Il est du droit de chaque pays de protéger ses frontières, de lutter contre l’immigration irrégulière et contre le terrorisme, selon des prévisions basées sur l’impact et les mesures d’anticipation.
La Presse — Le département de l’information des Nations unies vient de publier sur son portail d’information multimédia à guiche unique « ONU Info » ce mardi 21 janvier un article résumant les travaux inhérents à un débat public du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme en Afrique, ou plutôt la montée du terrorisme sur ce continent. A cet effet, et selon la même source, « plusieurs hauts responsables internationaux étaient réunis à cette date au Siège des Nations unies à New York pour tenter de faire face à la montée du terrorisme sur le continent africain, alors que plus de la moitié des meurtres liés à des groupes terroristes dans le monde ont lieu dans la région du Sahel ».
La vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, est allée encore plus loin en déclarant, lors de ce débat, que « l’Afrique demeure l’épicentre du terrorisme mondial ». Et d’ajouter que près de 60% de tous les meurtres liés au terrorisme dans le monde ont lieu en Afrique subsaharienne. Le Sahel (non loin des pays du Maghreb, faut-il le souligner) arrive en tête de ce sinistre palmarès, avec plus de 6.000 morts l’an dernier, soit plus de la moitié du total des victimes. Les pays côtiers de la région ne sont pas en reste. En seulement deux ans, ces derniers ont vu une montée de plus de 250% des attaques perpétrées par des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique.
L’Afrique du Nord comme refuge
Cette situation a en quelque sorte balisé la voie à l’augmentation du flux migratoire irrégulière vers l’Afrique du Nord, notamment en direction de la Tunisie et de la Libye, notamment après la chute des régimes de ces deux pays. « Entre 2011 et 2017, le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile a augmenté d’environ 13 millions, soit près du quart de l’augmentation du nombre de migrants internationaux. L’Afrique du Nord et l’Asie occidentale ont accueilli environ 46 % du nombre mondial de réfugiés et de demandeurs d’asile », souligne un rapport autour des migrations internationales vers et à travers l’Afrique du Nord.
En de telles circonstances, il est du droit de chaque pays de protéger ses frontières, de lutter contre l’immigration irrégulière en renforçant les contrôles et en rendant plus efficace le retour des immigrants illégaux dans leurs pays. À ce titre, on rappelle que le Président de la République, Kaïs Saïed, a reçu, vendredi 17 janvier 2025, au Palais de Carthage, le président du Sénat italien, Ignazio La Russa. Cette rencontre a été l’occasion de « mettre l’accent sur la nécessité de redoubler d’efforts en vue de démanteler les réseaux criminels opérant dans la traite des personnes, tant au nord de la Méditerranée qu’en Afrique subsaharienne ».
Le Chef de l’Etat a tenu à souligner que notre pays a grandement souffert du phénomène de la migration irrégulière, pressant en contrepartie les pays du Nord à redoubler d’efforts afin que ces « victimes » puissent regagner leurs pays et mener une vie digne.
Le Chef de l’Etat a aussi souligné que « la Tunisie refuse catégoriquement de devenir un pays de transit ou d’installation pour ces migrants irréguliers et que la stabilité dans la région est un objectif commun qui sert les intérêts de tous ». En clair, la Tunisie ne badine pas avec sa souveraineté nationale, notamment face aux multiples approches à géométrie variable concernant le traitement des questions relatives aux droits humains, au terrorisme et à l’immigration irrégulière.
Il est bien utile de rappeler à ce titre la campagne orchestrée contre notre pays par des ONG internationales et quelques médias occidentaux, usant d’analyses à double vitesse et de fausses informations. Les réactions étaient pourtant bien mitigées face à la nouvelle politique prônée par le nouveau président américain Donald Trump en matière de lutte contre l’immigration clandestine. L’offensive anti-immigration annoncée dans son discours d’investiture visant à expulser des millions d’immigrés irréguliers est juste qualifiée de « radicale », rien de plus.
Certes, chacun voit midi à sa porte et le nouveau maître de la Maison-Blanche l’a fait savoir à tout le monde et tout le monde s’est tu comme par enchantement.
En prévision sur l’Afrique du Nord
Pour retourner maintenant à la question du débat public du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme en Afrique, la vice-secrétaire générale Amina Mohammed a mis en garde que « l’avenir de l’Afrique de l’Ouest tout entière est en jeu ».
C’est ce qu’il faut lire entre les lignes d’une telle déclaration. La situation pourrait bien empirer sur le plan sécuritaire pour les pays de l’Afrique du Nord, si de tels indices n’étaient pas pris au sérieux. Fort heureusement, un tel avertissement est déjà pris très au sérieux par les autorités des pays de l’Afrique du Nord. En effet, des militaires de haut rang de l’Algérie, de la Libye, de la Tunisie, du Soudan, du Tchad et du Niger se sont déjà rencontrés les 21 et 22 décembre 2024 en Libye, selon l’agence de presse libyenne. Au menu des rencontres, la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et le phénomène de l’immigration clandestine.
Pour lutter efficacement contre le terrorisme, Amina Mohammed avait appelé à développer « des solutions centrées sur les causes profondes du phénomène » arguant du fait que « le terrorisme se nourrit de la fragilité et de la pauvreté, des inégalités et de la désillusion ». En effet, la dégradation du contexte sécuritaire dans la région du Sahel accule des milliers d’enfants, de femmes et d’enfant à fuir leurs pays d’origine et à braver tous les dangers pour tenter de s’installer dans les pays de l’Afrique du Nord en raison de leur stabilité, ou de tenter le passage irrégulier vers la rive nord de la Méditerranée.
« Lorsque le financement du développement s’amenuise, lorsque des institutions fragiles s’accompagnent d’une gouvernance faible, lorsque les femmes et les jeunes sont exclus des prises de décision, lorsque les services publics sont rares ou inégaux, ces conditions créent un terrain fertile pour la radicalisation et le recrutement », a-t-elle expliqué.
Elle a également souligné l’importance d’intégrer des approches basées sur les droits humains, estimant que les mesures antiterroristes conduisent fréquemment à des atteintes aux droits fondamentaux.
Cette approche rejoint celle prônée par le Président Kaïs Saïed qui a préconisé, lors de sa rencontre avec la première ministre italienne Giorgia Meloni en juin 2023, une approche collective et ne pas se contenter des solutions sécuritaires.
Le Chef de l’Etat est allé encore plus loin en appelant à l’organisation d’un sommet qui réunit tous les pays concernés par cette question, du Sud et du Nord de la Méditerranée et de l’Afrique subsaharienne.