Chakib Ben Mustapha, expert en stratégie, a souligné que l’indépendance politique des députés a permis d’ouvrir un vrai débat sur la loi de finances où ces derniers ont joué le rôle d’intermédiaires entre l’exécutif et le citoyen. Une année après le début du mandat parlementaire, les députés de l’ARP sont parvenus à mieux maîtriser les enjeux liés aux lois de finances et, donc, ont pu mieux défendre les intérêts sociaux et économiques des citoyens.
Intervenant lors du webinaire, organisé récemment par le «think-tank» «Global Institut 4 transition», pour discuter de la loi de finances 2025, l’expert en stratégie Chakib Ben Mustapha a considéré que cette LF est le reflet de l’orientation politique du gouvernement.
Il a affirmé que la révision du barème de l’Irpp est la principale nouveauté qui va contribuer à l’amélioration du pouvoir d’achat pour 90% des salariés tunisiens. Selon ses dires, le gouvernement, qui se souciait d’atteindre les équilibres budgétaires, a dû sacrifier les avantages et les cadeaux fiscaux qu’il a l’habitude de proposer et a même recouru à la réduction de certaines dépenses budgétaires. Si la croissance et le développement sont les principaux oubliés de cette loi de finances, ce choix était, selon Ben Mustapha, difficile à faire, compte tenu des moyens de l’État et des équilibres budgétaires qu’il doit respecter. «Le principal indicateur de ces sacrifices-là, c’est l’augmentation de la pression fiscale sur les entreprises pour pouvoir justement financer la révision du barème de l’Irpp», a-t-il indiqué.
Au sujet des discussions parlementaires qui ont concerné, cette année, les deux chambres parlementaires, en l’occurrence l’ARP et le Conseil national des régions et des districts (Cnrd), l’expert a fait savoir, en somme, que l’indépendance politique des députés a permis d’ouvrir un vrai débat sur la loi de finances et, également, donné l’occasion à ces derniers de jouer le rôle d’intermédiaires entre l’exécutif et le citoyen.
Après une année du début du mandat parlementaire, les députés de l’ARP sont parvenus à mieux maîtriser les enjeux liés aux lois de finances et, donc, ont pu mieux défendre les intérêts sociaux et économiques des citoyens.
«Avant, il n’y avait pas de véritable force de proposition au niveau du pouvoir législatif, même lorsqu’on était dans une configuration où les partis politiques dominaient le paysage. Cela s’expliquait par des considérations partisanes : les députés affiliés à des partis au pouvoir votaient automatiquement la loi de finances préparée par leurs partis, tandis que ceux de l’opposition s’y opposaient par principe. Finalement, le texte passait toujours sans grand débat», explique, en ce sens, Ben Mustapha.
Un apport significatif
Selon l’expert, cette année la confrontation entre les députés et l’administration trouve ses origines dans la frustration des parlementaires de ne pas avoir été associés aux discussions sur les différents thèmes sociaux et économiques lors de l’élaboration de la loi de finances. Résultat des courses : plus de 100 propositions d’amendements ont été présentées à l’ARP. « Par exemple, l’amnistie fiscale n’était pas prévue dans la première version. Il y a eu de grands chocs sur la question de l’importation des véhicules et les droits sur les véhicules… Je pense qu’on est passé à un autre niveau qualitatif du point de vue de relation entre exécutif et législatif », a-t-il observé.
Ben Mustapha a, en outre, ajouté que l’année prochaine, l’apport du Cndr sera significatif car les élus auront acquis une meilleure maîtrise des questions liées aux lois de finances… «C’est pour cette raison que je conseille au ministère des Finances d’avoir une approche plus ouverte et plus participative avec le législatif, lors de l’élaboration de la loi de finances de manière à ce que cette loi puisse mieux refléter les besoins du peuple et surtout de ne pas aboutir à un blocage en décembre de l’année prochaine», a-t-il souligné.