
Au début, c’était une issue et un refuge pour les démunis mais depuis 2011, et avec la crise qui frappe les bourses, c’est la soupape de sécurité pour la plupart des Tunisiens. Mais qu’en est-il des conditions d’exercice ?
À Gafsa, une ville dans laquelle le tissu économique n’est hélas, pas assez développé, et où, à cause de la rareté des opportunités d’emploi, les marchands de friperie vivent un véritable calvaire. Ces vendeurs, qui se spécialisent dans la vente de vêtements de seconde main, font face à des conditions de travail de plus en plus difficiles. Cette situation est exacerbée par la crise économique qui frappe tout le pays, entraînant une baisse du pouvoir d’achat des consommateurs.
En plus de la diminution des clients, les marchands doivent affronter une série de défis qui compliquent encore plus leur activité. Les conditions météorologiques extrêmes, qu’il s’agisse de la chaleur étouffante en été ou du froid mordant en hiver, les obligent à travailler dans des environnements éprouvants. De surcroît, l’absence d’infrastructures adéquates, comme des espaces de vente protégés, contribue à rendre leur quotidien plus pénible.
Naceur, 45 ans, marchand ambulant, argumente les pratiques illicites : «En l’absence d’une surface aménagée qui nous abrite, nous sommes contraints d’aller chercher le client pour lui exposer des fringues. C’est fatigant de pousser sa brouette à longueur de journée. Le secteur devrait observer une réorganisation. À cela s’ajoute la concurrence grandissante des vêtements neufs à bas prix, souvent importés et vendus à des tarifs compétitifs. Ce phénomène affecte considérablement la demande de vêtements d’occasion, autrefois très prisée par une grande partie de la population ».
Le son de cloche est différent pour Mokhtar ; 56 ans, installé dans une boutique de l’autre côté de la ville ; mais les requêtes sont presque identiques : « Le principal problème du secteur est l’absence d’un marché qui rassemble tous ceux qui exercent dans la friperie. Dans cette avenue considérée comme notre terrain, nous sommes 18 marchands installés, mais le loyer est exorbitant face à des recettes dérisoires ».
Les marchands de friperie, souvent sans autre source de revenu, se retrouvent dans une situation de précarité alarmante. Ils expriment leur frustration face à l’absence de soutien de la part des autorités locales. En effet, plusieurs d’entre eux appellent à une meilleure régulation de leur secteur et à la mise en place de mesures pour améliorer leurs conditions de travail, comme la construction d’un marché couvert ou la mise en place de programmes de soutien économique.
Malgré les nombreuses difficultés, ces vendeurs continuent à se battre pour survivre, tenant tête aux crises économiques successives. Mais sans des actions concrètes de la part des autorités, leur situation pourrait encore se détériorer, mettant en péril un secteur vital pour de nombreuses familles dans la région de Gafsa.