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Le droit à géométrie variable

Editorial La Presse

Dès que la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre sioniste, Benyamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant, (jeudi 21novembre), les observateurs comme l’opinion internationale, attendaient la réaction des Etats (principalement occidentaux). Nous posions, ici même, la question de savoir si ces pays, alliés de l’entité sioniste, respecteront les normes internationales en appliquant les décisions de la CPI, ou s’ils privilégieront leur alliance avec l’État sioniste. La communauté internationale pense que, désormais, les 125 États signataires du Traité de Rome (les Etats-Unis et l’Etat sioniste n’en font pas partie) ont l’obligation juridique de l’arrêter s’il pose le pied sur leur territoire.

La France et les Pays-Bas ont déclaré qu’ils appliqueraient la décision de justice. Moins d’une semaine plus tard, le pays des Droits de l’homme qui a, par le passé, à chaque fois, respecté le droit international, se fend d’un communiqué, issu du ministère des Affaires étrangères, flou, indistinct invoquant que Paris appliquera le droit international, précisant que le Chef du gouvernement de l’entité sioniste bénéficie d’une « immunité. » Raison avancée : l’entité sioniste n’est pas signataire du Traité de Rome. Effet de douche froide sur les esprits épris de justice qui jugent cet argument bancal et hypocrite.

Le 17 mars 2023, la même Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt à l’encontre de Vladimir Poutine dans le cadre de la situation en Ukraine. Le Président russe n’a pas bénéficié de « l’immunité », pourtant son pays n’est pas signataire non plus du Traité de Rome. Il ne faut pas être politicien ni analyste pour déduire que dans ce cas, le droit est à géométrie variable.

Comment expliquer ce revirement subit qui ne fait pas honneur à la France ? Cette volte-face a-t-elle été décidée par l’Etat sioniste, en marge des négociations pour un cessez-le-feu au Liban ? Cette hypothèse est plausible, mais il faut y ajouter l’amitié qui lie la classe politique française à celle de l’Etat sioniste et à son gouvernement actuel.

Cette décision va automatiquement entraîner un flot de critiques (légitimes) dans les pays du Sud global et surtout une mise en cause des pays occidentaux qui ne tiennent pas compte de cette inculpation et, par conséquent, verront leur crédit moral encore plus ébranlé qu’il l’est actuellement.

Lorsqu’un État viole le droit international, qu’il s’est pourtant engagé à respecter, immanquablement, il perd en crédibilité politique et contribue à l’insécurité globale.

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