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Mise à l’épreuve ou contrainte à une transformation d’une grande ampleur, l’entreprise tunisienne arrive, à toute épreuve, à trouver sa voie. C’est que malgré des freins qui ont la peau dure, elle continue de créer de l’emploi, de faire tourner l’économie et donc de contribuer à la création de la valeur ajoutée. C’est, en somme, le message qu’a lancé le président de la Conect, Aslen Berjeb, à l’ouverture de la conférence de presse qui a été organisée, hier, pour présenter les résultats du baromètre de la santé des PME tunisiennes, « Miqyès ».
La Presse — Dévoilant un diagnostic réaliste des PME tunisiennes ainsi que du contexte économique dans lequel elles évoluent, Aslen Berjeb a expliqué que, cette année trois axes majeurs ont émergé des résultats de « Miqyès », le baromètre de santé des PME tunisiennes. Le premier axe concerne l’accès au financement, qui doit être, selon ses dires, repensé pour accompagner la croissance. En effet, l’enquête a révélé que 48 % des PME n’ont même pas sollicité de financement.
D’après Berjeb, ce chiffre reflète une auto-exclusion du système bancaire, un comportement qui suscite des interrogations d’autant plus que 63 % des demandes de financement bancaire ont été acceptées.
S’agit-il d’une réticence de la part des PME ou d’un effet d’éviction ? Pour le président de la Conect, la question se pose et il faut s’y pencher pour en comprendre les dessous.
Une dynamique de montée en compétences
Le deuxième axe, relatif aux ressources humaines, met en avant la nécessité de leur valorisation à travers une dynamique de montée en compétences, tout en respectant la dignité humaine. « Nous sommes une organisation syndicale responsable et nous croyons dur comme fer en cette question », a-t-il commenté. Il a ajouté qu’une entreprise performante est celle qui respecte ses employés et investit dans leur développement. En termes d’employabilité, les résultats du baromètre ont révélé que chaque PME a créé en moyenne 1,33 emploi net, un chiffre qui témoigne, selon lui, de la résilience des entreprises tunisiennes malgré un contexte difficile.
Le troisième axe, qui ressort de cette 7e édition de « Miqyès », porte sur l’accès au marché sous ses diverses formes, en l’occurrence, les marchés local, international et financier. Le marché local demeure le principal débouché pour une majorité des PME tunisiennes (69 %), tandis que l’accès au marché international reste l’apanage des entreprises exportatrices (minoritaires), notamment celles implantées dans les grands centres économiques et les régions routières. Cela révèle, selon Berjeb, un déséquilibre géographique « qu’il faut absolument corriger ».
Il a souligné l’impératif d’adopter une nouvelle réglementation des changes, inspirée des économies les plus ouvertes, afin de stimuler la compétitivité de la Tunisie à l’international. Enfin par marché financier, le président de la Conect entend les moyens de paiement. Il a indiqué, en ce sens, qu’il est impératif de permettre l’émergence de nouveaux acteurs, tels que les FinTech, Startups…, afin de démocratiser l’accès aux solutions de paiement. Il considère que le monopole sur certaines transactions financières ne doit pas être un frein à l’ouverture et à la compétitivité.
La nouvelle réglementation des chèques : un exemple réussi du changement
Évoquant la nouvelle réglementation des chèques, le président de la Conect a affirmé qu’il s’agit bien d’un exemple de la volonté ferme d’accélérer le changement et la transformation. « Cette transformation a apporté plus de transparence, sécurisé les transactions et surtout recentré la prise de risque sur les institutions financières plutôt que sur les commerçants et les fournisseurs. Car l’objectif d’une économie performante, c’est de restaurer et de renforcer la confiance entre les acteurs », a-t-il noté.
Il a ajouté que la réaction d’adaptation des entreprises à cette nouvelle réglementation, manifestée entre autres, par des effets secondaires temporaires tels que la hausse de la masse des billets et monnaie en circulation et un retour plus marqué au cash, pose la question du sous-développement financier de la Tunisie. Ces effets immédiats ne doivent pas, selon ses propos, remettre en question la transformation. Car la rapidité d’action a primé les débats sur la nécessité du changement.
« Là où une transformation disruptive prend tout son sens, c’est dans la capacité d’adaptation qu’elle impose à l’écosystème. Elle impose un effort d’adaptation, elle bouscule les habitudes et force l’innovation et la créativité. C’est cela le propre d’une transformation réussie. Elle teste la résilience d’un écosystème et surtout stimule par la suite sa capacité à se réinventer. Et c’est précisément cette capacité d’adaptation qui fait la force de la Tunisie », a-t-il affirmé.
Et de conclure : « Nos entrepreneurs, ingénieurs, experts ont prouvé à maintes reprises, en quelques semaines, que face au changement, nous savons innover et transformer nos défis en opportunités ».