Accueil Culture Chroniques de la Byrsa – La « Saint Valentin », le retour aux sources ?

Chroniques de la Byrsa – La « Saint Valentin », le retour aux sources ?

La Presse — C’était trop mignon. Avant-hier, « jour de la Saint Valentin », faut-il le rappeler, ma séance de rasage quotidienne a coïncidé, comme souvent, avec le passage sur une radio privée d’une rubrique réservée aux auditeurs pour qu’ils s’y expriment à leur guise. Je prends plaisir à le faire parce que, souvent, avec beaucoup de pertinence, mais aussi, des fois, avec un humour décapant, ces incursions citoyennes sur les ondes reflètent le pouls de la rue.

Je me rasais donc au plus près de ma barbe lorsqu’intervint un auditeur sur le sujet du jour auquel, les jours précédents, la publicité pour divers produits de consommation courante ou occasionnelle, comme les articles cosmétiques ou les soirées dans des hôtels, avait largement préparé le terrain. Ce Monsieur expliquait que son fils, interpellé par la forte récurrence du thème de « la fête de l’amour » dans les messages qui assaillaient les auditeurs depuis plusieurs jours, a innocemment demandé à son géniteur de l’éclairer au sujet de « la chose ». « Je lui ai alors expliqué qu’il s’agit, pour les garçons comme lui, d’aimer les filles de son entourage à l’école ou en dehors comme il aime sa sœur. ». Et voilà, le tour est joué sans embarras apparent. Or, l’explication comporte une ambiguïté propre à ce type de raisonnement qui escamote l’aspect le plus évident de la chose pour en camoufler le sens réel.

Cette fête de la Saint Valentin a été célébrée par nos ancêtres durant au moins deux siècles

La fête de l’Amour a été créée à la fin du V° siècle par notre vénérable compatriote, le prénommé Gélase 1° (J’lassi, insistent certains), pape catholique de son état que la plupart d’entre nous s’entêtent à ignorer au lieu de le revendiquer haut et fort pour tirer de cette parenté gloire et, pourquoi pas, bénéfices matériels.

Il n’y a donc pas de quoi rougir en y revenant aujourd’hui, même dans des cercles fort restreints (mais tout de même plus larges que quelques décennies en arrière).

Une certaine résistance à la thématique même de l’amour qu’hypocritement certains milieux vont jusqu’à assimiler à l’impudence a amené quelques exégètes à expliquer, comme pour faire passer la pilule, qu’il y a plusieurs « versions » de l’amour : celui de ses parents, de ses enfants, de sa sœur ou de je ne sais quel autre partenaire, l’épouse se glissant subrepticement dans le lot. Et c’est tout. Or, la plupart de ceux qui en parlent pensent surtout à l’autre amour, celui qui est le moteur de la vie, entre l’homme et la femme.

Alors, au lieu de le couvrir d’opprobre du moment qu’il est célébré du matin au soir dans pratiquement toutes les chansons qui passent sur toutes les ondes et d’en faire un facteur de troubles intérieurs et de discorde parmi les individus, quel mal y aurait-il à expliquer l’amour dans la richesse de sa générosité ? A l’enseigner comme étant générateur d’harmonie, de cohésion et d’équilibre ? 

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