La Tunisie intensifie ses efforts pour élargir la portée de ses entreprises en Afrique, un continent en pleine émergence économique. Avec un taux de croissance annuel prévu entre 3,8 % et 4,2 % pour 2024-2025, l’Afrique offre des opportunités majeures pour les entreprises tunisiennes cherchant à s’internationaliser. Cependant, des défis structurels et logistiques freinent encore cette ambition.
Selon une note publiée par l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), la signature de plusieurs accords commerciaux avec des pays africains n’a pas suffi à accroître considérablement les exportations tunisiennes vers le continent. Ces exportations ne représentent que 10,4 % du total des exportations, soit 6.456 millions de dinars en 2023. Cette proportion reste modeste malgré une augmentation de la demande pour les produits tunisiens. Les économistes et acteurs économiques soulignent que l’internationalisation des entreprises est une nécessité stratégique pour réduire leur dépendance au marché local et améliorer leur résilience face aux fluctuations économiques globales.
En 2019, pas moins de 2.321 entreprises tunisiennes étaient actives en Afrique, générant 4.696 millions de dinars d’exportations. Cependant, la pandémie de Covid-19 a entraîné une baisse significative, ramenant ce chiffre à 2.007 entreprises et à des exportations de 3.901 millions de dinars.
La Libye, l’Algérie et le Maroc restent les principaux partenaires commerciaux de la Tunisie, confirmant le rôle crucial de l’Afrique du Nord comme épicentre des échanges économiques tunisiens. Cependant, l’Afrique subsaharienne émerge comme une destination prometteuse avec un potentiel de croissance à exploiter davantage. Pour s’imposer durablement, la Tunisie devra investir dans des stratégies ciblées visant à accélérer sa pénétration dans ces marchés.
Le think-tank économique indique que le Code des changes constitue un obstacle majeur, imposant des restrictions sur les mouvements de capitaux entre la Tunisie et l’étranger. Cette contrainte complique les investissements et limite l’efficacité des exportations. Les entreprises tunisiennes font également face à des procédures douanières complexes et à des problèmes de double imposition qui pèsent sur leur compétitivité.
Par ailleurs, le manque d’infrastructures adaptées et le coût élevé des transports freinent également l’élan des entreprises tunisiennes vers l’Afrique subsaharienne. Ces obstacles limitent leur capacité à acheminer leurs produits de manière compétitive, réduisant ainsi leur part de marché et leurs perspectives de croissance durable.
Face à cette situation, il est nécessaire d’alléger les restrictions imposées par le Code des changes afin de faciliter les investissements directs et les transferts financiers vers les marchés africains. Des investissements dans le développement des ports et le renforcement des liaisons aériennes avec les pays d’Afrique subsaharienne permettront de réduire les coûts logistiques. Des campagnes de sensibilisation et des études de marché approfondies sont également indispensables pour identifier les opportunités commerciales. “Ces efforts doivent inclure l’analyse de la croissance économique, des taux d’inflation et de la transparence des règles commerciales dans les pays ciblés. La collaboration avec des acteurs locaux est essentielle pour bénéficier d’une meilleure compréhension des réalités du marché africain et établir une présence durable”, indique le document.
Ainsi, avec une volonté réaffirmée et des mesures concrètes, la Tunisie pourrait s’imposer comme un acteur économique incontournable en Afrique. “Le temps est venu pour les entreprises tunisiennes de saisir les opportunités d’un continent en pleine effervescence économique”, souligne encore le document.