Mercredi, la deuxième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis a rendu des jugements dans l’affaire dite « Instalingo », allant de cinq à 54 ans de prison. Les peines requises à l’encontre des accusés prévoient aussi la confiscation de biens ainsi que des amendes à l’encontre de 41 accusés, y compris ceux qui sont en fuite, selon l’avocat Mokhtar EL Jemi
L’affaire concerne des responsables de la sécurité, des blogueurs, des journalistes, des hommes d’affaires et des hommes politiques, dont le dirigeant d’Ennahda, Rached Ghannouchi, l’ancien Premier ministre Hichem Mechichi et l’ancienne directrice à la Nadia Akacha ancienne directrice du cabinet présidentiel, accusés de « conspiration contre la sécurité de l’État» en vertu des articles 61, 62 bis et 67 du code pénal.
Les avocats Mokhtar El Jami et Mohamed Ali Bouchaiba ont obtenu un certain nombre de ces jugements qui, selon eux, feront l’objet d’un appel :
* Hicham Machichi (35 ans de prison et 80.000 dinars d’amende)
* Rached Ghannouchi (22 ans de prison et 80.000 dinars d’amende)
* Rafik Abdessalam Bouchlaka (34 ans de prison)
* Samia Ghannouchi (25 ans de prison)
* Moaz Ghannouchi (35 ans de prison)
* Haitham Kehili(28 ans de prison)
* Salem Kehili (54 ans de prison)
* Yahya Kehili (18 ans de prison)
* Al-Sayed Al-Farjani (13 ans de prison et une amende de 50.000 dinars)
* Lazhar Longo (15 ans de prison et 300.000 dinars d’amende)
* Samia Sbabti (10 ans de prison)
* Tawfik Sebai (8 ans de prison)
* Mohamed Ali Laroui (13 ans de prison).
La Chambre a également condamné le blogueur Salim Jebali à 12 ans de prison, la journaliste Shatha Hadj Moubarak à 5 ans de prison, le blogueur Ashraf Barbouch à 6 ans de prison et le journaliste Shahrzad Akacha à 27 ans de prison par contumace.
Instalengo est une société basée à la Grande Citadelle de Sousse dans le domaine de la « création de contenu et de la communication numérique » dont le siège a été perquisitionné le 10 septembre 2021 suite à des informations selon lesquelles elle était soupçonnée d’être « impliquée dans l’atteinte à la sûreté de l’Etat, le blanchiment d’argent et l’offense à autrui à travers les médias sociaux », selon le Tribunal de Première Instance de Sousse.
Le tribunal de première instance de Sousse s’était saisi de l’affaire avant que le juge d’instruction ne décide, à la fin de l’année dernière, de l’abandonner et de la renvoyer à la section judiciaire de lutte contre le terrorisme.