Accueil Culture Ghalia Ben Ali ouvre le Festival de la Médina : Toujours égale à elle-même

Ghalia Ben Ali ouvre le Festival de la Médina : Toujours égale à elle-même

Après la Kharja Aissaouia et la « Lamma » de la troupe des cheikhs de musique soufie, la chanteuse Ghalia Ben Ali a donné le coup d’envoi de la 41e édition du Festival de la Médina de Tunis.

Le public est venu en masse, la soirée du 7 mars, découvrir le spectacle « Hadhret ichk » au théâtre municipal de Tunis. C’est un univers singulier que l’artiste façonne, avec son timbre de voix particulier mêlé à des textes aussi puissants que thérapeutiques autour de l’amour et du soufisme. 

Très tôt marquée par Om Kalthoum et la poésie arabe, Ghalia Ben Ali, qui est installée en Belgique depuis son jeune âge, condense l’esprit de ses idoles de jeunesse. Elle s’est imposée par un répertoire à la lisière du passé et du présent et des arrangements novateurs, devenant ainsi l’architecte d’une musique de l’entre-deux.  

Sous les applaudissements, elle est apparue sur scène avec sa coiffure et son style vestimentaire particuliers qui font tout son charme.

L’artiste a choisi de commencer son spectacle en chantant un poème de Mahmoud Darwich sans accompagnement musical. Ce n’est qu’après que ses cinq musiciens l’ont rejointe sur scène. Il y avait Moufadhel Adhoum au luth, Chawki Kifaya à la contrebasse, Hamza Obba au violon, Nasreddine Chebli aux percussions et le trompettiste belge Laurent Blondiau.

On s’abandonne aussitôt à l’énergie brute de Ghalia Ben Ali, tout en découvrant des textes qui narrent un parcours jalonné de déceptions et de réjouissances. Elle a repris une chanson de Rabaâ Al Adawia, un morceau de «Al Atlal» de Oum Kolthoum ainsi que le célèbre «Wallahi me talaat chams w la gharobat » de Mansur al-Hallaj. Ce  poème datant du Xe siècle est mis en musique par Omar Khayrat. Au programme figurent aussi des vers du Tunisien Saif Krimi, de l’Irakien Moufid Beldaoui, du Soudanais Mohamed Fitouri et bien d’autres poèmes sublimés par l’interprétation de Ghalia Ben Ali.

L’un de ses principaux points forts, en dehors de son talent indéniable, est que si elle chante majoritairement en arabe littéraire, elle saupoudre son spectacle de mouvements de danse et d’improvisations. Dans cet univers qui lui est propre, elle s’est montrée émotive et sincère mais aussi exaltée, spontanée et s’autorisant à divaguer pour mieux surprendre son public. Sa prestation basée sur une fusion d’influences s’est libérée des règles.

Elle se donne un pouvoir d’invention et de création en exploitant toutes les ressources des sonorités, des rythmes et des mouvements. Le concert a été fantasque, s’écartant du conformisme imposé d’habitude par les poèmes en arabe littéraire et défiant les genres et les cultures. La chanteuse n’a pas manqué de s’adresser directement au public et de sympathiser avec ses musiciens. D’ailleurs, la fin du spectacle a été réservée à une performance instrumentale fortement applaudie par les spectateurs. 

Toujours égale à elle-même, Ghalia Ben Ali a fait le bonheur du public pour cette première soirée du festival de la Médina. Notons que les spectacles se poursuivent quotidiennement jusqu’au 28 mars au Théâtre municipal de Tunis et au sein de  monuments emblématiques de la Médina de Tunis. La line-up inclut divers genres musicaux entre tunisien, oriental, soufi, tarab, malouf et jazz ainsi qu’une pièce de théâtre. Parmi les grands noms à l’affiche du festival figurent Raouf Maher, Malek Lakhoua, Chokri Omar Hannachi, Dorsaf Hamdani, le Syrien Abdallah Marish et bien d’autres. Nous y reviendrons.

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