Il est primordial d’accorder une grande importance à nos enfants avant et durant cette période marquée par les examens, et de ne pas se focaliser seulement sur les résultats. Les conséquences risquent d’être dramatiques à la fin.
Il suffit de jeter un coup d’œil sur les réseaux sociaux ou de passer devant les portes des collèges et lycées pour constater le branle-bas que suscite cette période de fin d’année concomitante avec les examens et les contrôles continus. Les épreuves écrites sont les plus en vue et les plus dures et rien que l’appellation «semaine bloquée» fait frissonner non pas les élèves et lycéens, mais en particulier les parents. Que dire alors quand ces examens sont perturbés par des rumeurs sans fondements émanant de certaines parties qui, profitant du grand lot de stress causé par ces examens, veulent tout simplement jeter l’anathème sur le système éducatif en place.
Bizarrement, ces parties ont très vite établi un lien de causalité entre le système éducatif et les deux récents cas de décès survenus suite à un arrêt cardiaque. Le premier cas est survenu le 14 octobre en classe dans une école à Hammamet (Nabeul) où une jeune élève a succombé à un malaise cardiaque. Quant au second cas, il s’agit d’un bachelier qui est malheureusement passé de vie à trépas à l’aube du 11 décembre dernier. Le corps éducatif a été secoué et choqué par la perte de ces deux jeunes ravis à la fleur de l’âge.
Les parents : une dérive comportementale à soigner
Il est vrai que notre système éducatif est en perte de vitesse, mais il ne faut pas pour autant tirer des conclusions hâtives qui ne font que plonger encore plus dans le stress, l’inquiétude et l’affolement des parents d’élèves. On dit bien que l’enfer est pavé de bonnes intentions car certaines diatribes publiées actuellement sur les réseaux sociaux donnent plutôt l’impression que leurs auteurs se comportent comme la mouche du coche. Scotchés devant l’écran de leur ordinateur, ils ne font à longueur de journée qu’échafauder des scénarii fictifs et se prennent pour le nombril du monde. Les analyses les plus farfelues sont partagées en ligne par des experts autoproclamés accentuant la peur des parents qui, faut-il bien le préciser, transmettent l’anxiété durant la période des examens à leurs enfants.
Selon le témoignage de Mme Meriem Touati, psychologue clinicienne de l’enfant et de l’adolescent, fondatrice du cabinet de psychologie «Psy junior» à La Presse : «L’ascension sociale et l’accomplissement personnel sont intimement liés à l’éducation, surtout pour ceux qui accèdent à des diplômes d’institutions prestigieuses. Cependant, cette noble valeur qu’est l’éducation, symbole d’élévation sociale et d’accomplissement patriotique devient progressivement un fardeau dans divers aspects : financier, académique, éducatif, et surtout psychologique. Le système éducatif public a évolué vers une distinction marquée entre les élèves jugés «moyens» et ceux considérés comme l’élite. Cette dynamique se prolonge dans l’enseignement supérieur, où les facultés accueillent principalement les bacheliers moyens, tandis que les lauréats intègrent des écoles polytechniques».
Notre psy ajoute que «l’appartenance à une école d’élite est devenue un objectif en soi, souvent au détriment des conséquences collatérales. Les coûts associés à des cours particuliers et la pression psychologique subie par les élèves, les parents et les enseignants pèsent lourdement. Parallèlement, être classé parmi les élèves moyens est perçu comme une tare, alimentant un malaise diffus dans les discussions familiales et sur les réseaux sociaux, où le classement scolaire est souvent le sujet central. Le désir d’apprendre et d’évoluer intellectuellement s’est transformé en une quête frénétique pour obtenir des moyennes élevées. Ce phénomène entraîne une quête de statut social par le biais de la réussite scolaire de l’enfant, souvent au détriment de son bien-être».
On oublie le plus souvent le bien-être de nos enfants
C’est comme une course effrénée vers l’excellence qui ne prend pas en compte les aptitudes de l’enfant et ses limites. Les parents ne demandent que des résultats au détriment de la santé de leurs enfants. Ils oublient un facteur essentiel se rapportant aux bilans de santé qu’ils doivent effectuer de manière régulière en vue de détecter de graves troubles, nous souligne un pédiatre qui insiste aussi sur la pratique des exercices physiques et sur le régime de l’alimentation avant et durant la période des examens.
Notre psy, Mme Meriem Touati, enchaîne à ce titre que «les parents, dans leur volonté de réussite, peuvent ignorer les besoins fondamentaux de leurs enfants, tels que le repos et le bien-être émotionnel. Il est indéniable que certains enfants possèdent une motivation intrinsèque à exceller académiquement. Cependant, tous ne partagent pas cette ambition».
Selon elle, «les troubles d’apprentissage et les profils neuro-atypiques, tels que le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité et les retards de développement, restent souvent non détectés dans notre société». Et d’ajouter que «ces élèves subissent fréquemment des pressions psychologiques et des critiques de leur entourage, les rendant responsables de leurs résultats». Elle préconise, à la fin, la sensibilisation des parents et les éducateurs à ces problématiques afin de leur fournir les soutiens nécessaires, tels que l’intervention de professionnels de santé mentale et d’éducateurs spécialisés. «En conclusion, la santé mentale des enfants doit être une priorité. Le respect de leur rythme, de leurs capacités et de leurs intérêts est essentiel pour leur épanouissement. Promouvoir un système éducatif qui valorise l’individualité et le bien-être psychologique des élèves est indispensable pour construire une société plus équilibrée et épanouissante».