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Alors que l’industrie figure parmi les secteurs les plus énergivores, l’optimisation de l’efficacité énergétique s’impose comme une nécessité. Entre modernisation des équipements, des procédés et recours aux énergies renouvelables, les entreprises tunisiennes doivent accélérer leur transition pour réduire leur consommation et renforcer leur compétitivité.
La Presse — « Selon les données de 2023, l’industrie est l’un des secteurs les plus énergivores. La répartition des sources d’énergie montre une forte dépendance aux énergies fossiles, ce qui accroît notre fragilité économique et environnementale », a fait savoir Marwa Tlili, ingénieure à l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (Anme), lors d’un webinaire organisé récemment par l’Agence pour traiter de la question de l’efficacité énergétique dans le secteur industriel.
L’ingénieure a rappelé, dans ce contexte, que l’engagement des entreprises industrielles dans une démarche d’efficacité énergétique est aujourd’hui indispensable, alors que la Tunisie est tenue d’atteindre ses objectifs de réduction de l’intensité carbone (-45 % d’ici 2030). Elle a ajouté qu’au-delà de son impact environnemental positif, l’optimisation de l’efficacité énergétique présente, également, des avantages économiques, puisqu’elle permet de réduire le coût de production jusqu’à 30 %, tout en contribuant à la sécurisation de l’approvisionnement énergétique, dans un contexte de volatilité des prix et d’exacerbation des tensions géopolitiques.
Comment s’y prendre ?
Selon Marwa Tlili, plusieurs mesures et actions peuvent améliorer l’efficacité énergétique des entreprises. Il s’agit principalement de la modernisation des équipements, notamment par le remplacement des moteurs électriques par des modèles à haute efficacité, l’installation de systèmes de ventilation et de climatisation performants ou encore le passage à l’éclairage LED. L’optimisation des procédés industriels figure, aussi, parmi les principaux leviers d’efficacité énergétique, puisqu’elle permet d’améliorer les rendements énergétiques. En outre, la gestion et le monitoring énergétique, grâce à la mise en place de systèmes de suivi en temps réel (smart meters, capteurs IoT), ainsi que le recours aux énergies renouvelables constituent des investissements rentables en termes de gains énergétiques et de réduction des coûts.
Concernant les mécanismes financiers que l’Anme met à disposition des entreprises industrielles pour les encourager à améliorer leur efficacité énergétique, l’ingénieure a précisé qu’il s’agit principalement de subventions financées par le Fonds de transition énergétique.
Ces aides permettent aux industriels d’investir avec un retour sur investissement rapide. Pour en bénéficier, l’entreprise doit réaliser un audit énergétique, une consultation préalable ou encore passer par une procédure simplifiée. Concrètement, elle sollicite un expert auditeur habilité par l’Anme pour établir un rapport et un plan d’action, validés ensuite par une commission technique. Une fois la décision ministérielle et le contrat-programme finalisés, l’entreprise peut déposer une demande de déblocage de la prime.
Une démarche minutieuse à suivre
Intervenant sur la maîtrise de l’énergie dans l’industrie, l’expert auditeur énergétique, Mohamed Ali Reghini, a souligné que le benchmarking constitue une étape préliminaire essentielle pour toute entreprise souhaitant mettre en place une politique d’efficacité énergétique. Ce benchmarking permet, en effet, à l’entreprise de se situer par rapport au marché en matière de consommation énergétique, de s’autoévaluer et d’assurer le suivi de sa consommation sur une période donnée. Selon lui, cette méthode repose essentiellement sur la collecte des données pour identifier les postes les plus énergivores, ainsi que sur l’analyse des écarts à l’aide d’un tableau de bord. L’optimisation du flux énergétique peut ensuite être réalisée à différents niveaux : à la source, par l’amélioration des processus ou encore par la réduction des pertes.
Concernant les mesures de conservation d’énergie dans l’industrie, l’expert a indiqué qu’il existe deux types d’actions. D’une part, les actions génériques, qui incluent notamment la révision des contrats énergétiques, l’optimisation de l’éclairage et l’optimisation de la consommation d’air comprimé. D’autre part, les actions spécifiques, qui concernent les industries énergivores comme la cimenterie et l’industrie chimique. Leur objectif est notamment de réduire l’énergie et le temps nécessaires à la production, en optimisant les paramètres de fabrication, en minimisant les pertes et en améliorant la gestion des flux de matières et d’énergie.