Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), bureau de Kairouan, a dénoncé, dans un communiqué publié jeudi, “l’absence d’informations précises concernant la situation hydrique dans la région d’Awled Khalifa, relevant de la délégation de Sbeitla, ainsi que la persistance du non-approvisionnement des habitants en eau potable, les privant ainsi de leur droit à l’eau”. Le Forum a rappelé que “le droit à l’eau est un droit fondamental de l’homme, consacré par la Constitution, que l’État doit garantir et rendre accessible à tous”.
Selon le FTDES, “la situation actuelle dans la région d’Awled Khalifa représente une atteinte grave aux droits économiques, sociaux et environnementaux des habitants. Ceux-ci sont privés d’eau potable et isolés des services essentiels à leur vie quotidienne”. L’organisation a exigé que les autorités “révèlent le sort des puits creusés pour les habitants, ainsi que les raisons de leur non-exploitation”.
Elle a également tenu les autorités responsables de “l’absence de raccordement des habitants au puits creusé par la société Sargaz” et appelé les autorités centrales et régionales à “intervenir de toute urgence pour sauver les habitants de la soif”.
Le Forum a précisé que cette région, qui compte environ 1500 habitants, manque cruellement d’eau potable. Depuis 2011, ses habitants réclament le creusement d’un puits pour mettre fin à leur calvaire. En effet, ils sont contraints de boire l’eau des mares, des marais salants, des oueds, ou d’acheter de l’eau acheminée par citernes, ce qui représente un fardeau financier écrasant. D’autres stockent l’eau de pluie, souvent impropre à la consommation selon les normes sanitaires.
Malgré de nombreuses revendications adressées aux autorités locales et régionales, les demandes des habitants se sont heurtées à une politique de procrastination et à des promesses non tenues. Certains habitants, désespérés, ont été contraints d’utiliser les eaux polluées et dangereuses de l’oued Hattab pour survivre et irriguer leurs cultures vivrières, principale source de revenus. Cependant, au lieu de répondre à ce besoin vital, les autorités ont engagé des poursuites judiciaires contre eux, les accusant d’atteinte au domaine public hydraulique. Cela a conduit à des arrestations et des procès.
Face à cette crise, la société Sargaz, dans le cadre d’une convention avec le gouvernorat de Kasserine, s’était engagée en 2021 à creuser un puits profond pour Awled Khalifa, dans le cadre d’un projet d’approvisionnement en eau potable financé à hauteur de 200 000 dinars. Cependant, ce puits a été creusé à 12 km de la région sous prétexte de l’épuisement de la nappe phréatique locale. Malgré l’engagement de la Banque africaine de développement à financer le raccordement des habitants, aucun progrès n’a été réalisé jusqu’à ce jour.
Par ailleurs, une association de la société civile a réussi à financer le creusement d’un autre puits à Awled Khalifa pour un coût d’environ 50 000 dinars. Toutefois, ce puits demeure inutilisé et les habitants n’y sont toujours pas raccordés.
Le FTDES appelle ainsi à des actions concrètes et urgentes pour résoudre cette crise qui, au-delà de priver les habitants d’un droit fondamental, menace leur santé, leur agriculture et leur avenir.