Accueil A la une Présentation de «Mission Mare Nostrum» de Hakim becheur: Un polar à multiples facettes

Présentation de «Mission Mare Nostrum» de Hakim becheur: Un polar à multiples facettes

Il est question d’immigration clandestine, d’organisations secrètes, mais aussi de l’aspect existentiel du personnage et des traumatismes d’enfance dont on ne guérit jamais.

La Presse — La libraire Al Kitab de Mutuelleville, à Tunis, a accueilli, le vendredi 3 janvier, une séance de présentation et de dédicaces de «Mission Mare Nostrum», premier polar Hakim Bécheur. La rencontre a été modérée par  la philosophe et écrivaine tunisienne Emna Belhadj Yahia.

Médecin de formation, il a déjà publié en 2012 un essai «Colère blanche à l’hôpital» qu’il définit comme étant « les chroniques d’un médecin engagé » puis,en 2019, un roman intitulé  «L’avant-centre de l’Etoile» qui lui a valu le prix découverte Comar d’or 2020.

Par ailleurs, Hakim Bécheur n’est autre que le fils de Ali Bécheur, grand romancier tunisien de langue française, avocat à la cour de cassation et ancien professeur à la faculté de droit de Tunis, qui nous a quittés il y a quelques mois à peine.

«Mission Mare Nostrum» est un polar qu’on pourrait qualifier de «politique», comme l’a indiqué Emna Belhadj Yahia qui n’est pourtant pas une amatrice de ce genre littéraire d’une manière générale. « Ce n’est pas une littérature qui m’est familière. Je croyais que c’était loin de ma sensibilité et de mes préoccupations», a –t-elle indiqué. Pourtant, en commençant la lecture, elle s’est trouvée face à un récit « bien écrit, bien senti». Le livre qu’elle a «  reçu comme une invitation au voyage» s’est avéré être « un voyage étrange et haletant».

L’histoire, comme l’a dévoilé Hakim Bécheur, porte sur un journaliste d’investigation, Jalel Tounsi alias le Faucon Maltais, né en Tunisie et qui a fait une carrière importante en France. Blasé par la désinformation, il se rend dans son pays natal, la Tunisie, pour publier un livre sur le désenchantement post révolutionnaire.  Après avoir passé la nuit à Hammamet, il découvre au réveil un journal à sa porte qui annonce son propre assassinat.

L’action, qui se déploie en 24 heures, plonge le lecteur dans une enquête intrigante où rien n’est ce qu’il paraît. Riche en événements imprévus, la trame de ce roman est d’une construction rigoureuse avec « un  tissu humain réel dans ses détails, des personnages typiques d’une Tunisie qui bouge» comme l’a précisé l’auteur.

En effet, on peut lire sur la quatrième de couverture «  en vingt-quatre heures se noue un drame intemporel au bord de la Méditerranée […] les uns et les autres nagent en eaux troubles. Au risque de s’y noyer».

Hakim Bécheur a souligné dans ce sens que « Un des principaux personnages est un homme entre deux mondes, comme nous le sommes tous par la position géographique de notre pays.  Entre ces deux mondes, il y a la Méditerranée. C’est la mer commune et le pont, symbole d’une richesse formidable malgré l’inconfort. Je me rends compte que les personnages comme ça sont des gens complexes donc plus intéressants».

Emna Belhadj Yahia a d’ailleurs expliqué que cette histoire mouvementée, où le suspense est permanent, «se passe dans un environnement que nous connaissons bien : des paysages politiques, sociaux et humains de la France que l’auteur connaît et où il exerce et la Tunisie natale dont il connaît les rues, l’histoire, les mœurs et les maladies».

Dans ce roman, il est question d’immigration clandestine, d’organisations secrètes, mais aussi de l’aspect existentiel du personnage et des traumatismes d’enfance dont on ne guérit jamais. Les failles de Jalel Tounsi, son histoire personnelle et ses doutes nourrissent l’intrigue et apportent une dimension humaine à l’histoire.

«Ces moments douloureux reviennent comme des fantômes avec des cauchemars et des frissons», souligne l’écrivain lors de la présentation. «Le mouvement vers le bonheur semble pourtant saisissable mais le gouffre est toujours là». D’ailleurs, le roman s’achève sur un point d’interrogation.

Ce livre, qui est un «Polar immanquable» selon France info, vient d’être sélectionné pour le  «Prix méditerranéen du polar 2025 ». Pourtant, Hakim Bécheur n’approuve pas totalement cette catégorisation. Pour lui, « ce n’est pas l’histoire qui compte le plus, mais comment on raconte, comment on prend un lecteur par la main pour qu’il s’approprie l’histoire». Il a poursuivi en précisant que le rythme cinématographique des 24 chapitres qui forment son roman émane de ses influences diverses et de aspiration d’en faire une œuvre impressionniste comme au cinéma puisque «quand on lit, on reçoit des choses et on s’en imprègne».

Revenant sur la comparaison qui s’impose toujours avec les œuvres de son père, il a insisté sur la différence entre leurs styles respectifs bien qu’ils se rejoignent sur certains principes.

«Quand je lui parlais de ce que j’écrivais, il me disait : toi c’est toi, moi c’est moi», poursuit Hakim Bécheur en revenant sur les instructions de son père. «Il me disait toujours, il ne faut pas que ça te plaise bien, il faut que tu n’aies plus rien à ajouter.

C’est comme la construction en architecture. On remet l’ouvrage constamment sur chantier. Il ne faut jamais s’auto-satisfaire».

Avec un rapport à l’écriture aussi intime et compliqué, Hakim Bécheur n’a pas hésité à aborder des thèmes sociaux, politiques ou psychologiques, donnant ainsi une profondeur inédite à son récit. Au-delà de l’enquête journalistique et des rebondissements inattendus, Mission Mare Nostrum invite également à réfléchir sur la nature humaine. «Un désir de dire avec force la volonté d’être heureux de vibrer avec le monde malgré la montée de la peur et la douleur», fortement salué par Emna Bel Hadj Yahia en fin de la présentation.

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