Lors d’une récente intervention radiophonique, Mohsen Hassan, expert économique et ancien ministre du Commerce, a insisté sur l’importance de la transition énergétique, qui est le plus grand défi auquel sera confrontée la Tunisie dans la période à venir. Il a aussi souligné la nécessité de la réduction des importations énergétiques et l’augmentation des exportations dans ce secteur pour l’atteinte des équilibres financiers.
«La convergence entre les exportations et les importations fait que le taux de couverture est d’environ 77,3 %. Ainsi, les exportations de l’industrie alimentaire, à fin novembre 2024, ont enregistré une augmentation de 23,7 %, justifiée essentiellement par la hausse des exportations tunisiennes d’huile d’olive, avec plus de 50 % par rapport à la même période de l’année dernière. Cela a permis la réalisation de recettes très importantes pour les finances publiques dépassant les 5 milliards de dinars», c’est ce qu’a fait savoir l’ancien ministre du Commerce, Mohsen Hassan, lors d’une déclaration sur les ondes d’une radio privée. Pour lui, le plus important est de trouver des solutions pour les exportations du phosphate et de ses dérivés qui sont en baisse de 24,2 %. «Il est temps de résoudre les problèmes liés au secteur et lui assurer une réhabilitation globale, d’autant plus que les équipements des entreprises de phosphate de Gafsa deviennent obsolètes », a-t-il précisé.
Le déficit énergétique représente 58% du déficit total
D’après l’intervenant, les exportations du secteur du textile ont diminué de 4,5 % à fin novembre, en raison de la contraction économique en Europe et de la crise énergétique qui a débuté en 2022.
Au niveau des importations des produits énergétiques, elles ont augmenté de 8,2 %. Cela a fait grimper le déficit énergétique à 58% du déficit total et a, également, constitué un problème pour le rétablissement de l’équilibre de la balance commerciale. Hassan a, d’autre part, signalé que «l’augmentation des importations énergétiques de la Tunisie est devenue un véritable obstacle à l’atteinte des équilibres financiers. Là aussi, il est nécessaire de trouver des solutions, notamment le retour à l’exploration et l’incitation des grandes entreprises à y revenir, mais aussi le développement de la transition énergétique, qui est le plus grand défi auquel sera confrontée la Tunisie dans la période à venir». D’après M. Hassan, la baisse des importations des matières premières et des matières semi-finies de 3,5 % traduit une baisse de l’activité économique en Tunisie. «J’estime que l’augmentation des importations de matériaux de transformation de 4,8% reste un point positif qui démontre une certaine amélioration des investissements ainsi que de la productivité », s’est-il réjoui. Pour ce qui est de la structure des exportations et des importations, Mohsen Hassan a déclaré que les exportations tunisiennes vers l’Union européenne représentent 69,4 %, soit une diminution de 0,6 %. «Cette baisse remarquée de nos exportations vers ce partenaire historique est due à la contraction économique dans les pays de l’UE. Nous sommes donc appelés à diversifier nos partenaires pour contourner cette grande dépendance à cet espace économique », a-t-il insisté. Pour ce qui est des importations tunisiennes en provenance des pays de l’Union européenne, elles ont augmenté à 43,6%, « l’Europe est toujours le premier partenaire économique de la Tunisie», a-t-il précisé. Par ailleurs, l’intervenant a énoncé les échanges de la Tunisie avec les pays arabes, voisins et amis et a déclaré que les exportations tunisiennes vers l’Algérie sont en constante augmentation. Cette hausse est estimée à 38%, alors que celles avec l’Egypte est en hausse de 13,3 %. Il a, par ailleurs, dévoilé que les exportations tunisiennes vers le Maroc ont, quant à elles, diminué de 8,3% jusqu’à fin novembre.
Faciliter les flux de marchandises avec les pays voisins
De surcroît, Hassan a fait savoir que les exportations vers la Libye ont baissé de 11,8 % durant cette même période. Selon lui, «cela représente un point négatif compte tenu de la présence de nombreux obstacles à la circulation des marchandises entre les deux pays». Il a, également, divulgué que la principale difficulté reste le transport via le poste frontalier de « Ras Jedir». «A mon sens, il ne faut pas se limiter à un seul moyen de transport, en l’occurrence le transport terrestre, ni le transport maritime via les ports tunisiens et libyens. Il est nécessaire de développer les transactions vers ce marché voisin pour atteindre les 3,5 milliards de dinars» a-t-il noté.
«Les importations en provenance de la Chine ont également connu une augmentation de 5,3 % jusqu’à fin novembre 2024. Quant au déficit commercial, il a connu une augmentation à 16,76 milliards de dinars durant la même période, contre 16,54 milliards de dinars une année auparavant. La Chine est le pays qui contribue le plus au déficit commercial, estimé à 48,7 % du déficit total, alors que le déficit avec la Russie est estimé à 30 % et celui avec l’Algérie s’élève à 22 % », a rappelé Mohsen Hassan. Il est à préciser que d’après l’Institut national de la statistique, l’augmentation de 1,7 % des exportations, observée durant les onze premiers mois de l’année 2024, concerne essentiellement les exportations du secteur des industries agro-alimentaires qui ont augmenté de+23,7 %, les exportations du secteur de l’énergie de+9,4 % ainsi que les exportations du secteur des industries mécanique et électrique de+1,5%. En revanche, les exportations du secteur des mines, phosphates et dérivés ont baissé de-24,2% et celles des textiles, habillement et cuir de-4,5 %.