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Des interactions qui nourrissent la réflexion des étudiants, élargissent leur vision artistique et leur offrent une perspective enrichissante sur le monde de l’art contemporain.
Le samedi 22 février 2025, le Centre international de culture et d’arts au palais Abdellia de La Marsa a accueilli l’événement «Massarat». L’espace, récemment rénové et restauré, a reçu trois artistes : Sadika Keskes, le cinéaste Lotfi Achour et le compositeur Mohamed Ali Kammoun, qui ont partagé leurs expériences et parcours artistiques avec un public composé d’étudiants de diverses disciplines artistiques et de passionnés d’art.
Les invités de «Massarat» ont d’abord assisté à la projection de deux courts-métrages de Lotfi Achour : «Father» (17 minutes, 2014) et «La laine sur le dos» (15 minutes, 2016). « Father», un film de fiction, a remporté le Grand Prix du Festival International du Film d’Abou Dhabi. Il raconte l’histoire de «Hadi», un chauffeur de taxi en Tunisie, qui, une nuit, prend en charge une jeune femme enceinte, ce qui déclenche une série d’événements à la fois drôles et tragiques qui changent sa vie. «La laine sur le dos» a été le seul film arabe à être présenté dans la compétition de courts-métrages au Festival de Cannes 2016. Le film explore la relation entre les citoyens et l’appareil sécuritaire à travers l’histoire d’un commerçant de bétail, victime d’une extorsion par deux policiers.
La deuxième partie de l’événement a été consacrée au parcours de Sadika Keskes, avec la projection d’une interview télévisée dans laquelle elle évoque son expérience dans l’art du soufflage de verre et le récit de son combat personnel. C’est une artiste qui a su allier passion et résilience à travers sa pratique du soufflage de verre. Dans cette interview, elle revient sur son parcours atypique, marqué par une immersion dans un métier exigeant et fascinant. Son engagement dans cet art est d’autant plus remarquable qu’il se double d’un combat personnel qu’elle partage avec sincérité. À travers ses créations, Sadika transcende les défis de sa vie, transformant chaque pièce en une métaphore de son propre cheminement. Le verre, à la fois fragile et solide, devient le reflet de sa force intérieure et de sa capacité à se réinventer. L’artiste n’est pas seulement une technicienne du soufflage, mais une véritable narratrice qui, à travers son art, livre une profonde réflexion sur l’identité et la résilience.
À l’extérieur, dans le jardin du Centre international de culture et d’arts du Palais Abdellia, le public a participé à une discussion enrichissante avec les invités de «Massarat», qui ont abordé les moments clés de leurs parcours artistiques, leurs débuts, les principales difficultés rencontrées et comment chacun a défendu et poursuivi son rêve.
L’événement s’est conclu par une performance musicale de Mohamed Ali Kammoun, qui a présenté «Al-Nouba Al-Mouattara», la première pièce de son projet musical «24 Parfums». La performance, inspirée de la musique soufie andalouse, est le fruit d’un projet musical de recherche qu’il a mené avec des maîtres de la «Azouzia» et du Malouf.
La rencontre entre les trois artistes et les étudiants des écoles d’art représente une occasion unique d’enrichir les pratiques créatives et de tisser des liens entre générations d’artistes. Dans ce cadre, les étudiants ont pu, non seulement découvrir des parcours professionnels inspirants, mais aussi bénéficier d’échanges précieux avec des artistes en activité, qui partagent leurs expériences, leurs processus et leurs défis. Ces interactions nourrissent la réflexion des étudiants, élargissent leur vision artistique et offrent une perspective enrichissante sur le monde de l’art contemporain. À travers ces dialogues, les frontières entre apprentissage et pratique se dissolvent, ouvrant la voie à une créativité collective qui dépasse les frontières des disciplines, tout en permettant aux artistes de repenser leur propre trajectoire à l’aune des regards neufs des jeunes générations.