
Le secteur bancaire est plus que jamais appelé à s’inscrire effi cacement dans la lutte de libération nationale. Une lutte sans merci contre la pauvreté, l’exclusion et la marginalisation. En d’autres termes, les banques, qu’elles soient publiques ou privées, doivent se débarrasser de la solution de facilité, à savoir l’accumulation des bénéfi ces sur le dos des consommateurs et la recherche des gains faciles. Des pratiques dépassées qui consistent à accorder des prêts de consommation ou de logement aux clients et d’imposer des taux d’intérêt très élevés. S’il est évident que les banques ont le droit de gagner de l’argent, il est également du devoir de ces institutions de contribuer au fi nancement de l’économie nationale, notamment à travers le fi nancement des projets.
Car seul l’encouragement à l’investissement est à même de créer de l’emploi et de la richesse. De son côté, la Banque centrale est appelée à jouer pleinement son rôle, à veiller à appliquer rigoureusement la loi et à rappeler aux banques la nécessité de s’inscrire dans une nouvelle logique favorisant l’intérêt national. Les banques sont dans l’obligation de respecter les orientations nationales et de contribuer à la relance économique du pays. Or, il paraît que la Banque centrale, elle-même, doit comprendre, une fois pour toutes, que son autonomie ne lui confère pas le statut de simple observateur des pratiques inacceptables de certaines banques. La BCT ne doit pas se contenter également de la défense des intérêts des riches au détriment des plus démunis. Car en maintenant toujours des taux directeurs inchangés, la Banque centrale ne fait que maintenir des prix de produits de consommation toujours élevés et un taux d’infl ation en hausse.
Une situation qui ne sert que les intérêts des détenteurs de capitaux aux dépens aussi bien des consommateurs que des investisseurs. Ainsi, on peut comprendre les voix qui s’élèvent pour appeler à réviser le statut même de la Banque centrale qui pose désormais problème. Une initiative législative s’impose dans ce sens, car on n’a pas besoin, surtout en cette période de lutte de libération nationale, d’un « Etat dans l’Etat ». Le principe de l’autonomie de la Banque centrale est de plus en plus mis en cause.
Répartition équitable des richesses
Sur un autre plan, la Tunisie, qui cherche actuellement à diversifi er sa coopération économique et à trouver de nouveaux marchés, n’a nullement l’intention de se «débarrasser» de ses partenaires classiques, notamment européens et américains. Contrairement à ce que prétendent certaines mauvaises langues, notre pays a toujours été un carrefour d’échanges tous azimuts. Et c’est légitime. Car tous les pays, y compris les plus développés, cherchent activement de nouveaux marchés pour dynamiser leurs économies frappées de plein fouet par les retombées de la crise sanitaire mondiale. C’est ainsi que l’économie européenne, notamment allemande, sent plus que jamais les répercussions de cette crise; ce qui les oblige à trouver la solution hors des frontières européennes. Faut-il rappeler que notre premier partenaire économique, l’Union européenne, souffre lui-même d’une récession économique sans précédent.
Il suffi t de savoir que la croissance économique européenne pour cette année est estimée à seulement 0,8%. Un taux alarmant non seulement pour l’U.E. mais aussi et surtout pour ses partenaires classiques, nomment la Tunisie. Ce petit pays, qui ne dispose ni de grandes richesses naturelles ni d’une grande demande intérieure, est dans l’obligation de nouer de nouvelles relations économiques lui permettant d’assurer une croissance économique soutenue. Il s’agit là de choix stratégiques nationaux et souverains.
A l’instar de tous les pays du monde, la Tunisie a le droit de trouver les moyens de dynamiser son économie nationale en toute liberté et souveraineté. Une démarche légitime nourrie d’un sens patriotique mais aussi d’une volonté de garantir une répartition équitable des richesses nationales, synonyme de paix sociale. N’en déplaise à ses détracteurs, la Tunisie a déjà fait son choix: vers un Etat social qui peut donner un vrai sens aux demandes de la révolution : emploi, liberté et dignité.