
Chaque année, la célébration de cette fameuse journée s’est vue ainsi réduite à sa plus simple expression cérémoniale, allant de la parade vestimentaire aux shows festifs à petite échelle.
Ce dimanche, 16 mars, on célébre la Journée nationale de l’artisanat et de l’habit traditionnel. Cela fait 34 ans que l’on renoue avec ce rendez-vous bien inscrit dans le calendrier événementiel de l’année, sans lui donner plus d’ampleur. Sauf qu’un faux-semblant folklorique qui va de l’image à des paroles si pompeuses et déclarations à médias superposées, sur fond d’un vœu pieux.
De la parade vestimentaire..
Chaque année, la célébration de cette fameuse journée s’est vue ainsi réduite à sa plus simple expression cérémoniale, allant de la parade vestimentaire aux shows festifs à petite échelle. Force est de constater que des agents de bureau et des écoliers sont tout bonnement vêtus des habits traditionnels (jebbas, burnous..) et pris en photo pour, justement, des selfies réussis. Ainsi passée la Journée, sans être suivie d’effet. A vrai dire, on n’est pas sorti des sentiers battus. Et la promotion de ce secteur ancestral s’est toujours limitée à des manifestations et des campagnes de marketing et de sensibilisation, loin d’être étudiées en termes de rapport qualité-prix. Et encore moins d’évaluation régulièrement établie au niveau de la consommation du produit d’artisanat sur le marché local.
Alors, pourquoi célèbre-t-on cet évènement, si on ne s’arrête pas sur l’état des lieux de l’artisanat tunisien ? Aussi ce dernier a-t-il besoin d’une journée pour être commémoré. Surtout que l’on compte plus de 200 foires et salons par an, tant sur le plan national que régional. Et ce n’est que l’année dernière, faut-il le rappeler, que cette journée fut, pour la première fois, célébrée en grande pompe et rehaussée par la présence de tous les acteurs du secteur, dont notamment le ministère du Tourisme, l’Office national de l’artisanat (ONA), l’Utica, ainsi que certains membres du gouvernement en place. D’autant que nombre d’artisanes et d’artisans ont été, en effet, primés, en signe de récompense de leurs efforts et savoir-faire artistique. Aussi cette marque de reconnaissance aurait-elle, certes, renforcé leur confiancent eux-mêmes mais aussi les aider à allant de l’avant pour plus de rayonnement et d’investissement.
Au-delà d’une journée..!
Car, au-delà d’une journée largement célébrée, l’artisanat tunisien demeure le gagne-pain de quelque 300 mille artisans. Une activité authentique qui s’opère avec passion et beaucoup de doigté, voire un métier dépositaire d’imaginaire social et d’identité. En 2017, fut annoncé un plan de restructuration sur cinq ans, portant des axes majeurs relatifs essentiellement à la réforme juridique et institutionnelle du secteur, une stratégie de communication promotionnelle, formation-qualité et commercialisation. Or, ce plan est, depuis, resté en suspens, pour être relancé cinq ans plus tard, en 2022. Toutefois, on n’en sait rien, jusque-là, faute d’informations.
Cela dit, à chaque fois qu’on fête notre artisanat, chaque 16 mars, l’idée de sa réforme et d’innovation nous revient à l’esprit. Et l’on se pose, d’ailleurs, les mêmes questions récurrentes : pourquoi célèbre-t-on un fait sans nul effet ? Et quand nos artisans prennent leur envol, dotés des moyens nécessaires à franchir le cap de l’endettement et de la commercialisation ?