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La Presse — Le retour de Sami Trabelsi en sélection est une seconde chance pour lui. Douze ans après avoir quitté la sélection par la petite porte après une mauvaise CAN, Trabelsi, qui n’a pas eu un parcours varié et riche comme entraîneur avec cette atypique longévité au club qatari d’ «Al-Sylia», le revoilà de nouveau. Ce n’était pas le premier choix de la FTF (et il le sait), ce n’était pas également un coût élevé. C’était un choix «low cost» avec l’avantage de bien connaître l’équipe nationale d’abord comme joueur et puis comme entraîneur. Tout le monde parle de la période à venir des deux prochains matches de mars et des futurs choix de Sami Trabelsi. Mais personne ne s’est posé une question simple mais si considérable : est-ce que Sami Trabelsi a changé par rapport à l’épisode 2010-2013 où il a accédé, en toute surprise, aux commandes de la première équipe?
Tout l’enjeu et toute la curiosité sont là. A l’époque, l’ancien défenseur central a été «récompensé» pour sa carrière en accédant vite au staff technique des équipes nationales, puis au poste de sélectionneur olympique. Puis il a été adjoint de Benzarti à la CAN 2010 et ensuite de Marchand. Et tout d’un coup, son mentor qui l’a propulsé vite dans sa carrière, en l’occurrence Ali Hafsi, président de la FTF, décide de lui confier la sélection pour un match amical contre l’équipe de France de Domenech (1-1).
C’était une chance inouïe bien saisie et qui l’a accompagné pour un titre de Chan quelques jours après la révolution. Et puis, Sami Trabelsi a dirigé l’équipe nationale dans deux CAN. La première fut alléchante avec un immense volume de jeu, ensuite une piètre prestation et une élimination dès le premier tour en 2013. Dans tout cela, des dossiers tus et des secrets de vestiaires que Hamdi Harbaoui a exposés dans la fameuse polémique de l’époque. Indiscipline, joueurs influents qui avaient leur mot, en l’occurrence Balbouli et Msakni, et des reproches à Sami Trabelsi de ne pas bien préparer ses matches. Et toutes ces accusations lourdes n’ont pas été éclaircies. On n’a fait que sanctionner Harbaoui, banni par le clan influent des joueurs. Et depuis, l’équipe de Tunisie est assiégée et monopolisée par quelques joueurs puissants qui jouent quand ils le veulent, qui ne font pas les déplacements dans les pays africains lointains et chauds sous prétexte de blessures. C’est bien d’entendre Sami Trabelsi dire que le rappel en sélection est un devoir et que ceux qui ne veulent pas venir sont indésirables, mais va-t-il le faire? Est-ce qu’il a vraiment changé pour reprendre les choses avec une certaine autorité? Lors de cette décennie, il n’a entraîné qu’un seul club dans un championnat qatari ouvert aux joueurs à l’approche de leur retraite.
Maintenant, l’équipe nationale vit un conflit de générations. Celle de Msakni, Sassi, Dahmen, Skhiri contre celle de Mejbri, Ltaïef, Youssef et Mizouni.Une période transitoire douloureuse avec l’obligation d’aller au Mondial pour sauver la FTF.
Sami Trabelsi devra être un autre entraîneur que celui qu’il a été dans son premier passage. A-t-il vraiment évolué et mûri? On va le découvrir, mais le passé éclaire toujours le présent. A lui de se montrer intelligent , ferme et surtout capable de faire régner l’ordre et donner le mérite à chaque joueur.