
La sécurité alimentaire est devenue, ces dernières années, un souci constant, tellement ses enjeux sont importants. Le nombre de personnes souffrant de la faim connaît justement des tendances haussières spectaculaires, se situant ainsi à des seuils inédits et préoccupants. On parle, en effet, de plus de 730 millions d’individus sous-alimentés. Une situation assez critique qui a amené la communauté internationale à multiplier les réflexions pour trouver des réponses à la fois positives et radicales.
Totalement concerné par ce fléau mondial, notre pays n’y est pas resté insensible, faisant de cette question une priorité nationale absolue.
Effet, totalement consciente que l’enjeu de la sécurité alimentaire repose avant tout sur une production agricole performante et durable, la Tunisie n’a cessé, depuis quelque temps, d’identifier de nouvelles démarches pour réinventer le système agricole avec l’ambition de mieux capitaliser sa production.
On se rappelle d’ailleurs que lors d’une séance de travail tenue en novembre 2024 au Palais de Carthage, le Chef de l’Etat avait ordonné le lancement d’un plan stratégique clair, basé surtout sur la prospection et l’anticipation, ce qui nous permettrait de bien réagir et de bien riposter en cas de crise.
Par ailleurs, on a assisté à de multiples et importantes dispositions qui ont porté essentiellement sur l’amélioration du rendement, la multiplication des chaînes de valeur, l’amélioration du niveau d’orientation technologique et la garantie progressive d’une offre agricole intelligente et durable. Sans parler, bien entendu, de la consolidation des investissements.
Le lancement récent, entre autres, du projet d’appui d’urgence à la sécurité alimentaire (Pausat), financé par la Banque mondiale, s’inscrit parfaitement dans cette nouvelle tendance, puisqu’il procède essentiellement du souci de garantir un bon approvisionnement en intrants agricoles et surtout en semences résilientes face aux chocs climatiques. Un tel projet ne manquera pas d’assurer une meilleure production agricole au double niveau qualitatif et quantitatif.
Toutefois, tout le monde en convient que la question de la sécurité alimentaire ne se limite pas seulement à la garantie d’une offre agricole de qualité, mais elle doit être associée également à un processus transformationnel fiable, c’est-à-dire une industrie agroalimentaire performante.
Une telle industrie a pour mérite non seulement de garantir la bonne préservation de notre production agricole, mais aussi et surtout de créer un stockage alimentaire stratégique et, pourquoi pas, d’assurer un meilleur niveau d’ouverture à l’international.
Certes, le secteur agroalimentaire national se comporte bien, mais il est encore loin de traduire au concret tout son potentiel, en raison surtout de l’incapacité de nos entreprises à gérer la concurrence des produits étrangers.
Pour faire face à un tel défi, il est nécessaire que notre secteur se dote de toute une chaîne de valeur intégrée et élargisse davantage ses investissements en termes de recherche et d’innovation.