L’Assemblée des Représentants du Peuple poursuit ses travaux intensément depuis l’adoption de la loi de finances pour l’année 2025. Plusieurs dossiers prioritaires occupent l’ordre du jour, notamment la question sensible de l’impôt sur les particuliers et les entreprises, qui suscite de vifs débats.
Issam Chouchane, président de la commission des finances, a déclaré que l’examen de la loi de finances se poursuit parallèlement à celui du budget économique et de la balance économique. L’objectif est de garantir une cohérence et une harmonie entre ces différents volets financiers. Toutefois, l’article relatif à l’impôt demeure un sujet de controverse. « Près de 90 % des ressources du Trésor public proviennent de la fiscalité. Maintenir la stabilité fiscale est donc essentiel pour assurer l’équilibre économique et encourager les investissements », a-t-il souligné, lors de son passage ce matin sur les ondes d’une radio privée.
Cette priorité fiscale s’inscrit dans un contexte où l’économie tunisienne peine à attirer des investisseurs. Selon Chouchane, les lourdeurs administratives et juridiques retardent les projets d’investissement. Il a comparé la situation tunisienne à celle de pays voisins, où les procédures sont réalisées en des délais bien plus courts.
« Les investisseurs mettent jusqu’à six mois pour étudier les lois et règlements avant de lancer leurs projets en Tunisie, alors que cela peut être réalisé en quelques semaines ailleurs », a-t-il déclaré.
Malgré les avantages fiscaux pour les régions intérieures, les investissements y restent limités, freinés par des infrastructures insuffisantes et d’autres problèmes structurels. Chouchane a mis en garde contre toute mesure susceptible de compromettre les équilibres financiers. « La loi de finances ne peut être qu’une dernière étape. Il faut au préalable développer des mécanismes pour renforcer les ressources de l’État », a-t-il affirmé.
Le président de la commission des finances a également souligné l’importance de se tourner vers les énergies renouvelables et de renforcer le rôle social et économique de l’État. Ces orientations devraient être soutenues par des mesures concrètes et des plans de financement clairs. Toutefois, il a averti que la seule loi de finances ne suffira pas à transformer l’économie tunisienne.
En dépit des efforts pour stimuler des secteurs stratégiques comme le phosphate et l’agriculture, des lacunes subsistent. Par exemple, la Tunisie importe toujours 97 % de ses besoins en céréales, un constat alarmant qui souligne l’urgence de renforcer la sécurité alimentaire.
Les discussions actuelles à l’Assemblée montrent que l’enjeu fiscal reste aussi central. La stabilité de l’impôt sur les particuliers et les entreprises, combinée à des réformes structurelles, sera donc déterminante pour relancer l’économie et attirer des investissements. Les décisions qui en découleront auront un impact significatif sur l’avenir économique du pays.
En parallèle, la commission a mis l’accent sur le besoin urgent de moderniser les infrastructures et de renforcer les capacités des institutions publiques pour accélérer la mise en œuvre des projets. Des initiatives sont également prévues pour simplifier les procédures administratives et juridiques, afin de rendre la Tunisie plus attractive aux investisseurs.
Chouchane a conclu en insistant sur la nécessité d’une approche globale et inclusive, où la fiscalité joue un rôle pivot, mais doit être complétée par des politiques ambitieuses dans l’énergie, l’agriculture et les infrastructures. « La relance économique de la Tunisie passe par une vision unifiée et cohérente, soutenue par des réformes audacieuses et des efforts conjoints de toutes les parties prenantes », a-t-il conclu.