ils appellent les autorités à adopter des mesures structurelles, notamment des outils pour protéger les régimes (comme des filets ou emballages), et à anticiper les conséquences des précipitations intenses ou des vagues de chaleur.
Si rien n’est fait, les oasis, pilier économique et social de la région, risquent un effondrement.