
Le taux d’inflation en Tunisie a reculé à 5,7 % en février 2025, contre 6 % en janvier, selon les données publiées par l’Institut national de la statistique. Cette baisse s’explique principalement par un ralentissement de la hausse des prix dans plusieurs secteurs clés.
L’ancien ministre et expert en économie, Mohsen Hassan, a détaillé jeudi 6 mars les facteurs à l’origine de cette évolution. Lors de son passage sur les ondes d’Express Fm, il a expliqué que la hausse des prix des denrées alimentaires a ralenti pour atteindre 7 % fin février, contre 7,1 % en janvier, grâce à une amélioration de l’offre et des approvisionnements sur le marché tunisien. Cette baisse du rythme d’augmentation ne signifie cependant pas une diminution des prix, mais plutôt une moindre accélération des hausses.
Le ralentissement a également touché d’autres secteurs. Les prix des vêtements et chaussures ont progressé de 8,6 % en février, contre 9,7 % en janvier, notamment en raison de la période des soldes. Le secteur de la santé a connu une chute significative de la hausse des prix, qui est passée de 9,1 % en janvier à 4 % en février. Ces évolutions combinées ont contribué à ramener l’inflation globale à 5,7 %. Même l’inflation sous-jacente, qui exclut les produits alimentaires et énergétiques, a suivi cette tendance à la baisse, atteignant 5,7 % contre 6 % en janvier.
Mohsen Hassan a souligné que ces résultats sont aussi le fruit de la politique monétaire restrictive menée par la Banque centrale de Tunisie. En maintenant un taux d’intérêt directeur élevé, la Banque centrale a réussi à stabiliser le taux de change et à limiter les pressions inflationnistes. Toutefois, l’économiste a mis en garde contre les effets secondaires de cette stratégie, qui a freiné l’investissement, réduit la compétitivité des entreprises et aggravé la récession économique.
L’expert a également averti que cette accalmie pourrait être temporaire. La période du Ramadan risque d’entraîner une nouvelle hausse des prix alimentaires, portée par une demande accrue et des défaillances persistantes dans les circuits de distribution. Le manque de contrôle et de dissuasion face aux infractions commerciales risque d’amplifier cette tendance, compromettant ainsi les gains réalisés sur le front de l’inflation.
Face à cette situation, Mohsen Hassan a appelé à une révision urgente de la politique monétaire. Il a estimé que la Banque centrale devrait envisager de baisser le taux d’intérêt directeur pour stimuler la demande intérieure et soutenir l’activité économique. Il a également exhorté le gouvernement à intensifier ses efforts pour lutter contre les causes structurelles de l’inflation, notamment en améliorant les circuits de distribution, en renforçant les mécanismes de contrôle des prix et en révisant la législation sur la concurrence pour mieux sanctionner les abus.
Selon lui, l’inflation en Tunisie reste avant tout un problème structurel lié à une insuffisance de l’offre et à des dysfonctionnements dans les systèmes de production et de distribution. Il a plaidé pour des réformes visant à moderniser les marchés de gros, à encourager la production locale et à renforcer la surveillance des pratiques commerciales.
Mohsen Hassan a conclu en soulignant l’urgence d’une approche plus équilibrée. Il a rappelé que la demande intérieure avait augmenté de 7,1 % en 2024 sans que l’offre ne suive, ce qui reste l’un des principaux moteurs de l’inflation. Il a estimé que maintenir des taux d’intérêt élevés dans un contexte de récession prolongée risquait d’épuiser davantage le tissu économique tunisien et d’aggraver la précarité des ménages.