Elles s’achèvent… pour cette année seulement ! Les JMC se sont imposées comme un rendez-vous incontournable pour les musiciens, artistes, artisans venus de la région Mena, de l’Afrique et des régions méditerranéennes. Tout un écosystème musical a répondu présent du 18 au 24 janvier 2025 à Tunis pour le plus grand bonheur des mélomanes tunisiens. Les Journées se sont terminées en beauté avec «Chakâm», un trio féminin distingué.
La Presse — C’est un événement qui rassemble professionnels du secteur, talents émergents et passionnés mais pas que… Les JMC Market occupent tout un espace dans le Hall de la Cité de la culture, prêt à engluer les visiteurs dans un univers musical alternatif, modernisé et revisité.
Le marché, c’est le portail occupé par les artisans, depuis le commencement du festival. Une allée achalandée par leurs stands met en valeur des créations et des objets vintages qui ravissent petits et grands : habits, bijoux, objets rares, décoration… Elles sont uniques et séduisent. Le brouhaha et les rires des festivaliers se sont entendre à quelques pas, dans les quatre cabines bleues, marquées «VR » ou l’instant musique vécu en 360°, grâce à un casque, qui plonge l’utilisateur dans une expérience auditive et visuelle inédite. Les essais se font gratuitement et permettent une visite déambulatoire à l’avenue Habib Bourguiba, à la médina ou encore dans une oasis, ou dans des décors dépaysants. Deux arrêts qui n’ont cessé d’attirer curiosité et intérêt pendant toute la semaine.
Lieu de rencontres, lieu de vie
Les JMC ont pour mission de propulser les artistes qui montent et de mettre en lumière les talents émergents, issus du Maghreb, du monde arabe et des pays méditerranéens, mais la force de cette manifestation réside surtout dans sa mise en réseau, au savoir transmis et aux rencontres professionnelles programmées. Ainsi, les matinées sont consacrées aux sessions parallèles et à une programmation qui fait toute la richesse de cette 10e édition.
Au programme ? «Le digital comme tremplin artistique» masterclass modéré par Céline Hitti, manager d’artistes internationaux, à la tête de son agence de distribution «Believe». La musique napolitaine, décortiquée dans le cadre d’un autre masterclass, par le spécialiste de la musique ethnique, l’Italien Marcello Squillante. « La fabrique art studio par Femena+ », l’organisme spécialisé en management culturel artistique et dans la diversité des genres en Tunisie, a présenté sa vision et son travail effectué sur terrain, ou encore «Le tres Flamenco» et son lien étroit avec la musique andalouse qui a été évoqué par le chercheur Raùl Rodriguez dans un open stage musical. Lara Khoury est co-fondatrice de «Quartertone», une entreprise de services basée à Beyrouth, dédiée à l’accompagnement des artistes indépendants. L’intervenante se consacre à l’appui des artistes et à enrichir l’industrie musicale dans la région Mena. Elle est facilitatrice et gère des programmes de Montoring. Sa rencontre inaugurale du 19 janvier a rassemblé tout un public. Un quatuor de spécialistes Olivier Rey, Fabio Scopino, Anna Vilanova et David Sierra se sont rassemblés dans la salle Sophie el Golli, face à un public averti dans la matinée du 20 janvier 2025 pour présenter les Marchés musicaux en Méditerranée. Une aubaine pour les ambitieux et connaisseurs, désireux de propulser leur carrière. Olivier Rey est musicien et directeur de Babel Music XP, le forum économique et culturel des musiques du monde contemporaines, qui se tient à Marseille-France. Fabio Scopino est PDG, fondateur et directeur général d’« Italian World Beat ». Anna Vilanova dirige l’espace « Fira Mediterrània » depuis 2014. Une foire pluridisciplinaire, dédiée aux artistes. Le 4e intervenant n’est autre que David Sierra, directeur de l’agence espagnole «Sierra Contratación Artística». Il gère aussi des projets musicaux internationaux. Mohamed Ben Said et Eddie ont animé les «marchés de musique en Afrique». Un panel qui suscite l’intérêt. Mohamed ben Said est un professionnel engagé dans les industries culturelles et musicales, reconnu pour son expertise en production d’événements, gestion artistique et planification stratégique. Il est le producteur exécutif du Festival International de Dougga, participe activement à des programmes internationaux, tels que le «Global Music Leaders» du British Council, et a représenté la Tunisie dans des événements prestigieux comme le «Womex 2024» et « les Trans musicales de Rennes ». Eddie Hatitye est le directeur exécutif de la Fondation « Music In Africa » (Miaf), une organisation culturelle panafricaine qu’il dirige depuis sa création en 2011. En somme, il était dans un partage d’expériences édifiant. Nest, incubateur de renom de musique dans la région Mena et dans le monde arabe, a été modéré par Samer Jaradat. Jaradat est musicien et entrepreneur, spécialisé dans la gestion culturelle et musicale. Connaisseur et académicien en musique et en sciences des affaires, sa passion l’incite à expérimenter des concepts musicaux inédits. Son travail à l’international comprend des projets tels que «Arabi Gharbi» et «Music without Borders». «Nest» est un incubateur de musique, doté d’un programme de 5 mois dédié à l’autonomisation de musiciens issus de la région Mena. Il offre un mentoring personnalisé, un soutien à la production et des opportunités de réseautage.
Célébration de la musique
Le point fort des JMC reste sans doute ces concerts, organisés en grande partie dans la Cité de la culture. L’opéra, le théâtre des régions ou encore la salle des jeunes créateurs, avec son public debout, ont regorgé de festivaliers. Les concerts du soir ont pour la plupart été un succès. Elida Elmeida, une diva du Cap-Vert a mis le feu dans toute la salle pour un public moyennement nombreux.
Un dépaysement sonore et musical et un instant danse mémorable. Bigsam, l’artiste palestinien, a conquis ses innombrables fans, tous issus de la nouvelle génération. «Autostrade», le groupe jordanien, a chanté l’humain, les valeurs, l’appartenance dans une ambiance rocknroll et pop pimpante. Leur spectacle est celui qui a drainé le plus de monde.
«Tarraband», groupe irako-suédois, a mis le feu pendant 1h30. En guise d’ouverture, une autre icône scénique de la danse et de la chanson populaire espagnole, «La Jose», a séduit les festivaliers. Elle s’est emparée de la scène en alternance avec le groupe «Ars Nova Napoli». Ce même band italien qui n’a pas manqué sa prestation lors d’un concert de Rue accompli amplement, malgré quelques bémols techniques. Épi et Widad Jamma ont diffusé leur «Aïta mon amour» aux quatre coins de l’avenue, tout comme le son du patrimoine traditionnel musical tunisien mélangé à du blues et du jazz prôné par un «stambali fusion», sous l’égide de Belhassen Mihoub.
Le dernier jour, Rust le duo libano- syrien a enflammé la scène avant de céder la part belle au groupe irano-franco-palestinien Chakam avec leurs instruments rares et leur musique éclectique, qui fusionne patrimoine ancien musical et poésie.