Accueil A la une Crise du logement en Tunisie : Les conséquences de la non-application de la réduction des taux d’intérêt

Crise du logement en Tunisie : Les conséquences de la non-application de la réduction des taux d’intérêt

L’expert économique et spécialiste en risques financiers, Mourad Hattab, a mis en garde contre les conséquences de la non-application, par les banques publiques, de la décision relative à la baisse des taux d’intérêt. Selon lui, cette situation risque de provoquer une crise dans le secteur de l’habitat, menaçant ainsi les intérêts des promoteurs immobiliers et des clients.

Dans une déclaration à l’Agence TAP, Hattab a souligné que l’application de l’article 412 amendé du Code du commerce, qui prévoit une réduction des taux d’intérêt, représente une avancée dans la réforme du cadre législatif financier et bancaire en Tunisie. Cette disposition, alignée sur les normes internationales, vise à garantir que les crédits à long terme soient accordés à des taux fixes, protégeant ainsi les emprunteurs contre les fluctuations du marché. Il a également déploré que la non-application de cette loi prive de nombreux ménages de l’accès à un logement décent.

L’expert a révélé que certaines banques envisagent de supprimer certains programmes gouvernementaux de leur politique de financement, notamment le programme du premier logement, destiné à faciliter l’accès à la propriété. Selon lui, ces institutions justifient cette décision par l’impact potentiel de ces programmes sur leur rentabilité. Il a mis en garde contre ces pratiques, qui compromettent le rôle social de l’État et pénalisent les catégories sociales à revenu moyen et modeste.

Le président de la République, Kaïs Saïed, s’est entretenu le 21 février 2025 avec le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Fethi Zouhair Nouri, au Palais de Carthage. Cette rencontre a porté sur la mise en œuvre de l’article 412 du Code du commerce amendé, relatif à la réduction des taux d’intérêt fixes appliqués aux crédits. À cette occasion, le Chef de l’État a insisté sur le rôle de la BCT dans la supervision du secteur bancaire et sur la nécessité pour toutes les banques, publiques et privées, de se conformer aux lois en vigueur.

Mourad Hattab a par ailleurs souligné l’ampleur de l’endettement lié au logement en Tunisie. Selon les dernières données publiées par la BCT, l’encours des crédits immobiliers a atteint 12,9 milliards de dinars à la fin septembre 2024, tandis que les prêts destinés à l’amélioration des logements s’élèvent à 10,8 milliards de dinars. Les taux d’intérêt appliqués à ces crédits varient entre 10,86 % (taux effectif moyen) et 13,03 % (taux maximal), des niveaux jugés très élevés par l’expert.

Le secteur de l’habitat, pilier essentiel de l’économie nationale, fait face à une inflation continue des prix. Durant le premier trimestre 2024, l’indice des prix des actifs immobiliers résidentiels bâtis a enregistré une hausse de 3,5 % par rapport au trimestre précédent, selon l’Institut National de la Statistique (INS). Par ailleurs, les obligations financières du secteur envers les banques étaient estimées à environ 3,2 milliards de dinars à fin septembre 2024.

L’expert a averti qu’en l’absence de réformes structurelles du financement du logement, une crise majeure du secteur est inévitable, avec des répercussions sur l’ensemble de l’économie nationale. Il a également exprimé son étonnement face au blocage de plusieurs lois, retardant ainsi la mise en œuvre de projets nationaux et de mégaprojets essentiels au développement du pays.

Dans ce contexte, le ministère de l’Équipement et de l’Habitat travaille en collaboration avec les différentes parties prenantes pour élaborer une nouvelle stratégie visant à restructurer et dynamiser le secteur de l’habitat en Tunisie.

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