Accueil Economie Aida Robbana, Cheffe du bureau ONU Habitat en Tunisie à La Presse:  «Les systèmes de veille sont indispensables dans nos villes»

Aida Robbana, Cheffe du bureau ONU Habitat en Tunisie à La Presse:  «Les systèmes de veille sont indispensables dans nos villes»

Inondations, montée des eaux, fortes chaleurs : les villes tunisiennes sont en première ligne face aux impacts du changement climatique. Alors que la transition écologique devient incontournable, comment repenser l’aménagement urbain et encourager des solutions durables pour répondre aux défis environnementaux et préserver l’avenir des citoyens ?

Nous avons rencontré Aida Robbana, Cheffe du bureau ONU Habitat en Tunisie, en marge de la 3e édition des « Inno’Preneurs Days », qui s’est tenue récemment à Hammamet, pour de plus amples éclairages sur ces questions et bien d’autres.


 

Vous avez parlé de la transition écologique et de ses impacts sur les villes tunisiennes. Pourquoi est-il important pour les entrepreneurs de prendre en compte ces enjeux ?

Notre présence aux « Inno’Preneurs Days » permet aux entrepreneurs de porter un nouveau regard sur la manière de concevoir leurs projets. Nous les invitons à comprendre leur environnement et leur monde de façon plus concrète, à identifier les difficultés qu’ils peuvent rencontrer, mais aussi à saisir les opportunités qui émergent des crises. En effet, parfois, en l’absence de crises, il est difficile d’envisager les opportunités et les solutions. Lors de mon intervention aux « Inno’Preneurs Days », j’ai voulu encourager les jeunes à développer cette réflexion. J’ai d’abord montré les effets de la transition écologique sur les villes tunisiennes et présenté les solutions possibles, déjà mises en œuvre par de nombreuses institutions. Les premières solutions envisageables sont souvent les plus logiques, comme continuer à planter et à développer la construction durable. Il s’agit également d’encourager l’entrepreneuriat durable pour réduire l’empreinte carbone, qu’il s’agisse de celle des citoyens, des entreprises, des zones industrielles ou des villes. Il est important de noter, qu’à ce jour, nous ne sommes pas encore parvenus à assurer pleinement cette transition vers une économie bas carbone. Nous devons respecter nos engagements issus de l’« Accord de Paris ». Il est donc essentiel de continuer à sensibiliser le grand public, mais aussi les entreprises, à ces enjeux.

Dans un contexte de changement climatique, quelles sont les menaces qui guettent nos villes aujourd’hui ? Sont-elles prêtes à y faire face ?

L’une des plus grandes menaces directes liées au réchauffement climatique est la montée des eaux pour les villes côtières. Nous en avons malheureusement eu la preuve lors des épisodes d’inondations qui ont touché la Tunisie. Les villes tunisiennes disposent depuis longtemps de plans de protection, mais ces derniers doivent être davantage travaillés, en concertation avec les habitants. Il est également crucial de mener des opérations blanches — des simulations de prévention en cas de calamités.

Ces opérations, dont on entend parfois parler dans les médias, sont essentielles. Elles permettent de tester concrètement les dispositifs en place, d’améliorer les systèmes de veille et de sensibiliser les habitants aux dangers, afin qu’ils puissent mieux s’organiser. Un exemple récent qui nous a particulièrement marqué est celui de Derna, un exemple qui nous parle parce qu’il s’est produit en Méditerranée.

Cet événement illustre l’importance de la préparation et de la mise en place des systèmes de veille. Une préparation concertée, participative et coordonnée par les autorités est indispensable. Tout le monde doit être autour de la table pour planifier cela. Par ailleurs, des actions de prévention simples ne doivent pas être négligées, comme la consultation régulière des prévisions météorologiques pour anticiper les phénomènes climatiques extrêmes, ou encore la mise à disposition d’eau potable en cas de sécheresse et de fortes chaleurs. Ce sont des gestes de prévention essentiels, et nous constatons que les citoyens tunisiens commencent à s’y préparer de plus en plus rapidement.

A l’échelle globale, les solutions que nous préconisons à l’ONU Habitat incluent des approches basées sur la nature : le développement des transports en commun, des solutions de mobilité douce, la plantation d’arbres, et l’aménagement du domaine public maritime. Ces initiatives sont indispensables pour faire face à la montée des eaux, qui concernent non seulement la Tunisie, mais qui affectent inévitablement nos villes. Il est impératif de repenser l’aménagement urbain dans une optique durable.

En d’autres termes, les futurs plans d’aménagement doivent être adaptés à la nouvelle donne climatique…

Absolument. Avec le gouvernement tunisien, nous avons soutenu la réforme du Code d’aménagement du territoire et de l’urbanisme (Catu), qui datait de 1994. Le gouvernement est pleinement conscient de l’urgence d’agir rapidement et de manière concertée sur les enjeux environnementaux. Nos échanges avec les acteurs locaux, régionaux et nationaux ont permis de discuter des impacts des changements climatiques et des solutions envisageables pour le développement des villes. Dans ce cadre, différentes propositions ont émergé : certaines villes ont élaboré des plans climatiques, tandis que d’autres ont déjà initié des actions concrètes.

De nombreuses municipalités ont, par exemple, misé sur des solutions basées sur la nature, comme la préservation et l’extension des forêts ou encore la plantation d’arbres. Ces initiatives, bien que simples, sont tout à fait réalisables et peuvent apporter des résultats tangibles.

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