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La réserve nationale de Oued Dekouk, située dans la délégation de Tataouine Sud, mérite davantage d’attention et de valorisation pour devenir une véritable station écotouristique intégrée. Ce site exceptionnel offrirait aux visiteurs locaux et internationaux, aux chercheurs et aux passionnés de nature, l’occasion unique d’explorer la biodiversité du désert, au milieu d’une grande variété de plantes, d’oiseaux et d’animaux rares.
Première réserve naturelle du triangle désertique du pays, avant celles de Sangher à Tataouine et de Sidi Toui à Médenine, Oued Dekouk est classée parmi les zones humides de la région. Créée en 2009, elle s’étend sur 5 700 hectares traversés par une source d’eau vive. La réserve est entièrement clôturée pour en réguler l’accès, avec des tours de surveillance assurant la sécurité du site. Elle est facilement accessible par la route régionale n°19, à environ 40 km au sud de Tataouine et au nord de Remada.
Oued Dekouk se distingue par son relief plat, abritant de nombreuses espèces végétales adaptées aux conditions arides mais vulnérables à la sécheresse et au surpâturage. La faune y est tout aussi riche, avec des gazelles, des oryx, des mouflons, des lièvres, des loups, des renards, des reptiles, des oiseaux migrateurs, sans oublier les chameaux qui peuplent le paysage désertique.
La réserve dispose également d’équipements qui enrichissent l’expérience des visiteurs : plusieurs puits aménagés, un musée surplombant la réserve, exposant d’anciennes machines agricoles, des outils traditionnels et des animaux naturalisés. Un centre d’hébergement a été créé pour accueillir chercheurs et amateurs d’aventure, offrant un espace propice à l’étude et à l’immersion dans la nature saharienne.
Des obstacles qui freinent le potentiel de la réserve
Malgré ses nombreux atouts, la réserve reste peu fréquentée en raison de procédures d’accès contraignantes. Les citoyens tunisiens doivent prendre rendez-vous auprès de la délégation régionale au développement agricole de Tataouine, tandis que les visiteurs étrangers doivent obtenir une autorisation de la Direction générale des forêts, via une agence de voyage ou une association. Cette réglementation stricte limite l’accès à un large public, même si les tarifs d’entrée sont très abordables : 1 dinar pour les adultes, 500 millimes pour les enfants et 5 dinars pour les étrangers.
Un responsable de la délégation régionale a confié à l’agence TAP que la réserve, tout comme le service forestier, souffre d’un manque criant de ressources humaines. Pourtant, avec un soutien renforcé, cette réserve pourrait devenir un pôle d’attraction pour le tourisme écologique et un levier de développement pour toute la région. La préservation de cet espace naturel contribue en effet à la protection du couvert végétal, à la sauvegarde des espèces rares et à l’amélioration du microclimat local.
La relance de l’association créée au début des années 2000 pour soutenir la réserve pourrait dynamiser ses activités et renforcer sa visibilité. Par ailleurs, un espace touristique avait été aménagé il y a plus de vingt ans de l’autre côté de la route, avec des pistes pour rallyes moto et des zones de camping. Malgré son raccordement à l’électricité et à l’eau potable, ce site a été délaissé et est retourné à l’état sauvage.
Certains acteurs locaux suggèrent de développer une vaste zone touristique dans cette région, qui possède tous les atouts pour réussir : une localisation stratégique sur la route régionale n°19 reliant Tataouine à la frontière libyenne, un environnement naturel préservé et un cadre idéal pour les activités de plein air et les séjours immersifs au cœur du désert.
Avec une meilleure gestion, des ressources humaines renforcées et une simplification des procédures d’accès, la réserve de Oued Dekouk pourrait devenir un véritable joyau du tourisme durable en Tunisie, attirant les amoureux de la nature, les chercheurs et les voyageurs en quête de découvertes authentiques.