Le modèle touristique international est désormais en pleine mutation. Le voyageur, comme le montrent toutes les études, est de plus en plus intéressé par une « offre responsable, éthique et durable ». Et plus important encore à moindre empreinte carbone. Une mutation tout à fait légitime, surtout que de récentes études montrent que le « carbone provenant des activités touristiques représente environ 9% du total des émissions mondiales ». Un constat préoccupant qui a fini par bouleverser totalement la physionomie de l’industrie touristique. La Tunisie, consciente de cette nouvelle donne, a pris rapidement les dispositions nécessaires pour s’adapter à cette nouvelle tendance.
La Presse — Le tourisme tunisien, en dépit d’une conjoncture complexe, continue à apporter un soutien stratégique à l’économie nationale.
Il endosse même, à chaque fois que la situation l’exige, la casquette du sauveur. Et on se rappelle certainement ses interventions pour compenser les contre-performances des autres secteurs.
Pourtant, notre activité phare n’est pas en train de capitaliser au mieux tout son potentiel, de tirer pleinement profit de toutes ses possibilités et surtout d’offrir un produit de forte valeur ajoutée, faute de diversification et d’adaptation aux nouvelles tendances du marché international.
Le produit tunisien reste justement, malgré une volonté de changer, à dominance balnéaire. L’offre alternative est encore timide et surtout peu valorisée.
Cela pour réaffirmer donc toute la fiabilité et l’importance de ce secteur dans le bon comportement de notre économie. Reste que les chocs soutenus de ces dernières années, notamment la crise sanitaire, ont mis à nu l’incapacité du tourisme tunisien à préserver sa résilience et à maintenir son soutien à l’économie nationale sans une transition intelligente vers les nouvelles niches que les donneurs d’ordre qualifient « à tendance ».
On oserait avancer même que la crise sanitaire, plombée par le nouveau phénomène de volatilité climatique, a forcé, d’une manière indirecte, la rupture avec le tourisme de masse, pour accélérer l’option pour de nouveaux paradigmes responsables et surtout « respectueux de la nature ». Ils ont contraint même nos décideurs à faire preuve de plus de réactivité pour pouvoir contrer cette conjoncture, du moins limiter ses dégâts.
C’est ainsi, d’ailleurs, que depuis quelque temps, nos premiers décideurs, plus attentifs à ces nouvelles exigences, multiplient les réflexions et les dispositions pour la mise en place d’une nouvelle stratégie de développement fiable et qui soit en mesure de réinventer en profondeur notre industrie touristique nationale, à la faveur d’une offre qui repose sur la durabilité et la responsabilité.
Un potentiel naturel favorable
L’attention particulière accordée, même tardivement, au tourisme écologique s’inscrit parfaitement dans cette nouvelle vision. En effet, de multiples et importants programmes et autres dispositions ont été retenus pour assurer la transition rapide vers cette nouvelle composante. On pense, entre autres, au projet « promotion du tourisme durable », lancé, depuis 2019, par le ministère de tutelle avec l’appui de GIZ. Ce projet, cofinancé par le ministère allemand de la Coopération économique et du Développement et l’Union européenne, a été dicté par le souci de « renforcer l’offre tunisienne à travers la valorisation du patrimoine culturel et naturel de certaines régions et de mieux servir le développement local ».
On pense aussi au lancement, tout récemment, par Leaders international et Museum Lab., en collaboration avec le ministère du Tourisme et l’UE, du projet « Tanit » (tourisme alternatif novateur et inclusif). Ce programme, qui implique directement l’organisation de la société civile opérant dans le secteur, ambitionne, avant tout, de valoriser le capital naturel national et surtout de mieux l’exporter.
La programmation, de son côté, à Tozeur, d’un salon international dédié au tourisme saharien et oasien (décembre 2024) vient confirmer ce changement de comportement et d’orientation, surtout que ce rendez-vous international se veut une belle vitrine du potentiel réel écologique et notamment saharien. Il se veut également un point de repère attractif pour les nouveaux donneurs d’ordre internationaux, de plus en plus demandeurs d’authenticité. L’une des spécificités du Sahara.
L’action du ministère et de l’Office national du tourisme ne s’est pas limitée au lancement de nouveaux projets, mais aussi à la consolidation de l’acquis, à travers l’engagement de programmes et autres opérations de sauvegarde et de restauration de nos principaux sites et parcs naturels.
En parallèle, le ministère de tutelle a pris toutes les dispositions nécessaires à la bonne gestion des projets et opérations lancés, à travers la programmation d’une formation spécifique au profit des différents acteurs. Il s’agit là de la volonté de préparer progressivement une nouvelle génération de professionnels capables de gérer, à long terme, cette nouvelle tendance et garantir sa durabilité
Et tout laisse croire que la Tunisie est bien outillée pour réussir cette transition stratégique, surtout qu’elle peut s’adosser à un patrimoine naturel fort consistant. On parle, en fait, et selon les statistiques disponibles, de 17 parcs, de 27 réserves naturelles, de plus de 260 zones humides et des écosystèmes étendus sur environ 13% de la superficie nationale.
En somme, on peut affirmer que la garantie d’une offre touristique durable n’est plus un choix mais une obligation de survie. Mais ce qui donne réellement plus de fiabilité à cette approche écotouristique, c’est qu’elle n’implique uniquement pas le secteur touristique lui-même, mais elle le dépasse pour créer toute une dynamique de développement globale, intégrée et bien entendu durable, allant de la préservation de l’environnement et ses richesses naturelles, à la capitalisation de notre patrimoine culturel, en passant par la valorisation d’une responsabilité et une implication humaine.