Accueil Culture «Zakharef 25» au Théâtre de l’Opéra de Tunis: Garfi, le grand retour

«Zakharef 25» au Théâtre de l’Opéra de Tunis: Garfi, le grand retour

Il s’agit d’une continuité du projet «Zakharef Arabia » entamé en 1993 et qui reprend les grands classiques de musique orientale. La reprise, après 15 ans de pause, est avant tout une célébration de l’héritage musical, mais tout en laissant la part belle à l’improvisation et à des collaborations inédites.

La Presse — Le Théâtre de l’Opéra, à la Cité de la culture de Tunis, a accueilli vendredi  21 février le concert « Zakharef 25 ». Cet événement marque le grand retour du chef d’orchestre tunisien Mohamed Garfi  qui a commencé sa carrière artistique au sein de l’Orchestre symphonique tunisien dès sa création en 1969. Il s’agit d’une continuité du projet «Zakharef Arabia » entamé en 1993 et qui reprend les grands classiques de musique orientale. La reprise, après 15 ans de pause, est avant tout une célébration de l’héritage musical, mais tout en laissant la part belle à l’improvisation et à des collaborations inédites.

En présence d’un large public, les musiciens et le chœur de l’Orchestre symphonique tunisien ont interprété un florilège des chansons classiques de la musique arabe. A ces instrumentistes remarquables se joignent le violoniste Béchir Selmi et les musiciens du quintet «Panam» Valentin Seignez-Bacquet, Domingo Mujica, Lionel Allemand et Guillaume Girma, dirigés par le violoniste Nedim Garfi. Ils ont été accompagnés en cette occasion par les voix des célèbres chanteurs Hassen Doss, Noureddine Beji et Asma Ben Ahmed. Ce voyage en musique prend vie grâce à la symbiose entre le prestigieux Orchestre symphonique tunisien et ses invités à l’enthousiasme unique. Sous la baguette du chef d’orchestre, Dr Mohamed Garfi, ils ont démontré encore une fois leur talent et leur capacité à réinterpréter ces œuvres célèbres en leur apportant un relief resplendissant.

Le programme de la soirée comprend, entre autres, des airs des frères Rahbani, de Farid Al Atrach, de Mohamed Abdelwahab, ainsi que des poèmes de Mahmoud Derouiche et Oussema Khouli, mis en musique par Mohamed Garfi lui-même.  Asma Ben Ahmed, dont la voix profonde révèle, dès le premier abord, une rare puissance expressive, a interprété avec beaucoup d’émotion «Horria», «Allamouni», «Lih Khalitni ahibbak».. Sa reprise de «Ya achikata al wardi» avec Chedi Garfi au piano a soulevé de longs applaudissements. Le passage de Hassen Doss était particulièrement remarquable avec «Ye allah tawakalna», «Ah men ah » ainsi que d’autres titres. Il leur a insufflé sa propre âme, redonnant un air nouveau aux chansons anciennes d’une manière inattendue. Avec ses expressions théâtrales et ses capacités vocales de ténor qui  ont réussi à séduire chez nous comme à l’international, il a livré une  prestation musicale singulière, à mi-chemin entre l’opéra et les rythmes traditionnels.

Les spectateurs étaient également enthousiasmés par les passages de Noureddine Beji dont la voix a bercé ces générations entières. De «Mawel» et «Chahgalouni», en passant par «Andak Bahria», en apportant sa touche personnelle à ces morceaux que nous connaissons par cœur, ces reprises étaient bien plus qu’une simple performance. Les trois chanteurs se sont succédé sur scène avant de clôturer le concert en trio pour chanter «Sayf fal yoch’har». Ce titre engagé, interprété avec la mosquée de Jérusalem en arrière-plan sur l’écran géant, est un hymne à la paix et à la résilience, bien ancré dans le contexte politique mondial.

Né d’une fascination pour les musiques orientales, «Zakharef 25» a été une immersion dans l’histoire musicale par cette rencontre entre le passé et le présent. D’ailleurs, le titre, traduit en français en «ornement», signifie en musique «une variation que l’on ajoute à une phrase musicale donnée avec l’intention de l’embellir». C’est une allusion à la vitalité incessante de l’expérience, de la découverte et du renouveau afin d’agrémenter les chansons classiques. Par cette traversée sélective du répertoire de célèbres chanteurs et musiciens, le jeune public a pu découvrir des morceaux anciens sous un jour nouveau, tout en offrant à un public plus âgé une forme de rétrospective musicale. Un concert haut de gamme dans l’ensemble qui a fait revivre les plus grands noms de la musique arabe sur la scène du Théâtre de l’Opéra en présentant un programme de qualité, en résonnance avec son temps.

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