
Les barrages tunisiens ont enregistré, au 14 mars 2025, un stock d’eau estimé à 846 millions de mètres cubes, représentant un taux de remplissage de 35,7 %. Ce chiffre marque une diminution de 25 millions de mètres cubes par rapport à la même date de l’année précédente et de 46 millions de mètres cubes par rapport à la moyenne des trois dernières années. Au 14 mars 2023, le taux de remplissage des barrages était de 31,2 %, un niveau historiquement bas pour cette période, et le plus faible enregistré au cours des huit dernières années.
En effet, au cours des cinq dernières années, les niveaux des barrages ont varié de manière significative. En 2018, les réserves en eau avaient atteint 972 millions de mètres cubes, tandis qu’en 2019, elles avaient frôlé les 1,7 milliard de mètres cubes avec un taux de remplissage de 77 %. En 2020, le taux était de 63,6 %, suivi de 50,7 % en 2021 et de 48,9 % en 2022. En 2024, le taux de remplissage des barrages était de 37,7 %.
Depuis le début de la saison agricole 2024-2025, les apports en eau ont totalisé 658 millions de mètres cubes, représentant 49 % de la moyenne pour cette période, qui s’élève à 1,346 milliard de mètres cubes. Cette baisse des réserves en eau pourrait avoir des conséquences importantes pour l’agriculture, qui utilise une grande partie des ressources en eau du pays.
L’année 2023 a été particulièrement marquée par des conditions climatiques extrêmes, avec des températures plus élevées que la moyenne et une baisse des précipitations de 20 %. Selon le rapport annuel du Bureau de la planification et des équilibres financiers, l’évaporation des barrages a représenté 17 % des apports totaux en raison des températures élevées, avec environ 900 000 mètres cubes d’eau évaporés chaque jour.
Le secteur agricole a utilisé 76 % des ressources en eau, tandis que 21 % ont été destinées à l’approvisionnement en eau potable et 3 % aux besoins de l’industrie et du tourisme. Un ajustement a été effectué pour limiter les quantités d’eau allouées à l’irrigation, afin de préserver les réserves pour la consommation humaine et les autres besoins vitaux.
L’année 2023 a également été l’une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées en Tunisie, avec des records de température atteignant 49,1°C à Gabès et Medenine le 25 juillet. L’automne 2023 a été le plus chaud depuis 1950, avec une hausse de la température de 2°C par rapport aux moyennes habituelles. Ces conditions de chaleur extrême ont accentué la pression sur les ressources en eau du pays.
En dépit de ces défis, la couverture en eau potable reste élevée, avec un taux de 98,5 % à l’échelle nationale. Ce taux atteint 100 % dans les zones urbaines et 95,3 % dans les zones rurales. Quant au raccordement aux réseaux d’assainissement, il s’élève à 65 %, avec pour objectif de passer à 70 % d’ici 2030.
En ce qui concerne dépenses totales pour la gestion de l’eau en 2023, elles ont été évaluées à 567 millions de dinars, soit environ 1,5 million de dinars par jour. La SONEDE (Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux) a également dépensé 172 millions de dinars pour l’énergie nécessaire au traitement et à la distribution de l’eau, soit 471 000 dinars par jour. En parallèle, le dessalement de l’eau de mer a atteint 50 000 mètres cubes en 2023, et il est prévu d’atteindre 775 000 mètres cubes d’ici 2035.
Le nombre de puits superficiels utilisés en Tunisie est de 114 294, fournissant 909 millions de mètres cubes d’eau. Toutefois, le nombre de puits profonds est de 48 762, dont seulement 16 187 sont autorisés. Les 32 575 puits restants sont illégaux, représentant une source de préoccupation pour la gestion durable des ressources en eau du pays.