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Bien que les ventes des voitures nouvellement immatriculées importées ont enregistré une légère croissance, les concessionnaires automobiles font face à de nombreuses contraintes qui freinent l’essor du marché automobile en Tunisie. Pour apporter une nouvelle dynamique à un secteur confronté à une concurrence de plus en plus rude du marché parallèle alimenté par les voitures ré-immatriculées, la Chambre nationale des constructeurs et des concessionnaires automobiles a présenté une série de recommandations au ministère du Commerce. Ibrahim Debbache a bien voulu apporter des éclairages sur les contraintes qui pèsent sur les concessionnaires automobiles et les solutions pour y remédier
Quelles sont les recommandations et les préconisations que vous avez présentées au ministère du Commerce afin de booster le marché automobile en Tunisie et d’alléger les contraintes auxquelles font face aujourd’hui les concessionnaires automobiles?
L’une des recommandations que nous avons émises concerne le volume d’importation annuel des voitures, fixé par le ministère du Commerce. En 2024, il s’est élevé à 46.000 voitures et en 2025, le volume a été fixé à 50.000 voitures. Or, la demande sur le marché est supérieure à ce volume d’importation annuel, c’est pourquoi nous avons demandé à ce qu’il soit revu à la hausse. Enfin, nous désirons aussi, en tant que concessionnaires automobiles, encourager la mobilité électrique en Tunisie à travers la voiture électrique et établir avec le ministère de tutelle des programmes d’importation sur trois ans et non sur un an.
Quels sont les principaux problèmes liés à la commercialisation des voitures populaires pour les concessionnaires automobiles? Pourquoi le délai d’attente est trop long pour le citoyen?
Le délai d’attente est considérablement long parce que la liste d’attente des citoyens désirant acquérir une voiture populaire est très longue.Nous avons actuellement 100.000 demandes de voitures populaires alors que le quota annuel de vente de voitures populaires a été fixé à 10.000. Par conséquent, il faut attendre au minimum dix ans pour acquérir une voiture populaire. Le problème qui existe, par ailleurs, aujourd’hui réside dans le fait que le prix à la vente de la voiture populaire a été plafonné par le ministère du Commerce l’année dernière.
Lorsque ce plafonnement n’existait pas, il y avait 12 à 13 marques de voitures populaires qui étaient importées et commercialisées en Tunisie. La fourchette des prix permettait, en effet, d’avoir accès à plusieurs marques de voitures populaires. Aujourd’hui, ce plafonnement du prix a induit une limite de la disponibilité des marques des voitures populaires et on se retrouve, par ricochet, avec juste cinq à six marques qui entrent dans ce plafond de 35.000 dinars. Dans les voitures populaires, il y a différentes catégories et segments de voitures. Il y a de petites cylindrées, des voitures de petit format et des voitures un peu plus grandes qui font l’objet d’une forte demande.
Sur les 100.000 demandes en attente, la majorité concerne des voitures populaires grand format qui n’entrent pas dans le plafond qui nous a été fixé, c’est pour cette raison nous avons demandé à le rehausser de quelques milliers de dinars pour pouvoir satisfaire le maximum de demandes de voitures populaires, parce que la voiture populaire est avant tout une voiture familiale ce qui explique que les citoyens sont à la recherche d’une voiture populaire de grand format et non de petit format
Les voitures cinq chevaux peuvent-elles être incluses un jour dans le régime des voitures populaires afin de diversifier l’offre sur le marché automobile?
Ce n’est pas une question de 4 CV ou de 5 CV mais plutôt une question de régime. La voiture qui répond à des caractéristiques bien précises. C’est une voiture inférieure à 1.200 Cm3 et de puissance 4 chevaux. Pour permettre de diversifier l’offre et de répondre à la demande, il faudrait réduire les taxes qui ont été augmentées en 2018 sur les voitures hors régime populaire mais qui se trouvent dans le même segment. Il faut savoir qu’on passe d’une taxe de 7% sur la voiture populaire à une taxe de plus de 49% entre la TVA et les droits de consommation sur les voitures hors régime populaire mais qui se trouvent dans le même segment. Il faudrait, comme je l’ai souligné, plutôt revoir à la baisse les taxes sur les voitures.
Pouvez-vous nous décortiquer le coût d’une voiture importée? Combien va dans la poche du concessionnaire automobile?
Alors nous avons 40% du coût qui correspond au prix d’achat, au coût de la logistique, du transport… 50% vont aux taxes, et les 10 % restants correspondent au chiffre d’affaires du concessionnaire automobile.
Quel problème pose la levée de l’incessibilité d’une année pour les voitures FCR?
Nous ne sommes pas contre l’avantage fiscal destiné à un résident à l’étranger dès lors que c’est pour son usage personnel ou celui d’un membre de sa famille. Il reste que l’incessibilité d’une année imposée aux voitures FCR est un élément important. Elle permet d’éviter le commerce de cet avantage fiscal qui correspond à un abattement important des taxes réalisé au profit d’un Tunisien résidant à l’étranger qui importe une voiture en franchise totale ou partielle. Pour éviter qu’il profite de cet avantage fiscal en le vendant, il y avait cette incessibilité d’un an. Dès l’instant où cette incessibilité a été levée, nous avons observé une augmentation importante des ventes des voitures ré-immatriculées qui représentent aujourd’hui 30% du marché automobile.