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L’or perdu de la Tunisie !

Editorial La Presse

Certes, la Tunisie ne dispose pas en quantités importantes de richesses naturelles à l’instar des pays pétroliers. Néanmoins, elle dispose de produits plus précieux. Et pour ne citer qu’un seul, il faut se rappeler que notre pays est parmi les grands producteurs d’huile d’olive au monde, matière considérée désormais comme étant de l’or liquide. Cette richesse a toujours constitué un facteur de développement socioéconomique vu son importance à l’échelle nationale mais aussi internationale.

Appelée “or liquide”, l’huile d’olive continue à garder sa place comme étant un produit précieux et apprécié dans l’économie mondiale. En témoigne une demande internationale de plus en plus croissante. Selon des statistiques américaines, cette année, le marché mondial de l’huile d’olive est estimé à 12,86 milliards de dollars et devrait atteindre 16,04 milliards de dollars d’ici à 2028, avec un taux de croissance annuel de 5,7%.

Paradoxalement, cette richesse nationale dont jouit la Tunisie ne semble pas être bien gérée ni bénéfique aussi bien pour le producteur que pour le consommateur. Pire encore, l’exportation de ce produit en vrac n’est pas assez  à la hauteur pour renflouer les caisses de l’Etat en quête de devises étrangères. Ainsi, est-il temps de revoir toute la chaîne, la production et la commercialisation sur le marché local et international.

Pour les producteurs d’huile d’olive, c’est toujours la même problématique : le coût élevé de la main-d’œuvre et la baisse des prix de vente. Des prix qui sont toujours imposés par les barons du secteur qui achètent à bas prix et vendent à des prix inaccessibles pour la majorité des Tunisiens. C’est dans cette logique que s’inscrit la volonté de l’Etat de permettre aux Tunisiens, toutes catégories confondues, de bénéficier de cette richesse nationale. C’est ainsi que le Président de la République a ordonné des mesures visant à réserver des quantités d’huile d’olive au marché local à des prix abordables, afin d’en faire bénéficier tous les Tunisiens,  qu’ils soient agriculteurs ou consommateurs.

En ce qui concerne l’exportation de l’huile d’olive tunisienne, c’est toujours le problème chronique de l’absence de valeur ajoutée pour ce produit. Car l’exportation en vrac n’a pas toujours été une solution pour une exportation soutenue et pérenne. Tout le monde gagnerait à ce que l’huile d’olive tunisienne soit labellisée. Or, le conditionnement pose un problème d’investissement qui dépasse les capacités de certains producteurs et autres parties prenantes. Il est évident que cette activité nécessite de grands investissements, mais elle permettra de résoudre, une fois pour toutes, les problèmes de ce secteur, tout simplement parce que les prix de vente sur les marchés internationaux vont grimper.

C’est là un défi à relever. Etat, investisseurs et bailleurs de fonds doivent travailler ensemble pour booster le secteur du conditionnement de l’huile d’olive tunisienne pour qu’il puisse se positionner à l’échelle internationale. Le secteur bancaire, qui ne fait qu’engranger des bénéfices à travers de simples crédits de consommation qui n’ont pas une grande valeur ajoutée pour l’économie nationale, doit financer les vraies activités économiques. C’est là le vrai rôle économique pour lequel les banques ont été créées. C’est plus qu’une activité commerciale, c’est un devoir national auquel les banques doivent adhérer en vue du financement des secteurs porteurs. Ces banques qui ne font jusqu’à présent qu’accorder des prêts, parfois sans garantie, aux barons du secteur de l’huile d’olive, gagneraient à mieux orienter les financements nécessaires aux secteurs stratégiques.

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