Raouf Maher s’est distingué par son style musical unique. Chaque chanson est un véritable carton sur les ondes et sur les plateformes digitales. Sa signature : une voix puissante et des notes rythmées et énergiques alliant des éléments traditionnels et des sonorités actuelles. Il a su toucher de nombreux adeptes avec ses textes et ses vidéos ancrés dans notre patrimoine riche et dont la plupart puisent leurs origines dans le Sud tunisien. Rencontre avec le chanteur qui a imposé son nom et sa marque sur les plus grandes scènes tunisiennes.
Comment avez-vous intégré le domaine de la musique ?
Mes débuts ont été à Médenine, notamment à la Maison de la culture. J’en conserve d’excellents souvenirs avec Jounaïdi Jamaï qui a découvert en moi un talent et un engouement pour la musique tunisienne. J’étais formé par des profs de musique de ma région et c’est grâce à eux que j’ai participé à des compétitions et des manifestations locales et nationales. En 2006, j’ai gagné le premier prix au Festival de la chanson tunisienne, puis un autre prix à l’édition de 2007. Ces événements ont contribué à ma notoriété. Progressivement, j’ai donc commencé à être connu et demandé.
Vous avez un style musical particulier auquel vous tenez depuis vos débuts. Est-ce qu’il s’agit d’un choix bien étudié ?
J’essaie de faire des albums éclectiques en termes de sons et de thèmes musicaux. Je ne veux pas m’enfermer dans un genre, mais sans qu’on me dénature. J’essaie aussi d’inclure dans mes textes toutes les histoires de la vie et des sentiments sincères. Certaines chansons comme « Sandida » sont un hommage à la femme tunisienne fière et combattante quel que soit son statut. Le clip est aussi un tableau musical qui fait prévaloir mes origines dans le Sud tunisien et raconte l’histoire et les coutumes de cette région.
Vous avez été sur scène, l’année dernière, au Festival international de Carthage pour un grand concert à guichets fermés. Comment avez-vous vécu cette expérience ? Et, est-ce que ce succès ne vous fait pas peur ?
Je nourris un rapport absolument premier degré avec le public à travers ma musique. Si j’ai eu ce succès à Carthage et que j’enchaîne aussi les concerts partout en Tunisie, c’est grâce à mon public qui m’aime et me soutient. C’est déjà une chance inouïe. Il y a évidemment une part de stress et d’émotion. Les spectateurs et les médias ne voient que des moments de succès. Mais, c’est vraiment l’aboutissement de longs efforts de toute une équipe qui ont payé. Les paroliers, les compositeurs et les réalisateurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Avant chaque réussite, il y a tout un travail et des échecs qu’il faut dépasser pour continuer. Une volonté de fer est essentielle. Ce qui compte le plus à l’étape actuelle, c’est de rester toujours au niveau et de travailler davantage pour m’améliorer et être à la hauteur de ce que le public attend de moi. Le but, comme je vous l’ai dit, est de véhiculer des messages positifs sans mettre l’argent au-dessus de tout. C’est très important de garder cette mesure.
Pourquoi ne trouve-t-on aucune information sur votre vie privée sur les réseaux sociaux, contrairement à beaucoup d’autres artistes tunisiens ou étrangers ?
Chanter est mon métier. Mais, je rentre à la maison normalement après les concerts. Je suis marié, j’ai des enfants. Il y a beaucoup de gens autour de moi. C’est comme un cocon pour que tout se passe bien. Je restreins clairement l’accès à ma vie personnelle et je le conseille à tout le monde parce que la surexposition ne nous aide pas. Au contraire. On connaît tous le buzz et ses dérives. Il n’y a rien de plus agaçant qu’un chanteur qui cherche à se faire remarquer par des rumeurs et des détails intimes.
Vous venez de sortir un nouveau clip tant attendu « Ya lil ». Pouvez-vous nous en parler davantage ?
La chanson est écrite par Belkassem Abhoul et mise en musique par le compositeur libyen Walid Al Kour. L’arrangement est fait par Mokhtar Kabsi. Le tournage a eu lieu entre Médenine et La Marsa. Le clip est chargé de connotations identitaires, comme mes autres vidéos, et montre des scènes de la vie nocturne tunisienne, comme on l’aime.
Que peut-on vous souhaiter pour le futur ?
Je rêve d’exporter mes chansons au-delà de nos frontières, au-delà de l’espace musical tunisien pour participer à l’essor et au rayonnement de notre pays. Comme elles reflètent notre identité culturelle en sons et images, j’aimerais qu’elles soient écoutées par un public plus large à l’échelle arabe, que les non-Tunisiens puissent se familiariser avec notre musique et surtout notre dialecte auquel ils ne sont pas encore suffisamment adaptés.