Accueil Culture Chroniques de la Byrsa: Empêchez ces hauteurs qu’on ne saurait souffrir !

Chroniques de la Byrsa: Empêchez ces hauteurs qu’on ne saurait souffrir !

Quitte à être considéré comme quelqu’un qui n’a plus rien à dire, ou peut-être même pire : un sénile qui ne cesse de ressasser la même ritournelle, je n’en démordrai pas.

Je n’aurai de cesse de revenir sur le même problème que j’ai déjà soulevé à plus d’une reprise dans ces mêmes colonnes et ailleurs et qui, littéralement, me donne des insomnies : la construction verticale dans le «périmètre jaune» qui a été tracé autour de la colline de la Byrsa, à Carthage.

Ce périmètre, rappelons-le, a été délimité dans le cadre du classement du « parc archéologique » de Carthage-Sidi Bou Saïd dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco et englobe (englobait ?) une aire de quelques hectares sur un rayon d’un peu plus d’une centaine de mètres autour de la colline. Cette disposition stipule que la hauteur des constructions n’y dépasse pas ce que les architectes désignent par la formule magique de R +1, entendez : rez-de-chaussée plus un étage. Elle a été prise pour empêcher que le bâti ne masque le paysage, caractéristique et beau, de la colline fondatrice de la prestigieuse cité antique et qui, côté mer, se mire aussi dans le plan d’eau des ports puniques.

Pendant longtemps, les architectes ont rusé avec cette obligation. Ils ont travaillé sur la déclivité du terrain de la métropole antique pour grignoter un niveau sous forme de cave ou d’«entresol». De l’extérieur, rien n’y paraît. Puis certains se sont enhardis à « crever le plafond» et se sont payé un troisième niveau (un deuxième étage). Et c’est cette tendance qui, aujourd’hui, tend à se répandre. Pas un jour ne passe sans que l’on observe sur la terrasse de quelque ancien local les travaux d’aménagement d’un étage supplémentaire.

L’égoïsme des contrevenants dévalorise le site

et empêchera son exploitation économique

Le rythme de ce changement dans le paysage, chacun se sentant encouragé par l’impunité de la violation de la disposition précitée par le voisin, il n’est pas loin le jour où la vue sur la colline sera masquée par un rideau de constructions de toutes sortes, certaines ayant déjà atteint le quatrième niveau.

L’égoïsme dont font preuve les contrevenants ne nuira pas seulement à l’esthétique d’un cadre emblématique. Il dévalorise aussi le site et empêchera son exploitation à des fins économiques (peut-être par leur descendance) en tant que produit culturel matériel et non matériel unique. Et que nous restera-t-il ? Nos yeux pour pleurer ?

Pour notre part, nous ferons de cette affaire notre marotte dans l’espoir d’éveiller quelque conscience assoupie ; dans l’intention aussi de prendre date et, qui sait, peut-être également, un jour, pour demander des comptes.

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