La croissance économique en Tunisie devrait atteindre 1,6 % en 2024, avec un objectif de 3,2 % en 2025. Mais au-delà de la conjoncture, des enjeux structurels se dessinent à moyen terme : celui d’une exposition à un risque climatique, celui d’un modèle de développement en panne. qui a entraîné un essoufflement de la croissance, et celui d’un chômage élevé. Ce sont autant de problématiques qui sont au cœur du plan de réformes d’ampleur lancé par le gouvernement dans son Nouveau modèle de développement (2023-2025).
La Presse — Que nous disent alors les indicateurs de croissance sur la trajectoire de développement ? Le ministre de l’Economie, Samir Abdelhafidh, lors d’une session parlementaire du Conseil national des régions et des districts (Cnrd), a précisé que « le modèle de développement 2025 comprend des indicateurs positifs sur lesquels on peut s’appuyer et vise à atteindre un taux de croissance de 3,2 % ». Et d’ajouter que « les objectifs fixés ne peuvent être atteints que grâce aux efforts concertés de tous ceux qui ont contribué à l’élaboration du projet de développement économique ». Faisant l’état des lieux de la performance économique, il a indiqué qu’au premier semestre de 2024, le PIB a progressé de 0,6 %. Les investissements étrangers directs ont connu une hausse significative de 36,9 % durant les sept premiers mois de l’année. Par ailleurs, la Banque mondiale, qui a abaissé ses prévisions de croissance pour la Tunisie à 1,2 % en 2024, prévoit une légère reprise à 2,2 %, selon son rapport semestriel sur la situation économique dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), intitulé « Croissance au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ».
Perspectives
De son côté, la BAD estime que la croissance du PIB devrait rester modeste à moyen terme, soit 2,9 % en 2025 (contre 2,1 % en 2024). L’inflation devrait décroître progressivement à 6,7 % en 2025, à mesure que les pressions inflationnistes mondiales s’atténueront. Le déficit budgétaire devrait atteindre environ 6 % en 2025, grâce au maintien de la discipline budgétaire. En revanche, le déficit du compte courant devrait se creuser progressivement pour atteindre 4 % en 2025, en raison des importations de biens d’équipement nécessaires pour stimuler la croissance économique. C’est dire que l’accélération des réformes (en particulier celles visant à améliorer la gouvernance des entreprises publiques, le climat des affaires et le contrôle des dépenses courantes) pourrait stimuler la croissance et inverser la trajectoire de la dette. En mars 2024, Moody’s a révisé sa perspective sur la note souveraine du pays (Caa2) de négative à stable en raison de l’augmentation des réserves de change.
Évolutions macroéconomiques et financières
Le taux de croissance du PIB a chuté à 0,4 % en 2023, en raison de la sécheresse qui a touché le secteur agricole et la baisse de la demande intérieure. L’inflation a continué à augmenter, atteignant 9,3 % en 2023, alimentée par la hausse des prix des produits de base.
Malgré une charge fiscale de 24,5 %, le déficit budgétaire est resté inchangé à environ 6,8 % du PIB en 2023. Le déficit du compte courant est passé à 2,8 % du PIB, en raison de la réduction des importations et de la résistance des exportations manufacturières, des recettes touristiques. L’amélioration du déficit du compte courant a renforcé les réserves de change (8,5 milliards de dollars à la fin 2023). Mais le taux de change dinar-dollar américain, qui reste volatil, s’est déprécié au cours de l’année 2023. La dette publique, dont 60 % sont extérieures, est passée de 77,6 % du PIB en 2022 à 80,2 % en 2023. La loi de février 2024 a autorisé la Banque centrale à accorder un financement exceptionnel de 7 milliards de dinars (2,2 milliards de dollars) au trésor à des conditions avantageuses, permettant au gouvernement de faire face à une partie des remboursements de sa dette extérieure.