Accueil A la une L’école tunisienne peut-elle se réinventer ?: Les experts proposent des solutions !

L’école tunisienne peut-elle se réinventer ?: Les experts proposent des solutions !

Deux experts en enfance ont élaboré une vision ambitieuse pour réformer le système éducatif en Tunisie, présentée sous la forme d’un document intitulé « Réformer le système éducatif : de l’idée à la réalisation ». Cette proposition repose sur un diagnostic précis de la situation actuelle et offre un ensemble de recommandations concrètes.

Les experts, Ibrahim Rihani, spécialiste en enfance et en famille, et Mehrez Bouzayen, psychologue et expert en enfance, éducation et médias, ont annoncé leur intention de soumettre cette initiative à la présidence de la République pour consultation.
Rihani a déclaré à l’Agence TAP que cette proposition s’inscrit dans une démarche globale, selon laquelle la réforme du système éducatif doit impliquer toutes les parties prenantes dans les domaines de l’éducation, de l’enfance et de la jeunesse. La réforme commence par un diagnostic approfondi de la situation actuelle et se termine par la mise en place de mécanismes réalistes et efficaces capables de traiter les problèmes à leur racine de manière décisive.

Pour Rihani, la réforme doit commencer par la prévention, en assurant le bien-être, la santé et une éducation de qualité aux enfants. Il souligne que cela ne peut être réalisé qu’en leur offrant des activités culturelles et récréatives, ainsi que des services de santé. Ainsi, les enfants pourront aborder l’étude dans de bonnes conditions, avec des esprits prêts, des corps sains et des comportements exempts de déviances et de violences sous toutes leurs formes.

Il a également insisté sur la nécessité de réformer les structures existantes, telles que les maisons de la jeunesse et de l’enfance. Il propose d’envoyer des équipes d’animateurs, accompagnées de médecins, directement vers les enfants, qu’ils soient dans les écoles ou dans la rue, afin de leur offrir des services sur place, réduisant ainsi les contraintes liées aux déplacements vers ces institutions. Il préconise de donner une priorité particulière aux enfants issus de quartiers populaires et de régions éloignées et défavorisées.

Le spécialiste estime également que le système éducatif nécessite une réorganisation complète, avec un examen approfondi de tous ses aspects : révision des contenus pédagogiques, formation des enseignants, et ajustement des systèmes d’évaluation et d’orientation. Il souligne l’impact négatif des sanctions scolaires, comme l’exclusion et l’orientation vers le conseil de discipline, qui créent une pression inutile et nuisent à la confiance en soi des élèves, les conduisant ainsi au décrochage scolaire.

Pour sa part, Mahrez Bouzayen a dénoncé la tendance à limiter l’intelligence des élèves à un seul type, celui de l’intelligence logique-mathématique. Il rappelle que l’intelligence se décline en huit formes différentes, chacune avec ses points forts et ses points faibles. Selon lui, il n’existe pas une seule méthode d’apprentissage ni une seule définition de l’intelligence, un point soutenu par la théorie des « intelligences multiples » de Howard Gardner, psychologue américain.

Dans cette optique, Bouzayen propose d’introduire le baccalauréat professionnel, qui permettrait aux élèves de suivre une formation académique tout en acquérant une expertise professionnelle dans un domaine de leur choix, favorisant ainsi leur épanouissement et leur réussite dans l’enseignement supérieur.

Enfin, Bouzayen plaide pour l’abandon des sanctions traditionnelles dans les établissements scolaires, telles que l’exclusion ou les renvois, qui ont montré leurs limites et engendrent souvent des tensions et des résultats scolaires médiocres.

Il suggère de les remplacer par des mesures alternatives, comme le nettoyage des écoles, la plantation d’arbres ou de fleurs dans les cours, ou encore l’utilisation d’un « carnet de points » qui évaluerait à la fois les comportements positifs et négatifs. Ce système inciterait les élèves à s’améliorer, en leur offrant une chance de « rattraper » les points négatifs et en favorisant l’auto-régulation de leur comportement.

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