L’Algérie, n’ayant été, totalement, occupée qu’entre le 5 juillet 1830 et le 23 décembre 1847, la France décida d’étendre son hégémonie sur toute la région nord-africaine, plus connue sous la dénomination de Maghreb. Et c’est ainsi qu’elle imposa au Bey de Tunis, alors que la situation économique du pays s’était, suite à une mauvaise gouvernance, sérieusement dégradée, l’acceptation du protectorat en 1881. Cependant, le peuple tunisien n’a jamais admis cette nouvelle situation et des troubles avaient lieu, de temps à autre, dans différentes régions du pays, pour rappeler et démontrer à l’occupant son refus absolu de cette injuste colonisation.
Aussi après 75 ans de protectorat, et les évènements du 9 avril 1938 et ceux des 14 et 18 janvier 1952, la Tunisie a-t-elle obtenu son indépendance qui n’est intervenue, le 20 mars 1956, qu’après trois décennies de mobilisation et manifestations populaires symbolisées par une campagne politique soutenue et dirigée par le Combattant suprême, le président Bourguiba, et appuyée durant les dernières années, entre 1952 et 1954, par une guérilla, essentiellement rurale et fort heureusement, peu coûteuse en vies humaines.
Ce jour-là, le 14 janvier 1952, il y a de cela soixante-treize ans, a été pour moi, jeune collégien à Sadiki, une journée exceptionnelle, inoubliable et marquante parce qu’elle fait date dans l’histoire de notre pays. En effet, quittant le collège vers midi, j’ai été surpris de voir toute la place de La Kasbah archicomble de monde qui scandait des slogans anticolonisation. En m’approchant de la foule, j’ai été surpris de voir déployé un service d’ordre impressionnant, composé d’un grand nombre de policiers et de gendarmes, surveillant de près ces milliers de manifestants qui arboraient des décorations de toutes les couleurs et de toutes les formes et, brutalement, j’ai entendu quelques coups de feu qui m’ont obligé à regagner le collège que je n’ai quitté qu’en fin d’après-midi pour rentrer chez moi, à une demi-heure de marche. En fait, j’ai appris, plus tard, qu’il s’agissait du tir des forces de l’ordre qui répondaient à un tir provenant du côté des manifestants. Ces tirs ont eu pour résultats la mort d’un manifestant et la blessure de quelques personnels du maintien de l’ordre ainsi que parmi les manifestants.
Renseignement pris à propos de cette manifestation imposante, il s’agissait de la comparution devant le tribunal du président de la Ligue tunisienne des anciens combattants, Monsieur Abdelaziz Mestouri, arrêté et emprisonné trois mois et demi plus tôt pour avoir investi et dévasté, avec plusieurs milliers de ses adhérents, le secrétariat général du gouvernement, la direction des finances et celle des travaux publics (départements dirigés par de hauts fonctionnaires français) dont les locaux se trouvaient à la place de La Kasbah pour signifier, aux pouvoirs publics français, leur détermination à obtenir les mêmes droits que les anciens combattants français. Cette association défendait, essentiellement, les droits des anciens combattants tunisiens ayant servi dans l’armée française.
Il y a lieu de rappeler que le peuple tunisien, comme le peuple algérien, n’a jamais accepté, consenti et admis le protectorat imposé par la France en 1881 et 1883 et qu’il a manifesté, à plusieurs reprises, son opposition à cet état de fait, et les évènements sanglants du 9 avril 1938 représentent la preuve indélébile de cette contestation.
En réalité, et connaissant la considération, le respect et l’estime que portent les démocraties occidentales aux anciens combattants, cette association a été créée, en 1950, pour jouer un rôle politique et ce, en vue de faire pression sur la France pour répondre aux aspirations légitimes du peuple tunisien et ce, avec l’appui de feu Farhat Hached, l’immortel secrétaire général de l’Ugtt. D’ailleurs, le procès intenté à Monsieur Abdelaziz Mestouri, le 14 janvier 1952, a été interrompu suite à ces manifestations, et renvoyé au 18 du même mois.
Cependant, ce jour-là, le 18 janvier 1952, M. Mestouri a été condamné à trois mois de prison qu’il a déjà purgés et à cinquante mille francs d’amende. Il y a lieu de préciser que M. Mestouri, au lieu d’être libéré, a été exilé le jour même à Remada, alors que le président du parti politique du néo-destour, Monsieur Habib Bourguiba, l’a été, le même jour, à Tabarka avant d’être transféré à d’autres lieux de résidence surveillée, en Tunisie et en France. D’ailleurs, de nombreux cadres de son parti, le Néo-destour, ont aussi été arrêtés et emprisonnés.
En fait, et suite aux nombreuses interventions et pressions de la Fédération internationale des anciens combattants dont le siège était à Paris et à laquelle était affiliée la Ligue tunisienne des anciens combattants, M. Mastouri a été libéré en juillet 1952. Celui-ci, se sentant menacé après l’assassinat du grand leader syndicaliste, feu Farhat Hached dont il était très proche, le 5 décembre 1952, non pas par la Main Rouge comme on le croyait, mais par les services secrets français et cela, d’après les déclarations de l’ancien Président de la République Française, François Hollande, lors de sa première visite, en Tunisie, après la révolution, a quitté, clandestinement, la Tunisie et s’est réfugié au Caire où il a continué à militer au sein du bureau du Maghreb arabe et n’est rentré au pays qu’après la proclamation de l’autonomie interne.
Ce qui s’est passé ces jours-là, les 14 et 18 janvier 1952, a été, en fait, le prélude au déclenchement, dans tout le pays, de la résistance armée pour l’indépendance et qui durera jusqu’au 31 juillet 1954, date à laquelle M. Pierre Mendes-France, le président du Conseil français, arriva en Tunisie et annonça, devant le Bey de Tunis, S.A.R. Lamine Pacha Bey, la reconnaissance, par la France, de l’autonomie interne de la Tunisie qui déboucha, vingt mois plus tard, sur l’indépendance totale.
Cependant, faut-il mentionner que le 18 janvier 1952 est la date de la dernière arrestation par la France du leader Bourguiba et son exil à Tabarka, puis à La Galite, ensuite à Remada et enfin à l’île de Groix en France. Considérée comme étant l’anniversaire de la Révolution, durant la présidence du leader Bourguiba, elle était fêtée comme telle durant ses mandats jusqu’à ce que l’ancien président Ben Ali la remplace par celle du 7 novembre quand le président Bourguiba, suite au changement effectué par le Premier ministre Ben Ali a été mis à la retraite. Et depuis 1988, cette date du 18 janvier appartient à l’histoire, l’histoire de la Tunisie moderne et mériterait d’être rétablie en hommage et en reconnaissance au grand leader Bourguiba.
Aussi, faut-il préciser que du temps où le président Bourguiba était au pouvoir, on célébrait le 18 janvier comme étant l’anniversaire du déclenchement de la révolution contre l’occupant alors que cela a débuté quatre jours plus tôt. En fait, que cet anniversaire soit le 14 ou le 18 janvier, et les historiens le préciseront, un jour ou l’autre, on devrait accorder à cette date historique l’importance qu’elle mérite car il y a un devoir de mémoire dont nous devons nous acquitter, jeunes et vieux, d’autant plus que le sentiment national s’atténue aujourd’hui au point d’être frappé d’oubli ou de ridicule. Bourguiba était et demeure un très grand leader mais il ne fut pas le seul à incarner la lutte pour l’indépendance. En effet, le 18 janvier 1952, l’arrestation des dirigeants destouriens et en premier lieu Bourguiba et l’émergence de la lutte armée qui durera près de 3 ans ont sonné le glas de la France coloniale non seulement en Tunisie, mais aussi dans tout le Maghreb. Car moins d’un an plus tard, les Marocains vont nous emboîter le pas avec les émeutes des Carrières de Casablanca dont l’élément déclencheur a été l’assassinat de Farhat Hached. Le 1er novembre 1954, ce sera au tour de l’Algérie de déclencher sa glorieuse révolution.
Et aussitôt, Bourguiba s’est mis à l’œuvre pour la mise sur pied d’un Etat moderne, bien organisé et bien administré en vue d’être bien gouverné. Aussi et compte tenu de sa riche expérience politique, il a réussi, avec beaucoup de subtilité, d’intelligence et de savoir-faire, à convaincre le peuple tunisien pour le soutenir et l’appuyer dans ses choix. D’ailleurs, il a toujours eu le courage de revenir sur certaines décisions qu’il a prises et qui se sont avérées inefficaces telles que celle du système coopératif.
Au lendemain de l’indépendance, il a fallu faire preuve de compétence et d’ingéniosité pour créer les composantes d’un Etat moderne (une administration nationale et régionale, une diplomatie, une justice et une armée). Pour le traitement de ces quatre domaines, par ailleurs fort importants, le plus compliqué était celui de la défense nationale qui nécessitait un encadrement important qui ne pouvait être formé, à ce moment-là en Tunisie. D’ailleurs, on ne doit pas oublier qu’il a pris une décision historique, celle de rendre la scolarité obligatoire, pour les garçons comme pour les filles et ce, jusqu’à l’âge de seize ans et gratuite pour tous.
Aussi, fort d’un appui populaire, et outrepassant les évènements du passé survenus avec le colonisateur (arrestations, emprisonnements, brimades, exils et déportations subis par de nombreux nationalistes tunisiens durant la lutte pour l’indépendance), Bourguiba a demandé à la France de nous transférer, d’une part, les 1.500 militaires tunisiens servant dans l’armée française et volontaires pour rejoindre l’armée nationale tunisienne naissante et, d’autre part, de nous former quelques promotions de jeunes Tunisiens comme officiers à la prestigieuse Ecole spéciale militaire interarmes de St Cyr Coëtquidan.
Mais pourquoi Bourguiba a-t-il choisi de former ses cadres officiers en France, l’ex-pays colonisateur ? La réponse est simple :
1 — D’abord, sûr de la qualité et du niveau de la formation dans cette prestigieuse école fort renommée qu’est St Cyr, Bourguiba a choisi la France et non l’une des écoles du Moyen–Orient qui, compte tenu des situations particulières dans chacun de ces pays qui changeaient, souvent, de régime suite aux nombreux coups d’Etat qui survenaient, à cette époque, dans cette région, l’enseignement militaire que nos jeunes pourraient y recevoir ainsi que l’ambiance étaient loin de le satisfaire. Et c’est ainsi qu’une première promotion d’une centaine de jeunes Tunisiens suivie de cinq autres, dont l’effectif était, à la demande de la France, beaucoup moins important que la première, a été formée en France et constitua l’ossature de l’encadrement de l’armée tunisienne naissante. D’ailleurs, suivant la tradition de l’école qui veut que chaque promotion choisisse un nom, cette première promotion tunisienne a choisi le nom de «Promotion Bourguiba» en hommage au président Bourguiba pour les services rendus à la patrie et pour les sacrifices consentis. D’ailleurs, nos camarades marocains qui suivaient la même formation que nous avaient choisi l’appellation de «Promotion Mohamed V»,
2 — Ensuite, l’Ecole de St Cyr est reconnue dans le monde entier, avec Westpoint aux USA et Sandhurst en Grande-Bretagne, comme étant parmi les meilleures académies de formation des jeunes cadres officiers dans le monde,
3 — Puis, c’est dans pareille école que les élèves officiers reçoivent la formation technique, morale, et psychologique adéquate qui leur permet d’assumer des fonctions de commandement et de devenir des chefs,
4 — Et enfin, c’est dans ce genre d’école, aux traditions séculaires, que sont enseignées les règles du républicanisme (séparation des pouvoirs, subordination du militaire au politique, la place du militaire au sein de la société, etc.).
Père de l’Indépendance et de la Nation, Bourguiba savait parler aux populations le langage qu’elles comprenaient. C’était un leader qui avait, terriblement, le sens de la communication. C’est dire que nos politiciens, d’aujourd’hui, auraient intérêt à étudier les différentes adresses du «Zaïm» pour améliorer leurs capacités dans ce domaine.
Bourguiba hérita du colonialisme un pays sous-développé dans tous les domaines : très peu d’établissements scolaires du primaire et surtout du secondaire (seulement une dizaine de lycées et collèges dans tout le pays), aucun établissement d’enseignement supérieur, très peu d’hôpitaux, infrastructure routière minimale, éclairage public très insuffisant, et le pays avait besoin de chantiers dans tous les domaines.
Bien qu’il n’existe pas de définition internationalement reconnue de ce qu’on appelle la bonne gouvernance, Bourguiba essaya de couvrir, un tant soit peu, certains de ses nombreux thèmes dont, entre autres : la participation effective; l’efficience et l’efficacité du secteur public; la légitimité; l’accès à la connaissance, à l’information et à l’éducation ; des attitudes et des valeurs qui favorisent la responsabilité, la solidarité et la tolérance. Cependant, bien qu’il ait réussi dans certains de ces domaines, il ne l’a pas été dans autres.
En résumé, la bonne gouvernance est liée aux processus et résultats aussi politiques qu’institutionnels nécessaires pour atteindre les objectifs de développement. La véritable bonne gouvernance est celle du responsable politique, le gouvernant qui tient ses promesses en matière de droits de l’homme : droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux. En plus clair, les institutions de gouvernance garantissent-elles de manière efficace le droit à une éducation de qualité, à une alimentation suffisante, à un logement convenable, à la santé, à une justice équitable et à la sécurité de la personne ? Dans la plupart de ces domaines, on peut dire que la Tunisie a fait, sous Bourguiba, des pas de géant, malgré le manque de moyens.
Cependant, Bourguiba, héritant du colonialisme un pays à l’état presque primaire dont plus de 70% de la population étaient analphabètes, était obligé d’utiliser des méthodes de gouvernance assez autoritaires pour faire appliquer certaines lois, décisions et règles.
En tout état de cause, et hormis une certaine minorité parmi la classe politique et certains jeunes qui ne l’ont connu ni de loin ni de près, une bonne majorité de Tunisiennes et de Tunisiens apprécient à leur juste valeur les prouesses et autres performances du Combattant suprême qui connaît une réhabilitation méritée à grande échelle. Tant mieux car nous devons être reconnaissants envers tous ceux qui ont rendu d’éminents services à la patrie.
On ne peut oublier qu’alors qu’il était emprisonné, en 1942, à Marseille, par la France, pour ses activités politiques, Bourguiba a donné, de sa prison, ses ordres à ses camarades du Bureau politique du Parti pour que les Tunisiens qui avaient pris fait et cause, durant la Seconde Guerre mondiale, pour les forces de l’Axe (Allemagne- Italie et Japon), changent de fusil d’épaule et soutiennent les forces alliées (France, Grande-Bretagne, USA) pour que nous soyons du côté des vainqueurs à la fin de la guerre. La lettre qu’il adressa, en ce sens, de sa prison de Marseille au Dr Habib Thameur, membre du bureau politique du Parti du Néo-Destour est demeurée historique. Pareille prise de position n’a jamais été oubliée par les Américains. Et cela explique l’accueil historique qui lui a été réservé par la population new-yorkaise lors de sa première visite aux USA, en 1961, durant le mandat du président John Kennedy, et la considération qui lui a toujours été portée.
En effet, après la remise de la statue du Leader à Monastir, il en a été de même à Tunis qui a repris son standing en dépit de quelques récalcitrants, avant que la ville de Sousse ne retrouve, elle aussi, son «Zaïm» qui trône, désormais, au cœur de la perle du Sahel.
Cela prouve, si besoin est, que les Tunisiennes et les Tunisiens sont fiers de revivre avec le symbole de la libération du pays, le fondateur de la Tunisie moderne, le protecteur de la femme et l’instigateur du Code du statut personnel, ayant coupé avec le sous-développement, plus précisément au niveau de l’état d’esprit et des mentalités.
Le libérateur de la Nation s’est illustré par ses prises de position et ses approches en matière de politique internationale. On se rappelle les positions courageuses qu’il avait prises sur la question palestinienne ainsi que celles en faveur de la Mauritanie, fraîchement indépendante en 1960. Il en avait fait de même en reconnaissant le Koweït indépendant en 1961 malgré les prétentions territoriales de l’Irak d’Abdelkerim Kacem à l’époque.
On se rappellera, jusqu’à aujourd’hui, le célèbre discours de Bourguiba en 1965 à Ariha où il avait appelé les Palestiniens à accepter la décision de partage de la Palestine. Il avait été, alors, fustigé et traité de traître à la cause arabe commune et cela lui a valu une rupture violente avec l’Egypte du président Nasser.
Mais l’histoire et les événements de 1993 avec les accords d’Oslo, dits «Gaza et Ariha d’abord», signés par le défunt Arafat ont mis en relief la justesse de la vision de Bourguiba qui avait réussi à faire condamner Israël, pour la première fois de son histoire, par le Conseil de sécurité de l’ONU, après les frappes aériennes contre Hammam-Chott.
Autant de faits d’histoire à l’échelle nationale, arabe et internationale prouvent, indéniablement, l’extraordinaire «vista» du Leader et qui font de lui la grande idole des jeunes et moins jeunes qui s’inspirent de son œuvre et de ses visions politiques plus d’actualité que jamais.
C’est pourquoi notre pays bénéficiait d’une grande renommée grâce au prestige du Président Bourguiba, à sa réputation et à son charisme.
Mais il ne faut pas escamoter l’histoire, l’ignorer ou la déformer car la révolution tunisienne commença quatre jours plus tôt, le 14 janvier 1952, et les historiens ne pourront certainement pas l’oublier, lorsqu’une grande manifestation eut lieu place de La Kasbah, en soutien au président de la Ligue tunisienne des anciens combattants, M. Abdelaziz Mestouri, lors de son jugement pour avoir investi avec son organisation, trois mois plus tôt, les Directions des finances, des tavaux publics et le secrétariat général du gouvernement, tous trois situés place de La Kasbah, réclamant les mêmes droits que les anciens combattants français. Au cours de cette manifestation, il y a eu un mort et des blessés parmi les manifestants et des blessés parmi les forces de l’ordre. En réalité, cette manifestation avait des objectifs, essentiellement, politiques. Elle a été organisée en accord avec l’immortel grand leader syndicaliste Farhat Hached, dans le but d’attirer davantage l’attention de l’opinion internationale sur la question tunisienne.
Devant cette manifestation à laquelle participaient plusieurs milliers d’anciens combattants, le procès a été reporté au 18 janvier 1952 et ce jour-là, le tribunal l’a condamné à trois mois de prison qu’il a déjà purgés et 50 mille francs d’amende. Au lieu d’être libéré, M. Mastouri a été exilé à Remada, le jour même où le Leader Bourguiba l’a été à Tabarka puis transféré à l’île de la Galite, puis à Remada à l’extrême sud du Sahara tunisien et enfin à l’île de Groix en France.
Le 18 janvier a été retenu comme fête de la révolution durant les mandats du président Bourguiba mais supprimée par le président Ben Ali et remplacée par le 7 novembre 1987. Dommage qu’on ait abrogé, de la sorte, ce jour d’un évènement national historique qui avait une justification certaine compte tenu de faits réels. Et les patriotes sincères se posent toujours la question : pourquoi l’a-t-il supprimée puisque cet évènement qui a effectivement existé aurait auréolé et renforcé davantage le combat politique des Tunisiens et enrichi leur Histoire ?
Aussi devons-nous être fiers de ce que les différentes générations nous ont légué comme actes de bravoure, comme sacrifices, comme évènements enrichissants de notre histoire pour permettre à nos petits-enfants et à nos arrière-petits-enfants de les commémorer d’une manière régulière pour booster l’amour de la patrie et la fierté que nous devons avoir de nos ancêtres et de notre histoire nationale en général. Nous devons auréoler notre patrimoine de pareils actions et exploits enrichissants et nous ne devons pas oublier de matérialiser ces actes et ces évènements sur le terrain. Notre pays a, avec courage et détermination, permis aux combattants de l’Armée de libération nationale algérienne d’utiliser le territoire tunisien comme base arrière lors de la lutte pour l’indépendance et les Katibas de l’ALN étaient implantés tout au long des frontières des gouvernorats de Jendouba, du Kef et de Kasserine et leurs effectifs dépassaient les 20.000 moujahidine. Les générations futures, tunisiennes et algériennes, ne doivent jamais oublier cette remarquable solidarité qui a existé, malgré les menaces du colonisateur, entre les deux peuples et la question qui se pose est la suivante: pourquoi on n’a pas, jusqu’à présent, érigé dans ces trois gouvernorats des stèles commémoratives relatives à l’implantation et au séjour de ces Katibas algériennes en Tunisie ? C’est de la sorte que les prochaines générations se rappelleront cette grande solidarité qui a lié les populations tunisienne et algérienne durant cette période héroïque et c’est grâce à ces monuments qui matérialiseront cette présence des moujahidine algériens sur notre sol de 1956 à 1962 qui rappelleront aux uns et aux autres que les relations entre nos deux pays représentent notre présent stimulant et notre avenir prometteur.
Les peuples ont besoin de ces épopées. Les célébrer, c’est raviver le sentiment national, c’est renforcer le sentiment d’appartenance. C’est le cas des 14 et 18 janvier 1952 qui sont des dates phares de notre histoire, un tournant dans la lutte contre l’occupant colonial. D’autres dates, non moins célèbres, ne sont pas à négliger telles que le 9 avril, le 20 mars, le 25 juillet et le 15 octobre qui sont, régulièrement, commémorées.
Que nos «Zou3amas» immortels reposent en paix et que Dieu les accueille dans Son Eternel Paradis et veille et protège la Tunisie éternelle, l’héritière de Carthage et de Kairouan.