La poterie de la région de Sejnane, près de Bizerte, savoir-faire ancestral qui se transmet de grand-mère à petite-fille inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, est au cœur d’un nouvel ouvrage qui s’intitule « Potières de Sejnane – sans tour ni four » paru en janvier 2025.
« Potières de Sejnane – sans tour ni four » est un ouvrage en format moyen, fruit de la collaboration entre l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (Amvppc) et les éditions Alif dans le cadre de la collection « Saveur et savoir-faire ». « La poterie de Sejnane raconte une histoire où le temps se perd dans les brumes du temps, où un passé lointain devient présent et avenir. C’est aussi l’histoire d’un terroir généreux en argile qui devient de l’or entre les mains des potières », peut-on lire sur la deuxième de couverture.
Le livre est composé de textes de Viviane Bettaieb, la documentation et les sources orales sont recueillies par Ahlem Jami Guesmi et la recherche iconographique est réalisée par Ghada Attig. Les photographies ont été prises par Mohamed-Salah Bettaieb dans l’atelier de Sabiha Ayari où on voit des potières en train de travailler sur différentes pièces en poterie. Et suivent les potières dans toutes les étapes de leur production jusqu’à la commercialisation des poteries généralement mises en vente sur le bord de la route mais aussi le jour du marché hebdomadaire et dans les salons d’artisanat.« Potières de Sejnane – sans tour ni fou r » est un voyage dans les coulisses d’un savoir-faire ancestral. Le livre est composé de cinq chapitres : « Un pays, des femmes potières », « Sans argile et la main des femmes, rien ne sera », « De la poésie gestuelle. Dans l’atelier de Sabiha », « Artisane ou artiste? Les potières franchissent la frontière », « Pour que demeure la beauté du geste ». Cet ouvrage rend également « hommage » à Ommi Jomaâ, doyenne des potières de Sejnane qui n’a jamais cessé, depuis cinquante ans, de façonner et de décorer des figurines animales et humaines. La perfection du modelage, l’expressivité des sujets reproduits, la maîtrise et la délicatesse de l’ornement en ont fait des œuvres d’art convoitées par les collectionneurs. Connue même sur le marché international.
« Dans le Nord-Ouest tunisien, par la route le reliant à Tunis, à 120km de la capitale, se trouve Sejnane, tapi au cœur du massif des Mogods », écrit l’autrice au début du chapitre « Un pays, des femmes potières », dans lequel elle décrit le cadre naturel dominé par la montagne et la verdure et « un littoral rocheux et escarpé et de vastes champs dunaires, d’une beauté à couper le souffle ». Elle décrit le cadre général dans la région de Sejnane et revient sur l’histoire millénaire d’une zone ayant abrité les premières populations d‘Afrique du Nord.
Le livre ne manque pas de préciser l’existence de la poterie comme savoir-faire ancestral assez répandu dans tout le territoire tunisien, du Nord au Sud. « En Tunisie, la poterie modelée survit dans les campagnes, dans le Nord, dans le Sahel, dans le Cap Bon, dans le Sud et l’extrême Sud. Dans le massif des Mogods, la poterie de Sejnane se singularise par sa finesse, l’originalité de la beauté de son décor ».
Les savoir-faire liés à la poterie des femmes de Sejnane sont inscrits depuis 2018 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Selon les données publiées sur le site de l’Unesco, les savoir-faire liés à la poterie des femmes de Sejnane ont trait à la pratique consistant à utiliser une technique particulière pour produire des artefacts en terre cuite pour la maison, notamment des ustensiles de cuisine, des poupées et des figurines animalières inspirées par l’environnement.
Toutes les étapes de la production sont accomplies par des femmes, qui vendent également les poteries dans le village et sur le bord des routes avoisinantes.
Les connaissances et savoir-faire relatifs à cet artisanat de la poterie manuelle à Sejnane sont transmis dans le cadre d’un enseignement traditionnel et informel au sein des communautés où les jeunes filles sont encouragées à apprendre cet art du feu en plus de leur scolarité. L’Office national de l’artisanat dispense également des cours de formation pour les jeunes femmes de la communauté qui souhaitent se consacrer à cette activité.