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Dans l’écrin de l’un des plus somptueux palais de la médina de Tunis à Bab Mnara, « Dar Hussein », siège de l’Institut National du Patrimoine (INP), a été inaugurée hier mercredi 19 février 2025 une exposition scientifique intitulée « Villes invisibles ou l’art de restituer les monuments disparus: villes de l’Antiquité tardive du sud de la péninsule Ibérique et de l’Afrique du Nord (300–800) ». Un événement-phare qui invite à découvrir, à travers les dernières avancées technologiques, l’histoire des cités antiques aujourd’hui enfouies sous le poids du temps et des bouleversements géopolitiques.
L’archéologie numérique au fil de la mémoire des cités antiques
Visible jusqu’au 19 mars 2025, cette exposition itinérante se distingue par son approche immersive et innovante. Grâce à une série de photographies, de maquettes et de vidéos en 3D, les visiteurs sont transportés à une époque où ces cités vibraient encore d’activités humaines. Un voyage qui retrace l’évolution et la disparition progressive de sites archéologiques situés en Espagne et en Tunisie, notamment Carthage (Maison de la rotande Vème siècle, avec une architecture et un luxe illustrant la permanence de l’aristocratie dans la cité) et Mactaris-l’actuelle Maktar (Basilique d’Hildeguns VIème siècle, époque byzantine).
Grace à la modélisation numérique, ces vestiges prennent vie sous leurs formes originelles, restituant ainsi les détails architecturaux et urbains qui témoignent de leur grandeur dans le passé. A travers ce dialogue entre archéologie et nouvelles technologies, l’exposition sous le commissariat de l’archéologue et chercheur Moheddine Chaouali invite à repenser la mémoire des cités disparues et à redonner vie à ces “villes invisibles” qui ont marqué l’histoire.
Ce projet est le fruit d’une collaboration scientifique internationale réunissant, dans le cadre du programme de recherche « Atlas », quatre institutions de quatre pays : l’Institut National du Patrimoine de Tunisie, la Casa de Velazquez en Espagne, l’Université de Hambourg en Allemagne et l’Université de La Rochelle en France.
Nouvelles escales après Tunis
La cérémonie d’inauguration, présidée par Tarek Baccouche, directeur général de l’INP, a été marquée par une conférence scientifique sur les différentes dynamiques qui ont façonné ces cités entre le IIIème et le VIIIème siècle, animée par des experts en histoire vandale et byzantine en l’occurrence l’archéologue et historien Taher Ghalia, et les professeurs universitaires Anna Leone (Royaume Uni) et Stefan Ardeleanu (Allemagne).
Après sa présentation à Tunis, l’exposition itinérante poursuivra son voyage à travers des musées tunisiens à partir du 19 mars 2025. Elle fera également escale dans la ville de Pau (France), offrant ainsi une résonance internationale aux travaux de recherche menés sur ces villes antiques oubliées, témoins silencieux d’un passé qui garde encore des traces à dévoiler.