La pièce enchaîne les succès, grand prix aux JTC, puis un autre aussi prestigieux au Festival du théâtre arabe. «Toxic Paradise» ou «Bakhara» est une œuvre qui s’engage dans un propos théâtral pertinent sur une question de grande sensibilité.
La Presse — Avant-hier, à Mascate (Sultanat d’Oman), le grand prix de la 15e édition du festival du théâtre arabe, «Cheikh Sultan Ben Mohamed El Qasimi», a été remporté par «Toxic Paradise» de Sadok Trabelsi. Le théâtre tunisien, encore une fois, honoré dans un festival organisé par l’Instance arabe du théâtre. Joie et fierté pour un jeune metteur en scène qui, avec une première œuvre, a réussi à ajouter une pierre de plus à l’édifice du théâtre tunisien. «Bakhara» ou «Toxic paradise» mérite bien ce couronnement, grâce à un travail qui, dans une approche documentaire, donne aux problématiques abordées un visage réel, celui d’un(e) comédien(ne) totalement dans l’incarnation de leurs personnages, de leur réalité et de leur souffrance. Sadok Trabelsi a réussi, dans cette première mise en scène, à donner au théâtre auquel il croit une dimension engagée voire humaine et humaniste.
D’après un texte de Elyès Rebhi et produite par le Théâtre de l’Opéra de Tunis (Pôle théâtre et arts scéniques), «Toxic paradise» est la troisième pièce tunisienne à décrocher ce prestigieux prix arabe dans les annales de ce festival, après «Mémoire en retraite», mise en scène par Meriam Bousselmi et produite par le Théâtre national Tunisien, qui avait remporté ce prix lors de la première édition en 2011 en Jordanie, et «Richard III», mise en scène par Jaâfar Guesmi, qui avait également gagné cette récompense en 2014 à Sharjah. Lauréate du Tanit d’Or (Grand Prix) de la 25e édition des Journées Théâtrales de Carthage (23-30 novembre 2024) et du grand prix de la meilleure création théâtrale lors de la deuxième édition du Festival national du théâtre tunisien «Saisons de la création» (7-14 novembre 2024), «Toxic paradise», qui réunit Ramzi Azaiez, Mariem Ben Hassan, Baligh Maki, Ali Ben Said et Bilel Slatnia, aborde le problème de la pollution de l‘oasis de Gabès à travers une histoire simple.
Il s’agit d’une famille ordinaire, un couple au bord du désespoir qui cherche à enfanter, cohabitant avec un père sénile et grincheux et un frère révolté et insaisissable. Rien d’extraordinaire à première vue… Mais avec une écriture qui nous fait vivre le drame dans ses détails, laisse transparaître un voile épais qui alourdit le souffle et dresse entre nous et l’espace de jeu un écran jaunâtre qui brûle les yeux et avec des comédiens qui portent dans leur chair une cause des plus légitimes, l’engagement ne peut être que total et le succès au rendez-vous.
