Le regard de l’opinion internationale, tout comme celui des chefs d’Etat du monde, est dirigé vers le séisme politique qu’a connu la Syrie: le régime vient de tomber aux mains des «rebelles islamistes». Al-Assad s’est enfui, le pays n’a pas de gouvernement. Pour l’instant, il n’y a pas d’autorité déclarée. C’est une période de transition où aucune conjecture ni prospective n’est prévisible. Les suites et les risques sont décortiqués et analysés par tous les responsables dans le monde. Bref, la presse internationale parle d’une transition à haut risque.
Cet événement qui polarise l’attention met sous cloche ce qui se passe à Gaza où les bombes continuent à tuer des civils, de nouvelles frappes meurtrières dans les villes de Gaza et Rafah faisant 34 morts palestiniens (on décompte plus de 44.000 morts.)
Profitant de cette situation floue, Netanyahou pousse ses pions sans qu’aucun Etat ni personne ne prête attention à ses manœuvres politiques et militaires. Il est parmi les premiers à montrer sa satisfaction du départ d’Al Assad, il l’a déclaré haut et fort. Pendant cette période indistincte et trouble, opportuniste comme il est, il déclare que le front du Golan doit être sécurisé. Evidemment, il entend par là qu’il devait occuper le plateau. Sa folie meurtrière ne connaît pas de frontières, il se montre plus arrogant que jamais et veut en découdre avec tous ceux qui lui tiennent tête dans la région.
L’État sioniste, qui s’est emparé dimanche de la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan occupée, a affirmé que cette mesure est temporaire, «elle vise à assurer la sécurité de ses frontières». Il faut être naïf ou occupant belliciste pour croire à de telles balivernes. C’est simplement de la poudre aux yeux. Rappelons que la zone tampon démilitarisée sur les hauteurs du Golan est le résultat de l’accord sur le désengagement de 1974, qui prévoyait notamment le stationnement dans cette région de soldats de maintien de la paix des Nations unies. Le gouvernement de Netanyahou fait peu de cas de tous les accords, il brandit comme à son habitude son sempiternel motif : la sécurisation de son territoire.
Après les massacres de Gaza sous prétexte de rechercher les responsables du Hamas, après les attaques et les bombardements du Liban, sous le même argument de poursuivre les militants du Hezbollah, l’armée sioniste occupe une partie du Golan, au nom de la sécurisation de ses frontières. Mais les frontières de l’Etat voyou ne s’arrêtent pas, ne sont jamais définies, ni limitées, elles s’allongent d’une guerre à une autre. Mardi, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (Osdh) a rapporté que l’armée de l’occupant a mené environ 250 frappes contre le territoire syrien depuis la prise de Damas par les rebelles, détruisant les principaux sites militaires.
Pourquoi et au nom de quoi ces frappes ? Dans une lettre adressée lundi au Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur de l’Etat sioniste, Danny Danon, répond: «Nos actions sont uniquement centrées sur le maintien de notre sécurité». La formule a été tellement répétée qu’elle prête désormais à rire, sinon à pleurer.