Accueil Sport Certains clubs demandent l’augmentation du quota des joueurs étrangers : La solution de facilité !

Certains clubs demandent l’augmentation du quota des joueurs étrangers : La solution de facilité !

Une demande qui ne vise que le court terme et qui n’arrange que les clubs aisés et, bien sûr, le «lobby» des agents qui tire les ficelles dans les coulisses.

Six joueurs étrangers inscrits sur la feuille du match, quatre au maximum peuvent être sur le terrain, ce quota ne plaît pas beaucoup aux clubs favoris surtout, qui réclament (et avec insistance) qu’on élève ce quota pour pouvoir utiliser, sur le terrain, six joueurs étrangers, voire plus. Ceci en demandant aussi que le plafond des recrutements par saison passe de 10 à 15. Dans les deux cas, c’est une envie d’acquérir plus de joueurs tunisiens et étrangers.

Qui sont les bénéficiaires ?

Cela fait des années qu’on voit défiler une cascade de joueurs étrangers de tout bord. Africains en grande partie après l’abolition de la règle des joueurs maghrébins considérés comme locaux (quota de 5), ces joueurs ont-ils apporté le plus au football tunisien et ont-ils permis d’élever la concurrence et améliorer le niveau de nos joueurs globalement ? Non. Beaucoup de montants versés en devises (alors que notre économie a plus de priorités que de payer en devises les services de joueurs étrangers ordinaires) et aussi des litiges dus aux impayés et un flux consternant de sorties de devises, c’est un drame qui tue le football tunisien et ses clubs depuis 10 ans au moins. Si on va compter le nombre des joueurs étrangers de qualité qui ont marqué les esprits, le taux sera faible, très faible même. Et en premier lieu chez les clubs favoris où les dizaines de transactions opérées n’ont pas élevé le niveau.

Mauvais recruteurs ? Oui. Car le problème n’est pas de quota en fait. C’est un problème de qualité surtout, de bon œil et de choix d’agents de joueurs et d’intermédiaires reconnus et efficaces. On amasse les joueurs étrangers dépassant même le quota de 6 via l’astuce des joueurs âgés de moins de 20 ans.Et, au bout du compte, plein d’entre eux qui se trouvent bloqués, blessés, mal accompagnés et «barrant» la route à des joueurs  tunisiens auxquels on n’accorde pas de chances pour éclore. Le mal est alors dans la démarche de recruter des joueurs étrangers de qualité. De la détection jusqu’à l’engagement, plein de dépassements et tant de tares, de bonne et de mauvaise foi, pour en arriver à un contingent de joueurs étrangers ordinaires et sans grande valeur. Qui en tire le bénéfice? Ce sont en premier lieu ces agents de joueurs qui font tout pour gagner de l’argent en pleine complaisance avec les dirigeants des équipes qui, eux aussi, gagnent beaucoup avec eux. C’est la triste réalité avec un réseau d’agents de joueurs qui a les bras longs partout (médias, plateaux des émissions sportives, réseaux sociaux) qui pousse sans cesse pour augmenter le quota les joueurs étrangers. Mais justement, ces agents, qui collaborent avec des agents étrangers plus puissants et des agences de recrutement réputés, peuvent-ils amener les meilleurs sur le marché. Ils savent bien qu’ils n’ont pas la possibilité de concurrencer le championnat marocain, égyptien ou celui des pays du Golfe. Ils essaient de ramener des joueurs bon marché dont certains peuvent réussir, mais la plupart viennent pour marquer leur présence et chercher un tremplin pour d’autres championnats. On ne sait pas ramener des joueurs étrangers de bonne qualité, car les règlements aussi ne sont pas stricts. On peut ramener des joueurs sans le CV international obligatoire, sans grande expérience. Seul le test médical demeure assez strict. L’exception vient de quelques clubs qui optimisent leurs moyens et qui collaborent avec des agents sérieux et de métier. Des clubs comme le ST, l’OB ou l’USM réussissent de bons coups contre quelques mauvaises opérations. Omarou, Aholou, Ba, Orkuma, Traoré, Touré, Muguisha sont de bons joueurs qui ont (ou qui seront) été commercialisés et ont élevé le niveau de ces clubs. Un club comme la JS Omrane a tout simplement boycotté les joueurs étrangers.

Un aveu d’échec !

Quand des clubs tels que l’EST, le CA, l’ESS insistent pour élever le quota des joueurs étrangers sur le terrain, et qui déboursent de gros montants pour en ramener, c’est qu’ils reconnaissent forcément qu’ils ont échoué lamentablement dans leur formation. Des sections jeunes, des entraîneurs payés, des parents qui déboursent beaucoup d’argent pour voir leurs enfants jouer un jour en première équipe, tout cela, c’est de la poudre aux yeux. Un échec flagrant et inquiétant qui dure depuis des années et qui  s’accentue même au gré de la dépréciation de la compétition. On ramène des joueurs étrangers non pour faire ce que demandent les supporters non avisés, mais pour créer le plus. Et non pour freiner les noms d’un Tunisien et de le décourager. Dans plusieurs cas, le niveau des joueurs étrangers qu’on balance n’est pas du tout supérieur à celui de nos joueurs. Certes, la moyenne de la qualité de nos joueurs n’est pas extraordinaire, mais si l’on veut préserver notre «patrimoine footballistique», il faut composer avec l’existant et essayer de l’améliorer par tous les moyens. On peut compter sur les joueurs tunisiens expatriés et nés et formés dans différents clubs européens, c’est un inestimable vivier.

Au moins, ils sont tunisiens et peuvent, grâce à leur bagage, donner beaucoup à nos clubs. Sans chauvinisme aucun, un championnat qui compte trop sur des joueurs étrangers dont une grande partie n’offre pas beaucoup de garanties techniques, c’est une faillite totale.

Et l’équipe nationale en payera les pots cassés plus tard. Un quota de 4 joueurs étrangers paraît très suffisant pour garder un minimum d’équilibre sur notre championnat. Et aussi pour protéger notre cru, déjà sous menace et moyen. Faisons un  sacrifice et cherchons le moyen plutôt que le court terme !

Charger plus d'articles
Charger plus par Rafik EL HERGUEM
Charger plus dans Sport

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *