Par Tijani Haddad |
Maintenant, il est communément admis dans le monde entier que le tourisme est le secteur de l’économie qui a été le plus affecté, voire le plus meurtri, par divers phénomènes et événements : actes terroristes, pandémies ou crises financières. Tant de fois, l’arrêt de cette activité dans plusieurs pays a été brutal et presque total. Les conséquences en étaient plus longues, plus dures et plus graves économiquement, socialement et peut-être même politiquement. Or, en Tunisie et dans plusieurs autres pays du monde, le tourisme constitue une force d’attraction qui draine bien d’autres secteurs créateurs d’emplois tels que le bâtiment, l’agriculture, le transport et une majorité d’autres métiers. En Tunisie, le tourisme, avec toutes ses composantes : agences de voyages, transports, artisanat, etc.. est le plus grand employeur du pays et contribue largement à la lutte contre la pauvreté. Au-delà de son rôle économique, le tourisme véhicule un message culturel en contribuant tant soit peu au rapprochement entre les peuples et les cultures.
Cependant, il faut se rendre à l’évidence que le rôle du tourisme dans la croissance économique et la réduction de la pauvreté dépendent énormément de sa capacité à créer des emplois et à procurer au pays les devises nécessaires pour la couverture du déficit commercial. Il faut également se mettre à l’évidence que concernant le tourisme, la fin de la crise n’est pas pour demain : un chantier de bâtiment, un atelier de textile, un supermarché, ou des usines industrielles peuvent dès la fin de la crise retourner au travail. Ce qui ne serait pas le cas pour le Tourisme.
La crise provoquée par le Covid-19 a été beaucoup plus longue et plus dure pour des raisons diverses : un arrière-goût amer du tourisme et des voyages a persisté pendant très longtemps dans le subconscient des gens tant la crise fut multidimensionnelle. En Tunisie, indépendamment de tout cela,le gouvernement a courageusement fait face aux défis de la crise afin de préserver la vie des gens et les maintenir en bonne santé, en appliquant toutes les mesures de verrouillage et de confinement total et en favorisant les mesures sociales aux plus pauvres. Jusque-là, l’effort du gouvernement est probant et très louable. Cependant, il faudrait, sur la même lancée, favoriser la préparation de la relance afin d’anéantir les graves effets de la crise sur l’économie et l’emploi. Le gouvernement, les structures de l’économie, des finances, du transport aérien, de l’environnement, de la culture, du tourisme et de l’artisanat, doivent continuer à favoriser les effets de la relance et établir un plan d’actions concerté et cohérent, qui arrêtera les mesures à prendre pour préparer et faire activer la reprise, ainsi qu’un plan basé sur une démarche scientifique pour une campagne promotionnelle sans précédent.
Outre les problèmes conjoncturels inhérents à une éventuelle autre crise, il faudrait revoir les composantes de notre produit touristique, en favorisant la diversité, la durabilité, la rentabilité et l’innovation. Nous devons revoir la pluralité de notre produit touristique, la réhabilitation de notre Sahara, de nos îles, de notre héritage culturel et archéologique de notre faune et flore, de nos ports de plaisance de nos plages, de nos aéroports, de nos terrains de golf, de faciliter l’accès terrestre et aérien au pays, de revoir et reprendre le programme de mise à niveau des hôtels, de diversifier nos unités d’hébergement et d’introduire et faciliter l’accès au tourisme résidentiel qui nous garantit une population permanente de touristes.
Par ailleurs, il est bien entendu que le monde est constamment un autre monde et que nous devons donc nous adapter aux nouvelles exigences des touristes du vingt-deuxième siècle. Ce n’est que de la sorte et en ayant confiance dans l’avenir de notre tourisme que nous pourrions rebondir : voyager n’est plus un luxe réservé aux riches et à l’élite, le tourisme s’est démocratisé et, aujourd’hui, il fait même partie des droits de l’homme. C’est pourquoi le tourisme rebondira.
N.B. : L’opinion émise dans cette tribune n’engage que son auteur. Elle est l’expression d’un point de vue personnel.