La Presse — Dans le paysage culturel tunisien, la notion de ciné-club est si profondément ancrée qu’elle semble faire partie de la structure mentale collective. On est pour ainsi dire né et fait pour vivre avec. C’est là le milieu d’accueil naturel vers lequel on se dirige sitôt sorti de son cocon familial. On y va comme on va à l’école. En fait, c’est l’école de la citoyenneté par excellence. Pourquoi ? Parce que c’est là qu’on forge sa personnalité dans la découverte et dans le débat.
L’origine de l’idée de ciné—club faut-il s’en étonner ? — eut lieu en avril 1907 dans la Ville lumière, Paris. C’était, nous apprend Wikipedia, «dans le but de conserver et mettre à la disposition de ses membres tous les documents et productions cinématographiques existants. Il est également pourvu d’une salle de projection». Mais ce n’est qu’en 1920 qu’on voit naître le premier ciné-club dans l’acception moderne du terme, c’est-à-dire un espace de découverte et d’échanges dans ou autour de salles de projection, animé par des spécialistes du 7e art.
L’idée connaît dès lors un succès considérable jusqu’à atteindre plusieurs milliers de ciné-clubs dans l’Entre-deux-guerres. Et c’est au sortir de la Seconde Guerre mondiale qu’est implanté en Tunisie le premier de ces espaces. C’était en avril 1949. Et le succès de la formule fut tel qu’en 1954 feu Tahar Chériaâ, premier président tunisien de cette association, a fondé la Fédération tunisienne des ciné-clubs (Ftcc) qui, depuis, n’a cessé d’agir dans ce domaine avec des hauts et des bas mais avec constance et une remarquable faculté d’adaptation à l’évolution de la discipline et du public.
Une véritable école dans laquelle
se sont formés cinéastes et critiques de cinéma tunisiens
Un extrait de la «charte» de l’association précise : «Le ciné-club de Tunis est né d’une conviction fondamentale que le cinéma revêt une importance primordiale au niveau de l’esthétique et en tant que vecteur de la vision du créateur susceptible d’influer sur le cinéphile avec ce que cela suppose comme particularités, en rupture avec la torpeur et la médiocrité ambiantes, l’amour et la connaissance du cinéma. La formation d’un public actif et exigeant et l’initiation à la citoyenneté sont les objectifs du ciné-club tels que définis par la Fédération internationale des ciné-clubs».
A la lumière de cette philosophie et au fil des décennies, «la Ftcc est devenue une véritable école dans laquelle se sont formés un nombre considérable de cinéastes et de critiques de cinéma tunisiens».
Un réseau de 30 ciné-clubs répartis sur un certain nombre de villes dans le pays constituent l’armature de la Ftcc et assurent d’une façon régulière la projection et la discussion de films en provenance de différentes régions du monde. Ils participent également à la mise en œuvre du programme de la Fédération qui développe plusieurs thématiques annuelles ou conjoncturelle.
(A suivre)
