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Économie bas carbone : La transition énergétique est en bonne voie

Face à un déficit énergétique croissant, la Tunisie accélère sa transition énergétique : entre multiplication des réformes et émergence de nouvelles opportunités pour les entreprises, le pays est déterminé à atteindre ses objectifs en matière d’énergies propres et se prépare à devenir un acteur majeur de l’énergie verte en Méditerranée. Avec les nouvelles mesures prises pour simplifier le régime d’autoproduction et celui des autorisations, les entreprises n’ont plus qu’à franchir le pas et jouer le jeu.

Dans le contexte tunisien, la transition énergétique ne consiste pas uniquement en une priorité environnementale. Bien au-delà, il s’agit d’une urgence économique. Et le gouvernement, vu le déficit énergétique qui s’est creusé au fil des années, mise énormément sur cette transformation pour recouvrir son autosuffisance énergétique.

C’est pourquoi il est en train de multiplier les efforts pour accélérer une transition qui n’a fait que trop tardé au cours des deux dernières décennies au moment où la Tunisie en avait le plus besoin. Aujourd’hui, plusieurs réformes ont été entamées pour accélérer sa cadence et la balle est désormais dans le camp des entreprises qui peuvent y investir pour en récolter les fruits sur le moyen terme.

Un code pour organiser le secteur des énergies

Un nouveau code des énergies renouvelables, un assouplissement des textes réglementaires régissant la production de l’électricité propre, la mise en place d’un régulateur indépendant de l’électricité…, le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie est sur tous les fronts pour atteindre l’objectif de 35 % en énergies renouvelables dans le mix énergétique en 2030. « Nous sommes actuellement en train de travailler sur un nouveau code qui s’appelle le code des énergies renouvelables. A travers ce code, on ne vise pas la complexification des textes en vigueur. Bien au contraire, notre objectif est de simplifier et de rassembler tous les textes existants dans un seul code unique qui comprend les régimes des autorisations et de l’autoproduction », a annoncé le secrétaire d’Etat chargé de la transition énergétique, Ouael Chouchen, dans son allocution à l’occasion de l’ouverture de la deuxième édition du sommet africain ESG, organisé, récemment, par le Managers Magazine. Le responsable a ajouté, dans le même sillage, que les régimes d’autoproduction et des autorisations ont été, dernièrement, simplifiés, pour encourager l’entreprise tunisienne à investir dans les énergies renouvelables et contribuer, de ce fait, aux efforts nationaux de décarbonation de l’économie tunisienne. Il a affirmé que ces efforts de simplification se sont rapidement traduits par un regain d’intérêt des entreprises envers les énergies propres.

Les entreprises de plus en plus conscientes des enjeux de durabilité 

La suppression des appels d’offres pour les projets de capacité entre 1 et 10 mégawatts ainsi que la fixation du tarif de vente de l’électricité à la Steg, sont des mesures qui ont permis d’inciter les entreprises à franchir le pas et lancer des projets de transition verte. « En l’espace d’un mois, on a reçu une cinquantaine de demandes de nouveaux projets. Ceci souligne l’intérêt, l’engagement et l’engouement qu’on est en train d’observer chez les acteurs économiques tunisiens, mais aussi les investisseurs étrangers, pour cette démarche de transition énergétique tunisienne », a indiqué le responsable.

Chouchen a ajouté qu’outre les régimes de production, le code des énergies renouvelables va également organiser l’exportation de l’électricité. Si le pays est aujourd’hui énergétiquement déficitaire (58% de déficit énergétique), l’objectif d’être un net exportateur d’électricité n’est pas un rêve lointain, explique le secrétaire d’Etat. « Le projet ElMed, qui est l’interconnexion électrique entre la Tunisie et l’Italie, vise à promouvoir justement ces échanges d’énergie avec les pays européens », a-t-il précisé. Par ailleurs, le code des énergies renouvelables  va consacrer également tout un chapitre à l’hydrogène vert pour introduire un cadre réglementaire spécifique à sa production, à son utilisation ainsi qu’à son exportation. « On vient de commencer le travail. Ce sera un travail participatif qui va impliquer tout le tissu économique qui, en réalité, fait partie intégrante de cette transition », a-t-elle affirmé.

Les critères ESG façonnent l’avenir des entreprises 

Évoquant la nouvelle notion ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) qui préoccupe aujourd’hui une grande part des acteurs économiques, le secrétaire d’Etat a précisé que cette dernière traduit  une ambition collective et universelle au cœur de la communauté internationale. « L’ESG n’est plus un simple concept. Il devient un pilier d’un modèle économique de développement qui concilie croissance, inclusion sociale et surtout respect de l’environnement », a-t-il noté.

Pour le responsable, l’introduction de l’ESG comme critères de performance des entreprises  vient en réponse aux défis globaux urgents que sont le changement climatique et la croissance des inégalités sociales. « L’ESG représente, aujourd’hui, un facteur pour la prise de décision. Les éléments environnementaux, sociaux et de gouvernance sont devenus,  actuellement, pour le décideur, l’investisseur et le financier, des enjeux aussi importants que les facteurs de rentabilité financière, de viabilité économique d’un projet ou d’un pays », a-t-il poursuivi.

Le secrétaire d’Etat a expliqué, dans ce contexte, que tout l’enjeu réside dans la transformation de ce défi en opportunités. D’après ses dires, plusieurs entreprises industrielles et dans le secteur des services, conscientes de ces nouveaux challenges, ont déjà commencé l’implémentation des politiques ESG. « L’ESG permet de renforcer l’attrait des entreprises et d’accélérer les investissements et les financements responsables. Il offre aussi maintenant des avantages concurrentiels, pas seulement en Tunisie, mais surtout à l’international. Il permet de créer des emplois durables et de renforcer la résilience économique de nos entreprises et de notre tissu économique. Il améliore la transparence de l’information et donc permet une meilleure prise de décision. Et enfin, l’ESG permet surtout de contribuer aux efforts et aux objectifs de développement durable », a détaillé Chouchen.

Il a ajouté, en somme, que la Tunisie, à travers la transition énergétique qu’elle a entamée et qu’elle est en train d’accélérer, encourage les entreprises à emprunter cette nouvelle voie écologique, qui, au-delà de la nécessité environnementale, leur offre une opportunité économique.   Il a, par ailleurs, ajouté que la réduction de la demande d’énergie par les acteurs économiques, à hauteur de 3,6 % par an, figure parmi les principaux objectifs de cette stratégie. L’électrification des usages à travers notamment l’utilisation de la voiture électrique, devrait, in fine, contribuer à la décarbonation de l’économie tunisienne.

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