Une rencontre sur la loi de finances 2025 a été organisée à Gafsa par l’Agence de promotion des industries et de l’innovation de Gafsa, ainsi que l’Institution de formation et d’accompagnement de Gafsa (FBL). Cette dernière a mis en avant les principaux enjeux de la loi.
La Presse— C’est devant une salle comble dans un hôtel de Gafsa que la conférence régionale, organisée conjointement par «FBL consulting & Academy » et l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (Apii), a tenté de faire la lumière sur la loi de finances 2025. Avec des réformes annoncées comme nécessaires, mais controversées, l’événement a permis d’explorer les enjeux de ce nouveau cadre fiscal. Le thème prôné, «changements clés et perspectives », a captivé une assistance nombreuse formée essentiellement de jeunes entrepreneurs, de spécialistes de la fiscalité, et d’hommes d’affaires.
Réforme pour stabiliser l’économie tunisienne
La conférence a mis en lumière les principaux enjeux de la loi de finances 2025, avec un accent particulier sur l’impôt sur les sociétés désormais situé entre 15 et 20 %, tout en mentionnant un effet rétroactif pour l’année 2024. Ce changement, présenté comme un moyen d’accroître les recettes fiscales de l’Etat, a suscité des réactions diverses. Toutefois, les experts présents ont souligné l’importance de cette réforme pour stabiliser l’économie tunisienne, tout en insistant sur la nécessité de soutenir les entreprises locales et opérant l’intérieur du pays. L’un des points marquants de la conférence a été l’accent mis sur l’importance du devoir national fiscal, notamment à travers l’impôt sur le revenu. Les conférenciers ont unanimement souligné que ce devoir devrait être partagé par l’ensemble des citoyens, y compris les artisans et particulièrement ceux qui exercent dans les petits métiers. Pour la première fois, la nouvelle loi de finances inclura cette catégorie de travailleurs dans le système fiscal. Chaque artisan sera désormais doté d’un code d’identification fiscale, marquant une étape majeure dans l’intégration des petits métiers au cadre fiscal national. Cette initiative est perçue comme un geste citoyen nécessaire pour renforcer la cohésion sociale et la justice fiscale en Tunisie.
Un compromis gagnant-gagnant
Hatem Fathallah, professeur universitaire, expert-comptable et formateur agrégé, a captivé l’attention lors de son intervention. Il a rappelé que la loi de finances est source de débats depuis 2011, et que la version de 2025 ne fait pas exception. Selon lui, cette année, c’est l’aspect social de la loi qui cristallise les tensions. Il ajoute : «Les échéances de l’Etat ont augmenté, imposant une mobilisation fiscale générale. Si la nouvelle loi de finances va permettre une augmentation de 15 à 20 % des recettes fiscales, cet apport est loin d’assurer un équilibre budgétaire stable. La mobilisation de toutes les couches sociales est une nécessité pour assurer la pérennité des réformes économiques à venir».
De son côté, Imène Mhamid, enseignante universitaire spécialisée en comptabilité et fiscalité, a également apporté un éclairage pertinent sur la situation. Elle a souligné que l’ampleur de la polémique autour de la loi de finances est en partie liée à l’implication de nouvelles catégories sociales dans le système fiscal. «Trop d’impôt tue l’impôt, a-t-elle rappelé, indiquant que certaines catégories doivent également être incluses dans la réforme, à l’instar des enseignants qui donnent des cours particuliers à domicile». Selon elle, une taxation à hauteur de 10 % sur cette activité serait un compromis gagnant-gagnant pour l’Etat et les enseignants. Alors que cette loi de finances 2025 promet de nouvelles recettes, la question centrale demeure : est-elle le levier dont la Tunisie a besoin pour assurer un avenir fiscal stable.? La question soulève aussi des interrogations sur la capacité de l’Etat à rétablir un équilibre financier durable.